- Avec des coûts de Rs 1,2 M par jour, le ministre Ganoo ne confirme que 15 jours de « Free Service », soit de dimanche prochain jusqu’au 5 janvier
Opérer les Urbos 100 dernière génération de Metro Express coûte Rs 1,2 million par jour. Ce coût est perçu comme élevé pour accorder un mois de gratuité afin que le public puisse voyager à bord des quatre trains qui seront mis en circulation, en contradiction avec la promesse électorale du leader de L’Alliance Morisien, Pravind Jugnauth. Alors que la promesse qu’un mois gratuit sera offerte à la population a été répétée, il semblerait que le coût quotidien ait poussé Metro Express à revoir ses plans. D’où cette annonce du ministre du Transport intérieur et du Métro, Alan Ganoo, au siège de Metro Express Limited, à la SICOM : « Cela nous coûte Rs 1,2 million par jour. Nous avions voulu rendre le métro gratuit pour une certaine période, mais nous avons des contraintes et nous devons assurer un équilibre. D’où notre décision de rendre ce service gratuit pendant 15 jours. » Ce qui, pour les 15 jours annoncés, note un manque à gagner de Rs 18 millions.
Fier que ce qu’il avait annoncé s’est finalement réalisé, Metro Express entrera en opération avant la Noël, soit à partir de ce dimanche 22 décembre à 11h à la gare de Rose-Hill. Pour le premier jour d’opération, les quatre trains rouleront jusqu’à 19h et reprendront le service à partir de 7h le lendemain matin. Prévoyant déjà un gros flux de passagers du 22 décembre au 5 janvier, soit durant la période gratuite, Metro Express a commencé à distribuer depuis mercredi deux tickets par personne, les intéressés devant alors les retirer auprès de leur municipalité ou conseil de district, voire dans les différentes stations de Rose-Hill à Port-Louis.
Quinze points de distribution de tickets ont ainsi été retenus, soit les cinq municipalités, sept conseils de district et trois gares. Au total, 432 000 tickets seront distribués, chaque ticket étant valable pour un aller simple. Un ticket peut aussi néanmoins être demandé pour un aller-retour. « Nous distribuerons les cartes un peu partout dans le pays pour que public puisse voyager gratuitement », explique-t-il. Concernant le temps d’attente aux différentes stations, il ne sera pas long, soit de 15 minutes entre l’arrivée de chaque train.
À partir du 6 janvier, Metro Express commencera ses opérations payantes. Cependant, les usagers du métro recourant aux “Feeder Buses” pourront bénéficier de l’accès à ces derniers gratuitement pendant deux mois. Après quoi, ce service sera également payant, contrairement à ce qu’avait martelé l’ancien ministre des Infrastructures publiques et du Transport, Nando Bodha, qui avait affirmé que les “Feeder Buses” seront gratuits dans un rayon de 7 à 9 km de chaque gare.
Alan Ganoo précise que les passagers qui voyageront gratuitement en métro ne bénéficieront pas des “Feeder Buses”, le design du Feeder Bus Service n’étant en effet pas opérationnel pendant la période gratuite. L’Electronic Ticketing System, lui, sera opérationnel après la période gratuite.
Selon les calculs de MEL, 20 000 passagers voyageront chaque jour en métro, soit environ 2 400 passagers de moyenne par heure pour les quatre trains. Concernant le prix du ticket, ce dernier n’est pas encore défini, le Fare Review Committee se penchant toujours actuellement sur la question, selon le ministre. Le coût devrait toutefois être calqué sur le prix du ticket d’autobus.
Concernant les travaux d’infrastructures, selon Alan Ganoo, ceux-ci sont déjà terminés pour la Phase 1 du projet. « Tous les systèmes techniques pour assurer le bon processus sont en place », ajoute-t-il, avant d’énumérer les actions entreprises à ce sujet. Rappelant que les objectifs du projet sont de décongestionner le trafic et de soulager le public voyageur dans le corridor Curepipe/Port-Louis, il affirme que le métro s’intégrera aux systèmes de transport déjà existants à travers le pays. « Ce projet ajoutera à l’éclat et au lustre de tout le paysage urbain de l’île Maurice. »
Alan Ganoo, qui s’était montré très critique quant au projet Metro Express lorsqu’il était dans l’opposition, n’a cette fois pas manqué de souligner que le projet a progressé « on a fast track basis » et qu’il sera complété dans les échéances. « Je suis très content de m’associer à un tel projet », dit-il. Selon lui, le projet « aidera à régénérer les espaces urbains ». Et le ministre de croire que ce projet pourrait « servir d’exemple pour les pays de la région » de l’océan Indien, notant à ce propos que MEL a déjà reçu des délégations venues s’enquérir du projet.
Italcertifer : contrat résilié
Le contrat avec l’Independent Safety Assessor Italcertifer aura été de courte durée. Alors que l’assurance de cette compagnie indépendante était impatiemment attendue pour débuter les opérations du métro, son contrat avec MEL a été résilié le 15 novembre, et ce sur l’avis du bureau de l’Attorney General. Raison invoquée par Alan Ganoo : Italcertifer avait cessé à un certain moment de donner les renseignements que réclamaient MEL, poussant ainsi le gouvernement à lancer un autre appel d’offres afin de trouver un autre Independent Safety Assessor pouvant délivrer le fameux certificat. Et le 16 décembre, la compagnie singapourienne, Metro Transit Solutions l’a enfin donné.
La réalisation de lancer le Free Passager Service en décembre a poussé MEL à trouver un autre Independent Safety Assessor grâce à un Emergency Procurement. L’Independent Safety Assessor, selon Das Mootanah, CEO de Metro Express Ltd, a considéré plusieurs éléments avant d’offrir le certificat, dont les employés de MEL, en particulier les Train Captains, les procédés et toute l’infrastructure. « Ils ont vu que le système est “safe” pour que les passagers puissent maintenant voyager », dit-il. Alan Ganoo précise que si ce certificat a accusé du retard, c’est en raison du temps pris par les consultants dans leur exercice.
Le certificat a été envoyé à Das Mootanah, lequel explique notamment que « there is no major concern and we recommend that the MRLT system is safe for normal operations and revenue passager service ». Pour rappel, le dernier service ferroviaire pour le déplacement de personnes à Maurice remonte au 31 mars 1956, soit il y a… 63 ans.
Opérations « long awaited »
Expliquant les différentes étapes du projet, le CEO de Metro Express Ltd, Das Mootanah, avance : « Aucun projet au monde long de 12,4 kilomètres de rails n’a pu se terminer en ce temps record. Les opérations étaient “long awaited”. » Le projet, cependant, ne s’est pas déroulé sans embûches, notamment du fait de l’obligation de trouver les Train Captains nécessaires. Problème cependant réglé puisque 19 Train Captains (dont un Indien et un Sud-Africain) ont depuis été formés par la firme singapourienne SMRT. À noter que certains Train Captains s’étaient rendus au ministère du Travail en vue de dénoncer leurs conditions de travail, mais il semblerait qu’ils soient revenus à de meilleurs sentiments après des discussions avec le département des ressources humaines de MEL.
Par ailleurs, s’agissant de la deuxième phase du projet, soit de Curepipe à Rose-Hill, Alan Ganoo concède que celle-ci est complexe et que le gouvernement devra effectuer de nouvelles acquisitions de terres à cet effet. Déviations et autres inconvénients sont aussi à prévoir, dit-il. « Nous sommes confiants que nous terminerons la deuxième phase dans les échéances », soit en 2021. À savoir que le projet, évalué à Rs 18,8 milliards, ne comprend pas la valeur de l’acquisition des terres et que 15 000 personnes ont voyagé à ce jour à bord des trains lors des “trial runs”. À noter pour conclure que, dans le cadre du lancement des opérations du métro, un timbre commémoratif a été lancé mercredi dernier.