Transition institutionnelle

La semaine qui s’annonce devrait permettre de franchir une étape importante dans le cadre de la transition institutionnelle dont nous sommes témoins depuis les élections générales du 7 novembre dernier. Après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement et PPS, nous avons assisté jeudi dernier au commencement d’une nouvelle session parlementaire.

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Pour les députés nouvellement élus, la séance de prestation de serment a été vécue comme une cérémonie d’initiation, avec le sentiment émouvant d’être investi dans une nouvelle aventure humaine et une nouvelle mission d’intérêt national. Il ne tient qu’à eux maintenant d’être à la hauteur des attentes de la population en s’inspirant non seulement du travail accompli, mais aussi d’apprendre des erreurs commises par leurs aînés. Ils n’ont d’ailleurs pour cela qu’à consacrer une bonne partie de leur temps à se documenter sur la dernière législature.

Il est un secret de polichinelle que cette semaine devrait voir de nouveaux visages à la présidence de la République. Les noms des nouveaux locataires de la State house ainsi que celui du nouveau vice-président devraient normalement être entérinés par l’Assemblée nationale lors de la prochaine séance parlementaire le 2 novembre prochain. La population s’attend à voir des personnalités indépendantes ayant l’envergure nécessaire, non seulement pour être les gardiens de la Constitution, mais également pour symboliser le vivre-ensemble mauricien et projeter dignement l’image du pays à l’étranger. Depuis la démission d’Ameenah Gurib-Fakim en mars 2018, le pays est sans président en titre. Cette dernière avait bien commencé sa mission mais avait du partir pour des raisons qui seront déterminées par la commission d’enquête instituée par le gouvernement. Là encore, son successeur aura des leçons à apprendre. Le vice-président Barlen Vyapoory, un parfait gentleman, aura assuré la suppléance avec discrétion et entrera dans l’histoire comme celui qui aura fait l’intérim pendant le plus longtemps.

Il devrait quitter la State house la semaine prochaine, à la demande du Premier ministre, comme il l’a lui-même annoncé. À tort ou à raison, cette annonce en a fait sourciller plus d’uns, qui s’étonnent de la facilité avec laquelle il a cédé à la demande du Premier ministre. N’aura-t-il donc été qu’un “rubber stamp” pour les nominations et autres décisions pour le Premier ministre, malgré ses prérogatives présidentielles ? La question se pose et nous espérons que cela n’ait pas été le cas. Le choix du Premier ministre du président de la République est attendu avec intérêt.

Toujours au chapitre institutionnel, cette semaine, les partis de l’opposition devraient présenter leur pétition concernant les irrégularités constatées lors des dernières élections générales devant la Cour suprême, soit à quelques jours du délai légal prévu. On ignore à ce stade la forme que prendra cette ou ces pétition(s), mais elle devrait être connue bientôt. Ce n’est pas la première fois que de telles démarches sont entreprises devant la Cour suprême. C’est le droit de tout citoyen et de tout parti politique de demander l’éclairage ou de loger une contestation en cour lorsque certains éléments dont il est témoin ou pour lesquels il détient des preuves concrètes et, surtout, ce qui est le cas actuellement, lorsqu’un doute subsiste.

Quelle que soit l’issue de leurs démarches, on espère que le juge fera des commentaires constructifs concernant l’organisation des élections. Il est un fait que le commissaire électoral est un homme intègre et respectable, et sa compétence est reconnue non seulement à Maurice mais également dans la majorité des pays du Commonwealth. Toutefois, comme le disait si bien le défunt chanteur et poète Léonard Cohen dans sa magnifique chanson intitulée Anthems : « Forget the perfect offering. There is a crack, a crack in everything. That’s how the light gets in… ». Aujourd’hui, il est évident que les pouvoirs du commissaire électoral et de la commission électorale doivent être revus afin qu’ils aient les mains libres pour organiser d’une main de fer les élections générales. On se demande même s’ils ne devraient avoir un rôle plus actif à jouer dans la façon de fixer la date des élections tout en s’assurant qu’il y ait un équilibre entre ses pouvoirs et les prérogatives du Premier ministre. Ce qui est indéniable, c’est que la méthode d’enregistrement des électeurs doit être revue.

 

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