TRANSPORT — Reprise des activités : Les opérateurs d’autobus « pe roul lor zant »

Des chauffeurs et receveurs font preuve de réticence à se faire vacciner

- Publicité -

Elles ont commencé à opérer sur la base d’un Skeleton Service depuis le 15 mars pour assurer le transport des passagers. Les compagnies d’autobus, qui souffrent déjà d’une baisse de revenus et de passagers depuis le dernier confinement, voient leur situation se dégrader davantage. Ce deuxième confinement affecte grandement les opérateurs au point où « zotte pe toul lor zant ». Ils ne prévoient pas une reprise dans leurs activités jusqu’à la fin de cette année.

Ses dessertes ne sont pas nombreuses comme d’autres compagnies d’autobus, mais une baisse de ses revenus et du nombre de passagers était déjà prévue depuis l’annonce du confinement. Le directeur de la Mauritian Bus Transport (MBT), Uday Raj Gujadhur, doit conjuguer avec vents et marées afin d’assurer la continuité de ses activités et répondre à la demande du public. « Nous avons amalgamé certaines dessertes et un seul autobus fait tout le trajet. Nous couvrons le maximum de régions », souligne-t-il.

Cette stratégie permet à la compagnie de réduire ses coûts d’opération à cause de la baisse des passagers. Les finances de la compagnie ne sont pas à un niveau confortable depuis le premier confinement. Des fonds ont dû être puisés de ses caisses pour assurer la désinfection des autobus.
Ce scénario se répète à nouveau pour ce deuxième confinement. Ainsi, du gel désinfectant est acheté pour être placé dans tous les autobus. Le nettoyage se fait plus régulièrement, augmentant la facture de l’eau, contre un seul qui se faisait le soir auparavant. « C’est un coût additionnel, surtout que nous n’avons plus de revenus. Mais nous le faisons dans un élan de solidarité pour assurer le fonctionnement de l’économie. Mais nous n’avons pas le choix », dira le directeur général.

Une baisse du nombre de ses passagers avait été notée suite au premier confinement. Certains passagers ont cessé de voyager par autobus. D’autres qui n’ont pas un moyen de transport ont dû continuer de prendre les autobus. En attendant la fin du confinement actuel qui devrait arriver dans un mois, il croit que ceux n’ayant pas le choix devront voyager à nouveau dans les autobus.

Afin d’aider le pays dans la lutte contre la propagation de la COVID-19, selon lui, la MBT n’offre plus la desserte vers Jumbo de Riche-Terre et vers l’hôpital du Nord. « Cela pour décourager les gens d’aller vers le supermarché. Nous n’offrons pas le service vers les hôpitaux. Toutefois, ils auront les autobus sur les dessertes normales », a-t-il dit. Une fois le confinement levé, ces dessertes seront à nouveau opérationnelles.
Depuis que les opérations ont démarré à nouveau, selon Uday Raj Gujadhur, tout se passe normalement, et ceux détenant de Work Access Permit ont le droit de faire le déplacement. Pour son démarrage, une flotte minimale est déployée pour « assurer qu’il n’y a pas d’abus de la part des habitants de la région où se situe la compagnie pour qu’ils ne voyagent pas inutilement ».

Une hausse du nombre d’autobus qu’il a mis sur les routes a eu lieu depuis la semaine dernière, en raison de la tenue des examens des élèves du School Certificate, du Higher School Certificate ou du National Certificate of Education. À partir du 1er avril, la flotte a aussi augmenté légèrement. Selon le directeur général, c’est une flotte « raisonnable » pour assurer que ceux qui attendent l’autobus pour se rendre au travail ne s’inquiètent pas. Un service assez régulier est offert le matin et les après-midi. Durant les heures creuses, le nombre d’autobus baisse sur les routes. En ce moment, sept autobus sont destinés pour les élèves et 13 pour le public. Le nombre d’autobus est maintenu à dix les après-midi.

Pour assurer que les règles imposées soient respectées et pour maintenir la sécurité sanitaire, le directeur général fait part que des directives ont été données aux chauffeurs et aux receveurs. Ces derniers doivent veiller que la distanciation physique, le port du masque et l’application du gel hydroalcoolique soient respectés par chaque passager. « À ce jour, nous n’avons obtenu aucune plainte. Les passagers portent leur masque et désinfectent leurs mains en entrant dans l’autobus. À notre niveau, nous avons des personnes qui désinfectent les autobus après chaque trajet », a-t-il dit.

Dans un souci d’assurer leur santé et celle des passagers, il a fait ressortir qu’une partie de ces chauffeurs et receveurs ont déjà fait leur vaccin. À ce jour, 50% de cette catégorie d’employés ont déjà eu leur première dose de vaccin contre la COVID-19. Il a assuré qu’un autre groupe ira se faire vacciner mercredi prochain. Toutefois, selon Uday Raj Gujadhur, le vaccin n’est imposé à aucun employé. Les employés vont le faire de leur propre gré. « Ce vaccin est en leur faveur, étant donné qu’ils sont des frontliners car ils rencontrent différentes personnes tout au long de la journée. Nous les encourageons à le faire et ils ont répondu positivement », se réjouit le directeur.

Mais pour Uday Raj Gujadhur, la compagnie n’éprouve pas autant de difficultés dans la gestion des autobus pour les élèves et le public. La raison est que ses dessertes sont bien organisées. Les élèves se trouvent principalement à Montagne-Longue. Les élèves d’autres écoles, notamment à Goodlands, Triolet, Ilot et Port-Louis obtiennent leur autobus tous les matins.

Pour sa part, malgré sa situation financière difficile, l’United Bus Service essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau. « Durant la période de Lockdown, on faisait rouler entre 35 et 45 autobus par jour et les recettes n’étaient que de Rs 40 000 alors que le coût du diesel était de Rs 125 000 à Rs 150 000. À partir de jeudi dernier, nous avons obtenu Rs 175 000 de recettes et nous avons mis sur routes 175 autobus. Pour ce jour particulier, nous avons dépensé Rs 450 000 pour le diesel. C’est difficile à manœuvrer, mais je comprends aussi les gens. Ils ne peuvent pas sortir », déclare Mohamed Haji Adam, directeur financier de la compagnie d’autobus.

Lors du démarrage de ses opérations le 15 mars, soit la période avant les examens, l’UBS avait mis sur route entre 35 et 45 autobus. Une fois les examens ont démarré, le nombre d’autobus est passé à 150 par jour. Des 150 autobus, une partie était dédiée uniquement aux élèves qui prennent part aux examens. Ces autobus, a dit Mohamed Haji Adam, entrent aussi dans la zone rouge. Une fois les trajets accomplis, les autobus retournent au garage pour être désinfectés. « C’est un exercice délicat à faire. Il faudra être très méticuleux dans le nettoyage », a-t-il dit.
Cette désinfection est primordiale pour que les autobus soient remis sur les routes le lendemain. « C’est une période difficile », concède-t-il. En ce moment, 200 autobus sont sur les routes pour répondre à la demande du public et des élèves. Sur les routes normales, les autobus sont principalement vides mais pour le directeur financier, il faut assurer le service. « Nous devons respecter l’emploi du temps de la NLTA. Les autobus sont vides et cela n’augure rien de bon pour nous », a-t-il souligné.

Pour le directeur général d’UBS, Swaleh Ramjane, la compagnie avait démarré avec un Skeleton Service, et au fur et à mesure, le nombre d’autobus a augmenté. « Mais au début, nous n’avions pas de passagers », avoue-t-il. Les recettes quotidiennes ne parviennent pas à couvrir les dépenses du diesel de la compagnie. Et récemment, l’UBS perdait déjà Rs 150 000 en recettes et avec les dépenses pour le diesel. Toutefois, l’aide du gouvernement, notamment le paiement du transport gratuit et le Wage Assistance Scheme, permet à la compagnie de respirer.
La situation est aussi très difficile pour la compagnie Triolet Bus Service. Depuis que les opérations ont démarré, le maximum d’autobus a été mis sur les routes, soit presque le même qu’avant la période de confinement. « Certains de nos autobus ne roulent qu’avec deux ou trois passagers », dira Viraj Nundlall, directeur de TBS. Certains autobus qui desservent certaines routes roulent sans aucun passager. « Nous roulons à perte », a-t-il dit, tout en précisant que les pertes sont énormes tous les jours. « Mais nous sommes obligés d’offrir le service », a-t-il fait ressortir tout en espérant que plus de personnes ont leur Work Access Permit pour retourner au travail.

Les dépenses de la compagnie ont aussi augmenté avec l’achat du gel désinfectant qu’il faut placer dans tous les autobus. La désinfection des autobus a aussi un coût additionnel affectant davantage les finances de la compagnie. La désinfection des autobus se fait tous les soirs lorsque l’autobus retourne au garage.

Mais pour mieux gérer les coûts, les autobus ne roulent pas à des intervalles réguliers durant les heures creuses. Viraj Nundlall a fait remarquer que le nombre de passagers avait chuté de 25% au premier confinement. Une fois que les activités reprendront normalement, il estime que la baisse sera plus de 25% et il craint que certains secteurs soient grandement touchés, influant ainsi directement sur sa compagnie. « Nos dépenses vont augmenter et nos revenus vont baisser », a-t-il dit. Et trouver une stratégie de relance n’est pas une affaire facile. De l’autre côté, la concurrence déloyale des vans et des voitures ‘‘marrons” affecte grandement les compagnies d’autobus.

Hésitation des chauffeurs et des receveurs à se faire vacciner

Leur travail est d’être en contact permanent avec le public voyageur. S’il est logique qu’ils doivent être vaccinés pour se protéger contre la COVID-19, la plupart des chauffeurs et receveurs de compagnie d’autobus hésitent à se faire vacciner. Leur attitude rend inquiets les directeurs des compagnies. Mais ces derniers se sentent incapables d’obliger les chauffeurs et les receveurs à se vacciner étant donné qu’aucune pression ne peut être exercée sur ces derniers.
Swaleh Ramjane, directeur général de la United Bus Service Ltd, note qu’une bonne partie de chauffeurs et de receveurs n’ont pas encore fait leur vaccin et sont un peu réticents. « Nous avons eu 400 vaccins de Business Mauritius. Lorsque nous avons demandé aux gens de le faire, ils ont refusé », regrette-t-il.
Selon le directeur général, leur vaccination est très importante. Des réunions se tiendront bientôt pour expliquer à ces derniers l’importance du vaccin. Mais il ne force pas ses employés à se faire vacciner, mais estime que c’est pour leur propre bien. Par ailleurs, les mécaniciens de la compagnie se sont fait vacciner. À peu près 80% des mécaniciens de l’UBS ont déjà été vaccinés.
Du côté de TBS, la situation est similaire. « Nous avons tout organisé pour les chauffeurs et les receveurs pour qu’ils puissent se faire vacciner. Mais nous n’avons pas de réponse positive de leur part », regrette le directeur général. Et d’affirmer que peu de chauffeurs et receveurs ont fait leur vaccin. Par contre, il note que ceux travaillant à l’atelier et dans l’administration se sont fait vacciner.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -