Troisième Guerre mondiale ou guerre des nerfs ?

Sommes-nous à la veille d’une 3e guerre mondiale ? Non, ce n’est pas de la science-fiction ou un film de Steven Spielberg. Alors qu’à Maurice les tiraillements, les ambitions et les ego surdimensionnés continuent de dominer l’actualité et la scène politique locale, des nuages commencent à s’accumuler au niveau international auxquels nous aurions tort de ne pas nous intéresser. La crise syrienne, qui a déjà fait quelque 400 000 morts et plusieurs millions de réfugiés en sept ans, provoque une tension internationale qui menace de déboucher sur un embrasement mondial, voire une Troisième Guerre mondiale. Nous ne sommes en effet plus au niveau de la twito-diplomatie (la diplomatie à travers Twitter).

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Les principales grandes puissances européennes s’accordent désormais à reconnaître, avec le président américain Donald Trump, que la Syrie a dépassé la ligne rouge concernant l’utilisation de gaz toxiques et mérite une correction, laquelle pourrait prendre la forme d’une attaque sur ce pays. L’escalade verbale a franchi une nouvelle étape jeudi avec la déclaration du président français Emmanuel Macron, qui a affirmé que la France détient des preuves que des armes chimiques ont été utilisées par le régime de Bashar al-Assad contre la ville rebelle de Douma. Il estime ainsi qu’on ne peut laisser impunis des régimes qui se croient tout permis et sont en particulier en pire contravention du droit international.

Pour sa part, Theresa May, qui a réuni son cabinet jeudi, estime que « the use of chemical weapons must not go unchalenged ». Le secrétaire de l’Otan, lui, condamne l’utilisation d’armes chimique de façon ferme et considère que l’utilisation de telles armes à Douma est « horrible ».

La tension continue ainsi à monter entre, d’un côté, la Syrie et son allié russe et, de l’autre, les Etats-Unis de Donald Trump et ses principaux alliés occidentaux. Beaucoup d’observateurs internationaux s’accordent ainsi à dire que le risque n’a jamais été aussi réel. Tous se disent prêts à participer à des frappes aériennes éventuelles. D’autres pays, comme l’Allemagne et l’Italie, bien que ne participant pas aux actions militaires, sont également prêts à accorder leurs soutiens aux forces armées européennes.

La situation s’est détériorée le 7 avril lorsque des avions syriens auraient largué des bombes contenant du gaz toxique sur Douma, faisant une douzaine de morts. Toutefois, à ce stade, Moscou et Damas affirment que les accusations d’utilisation d’armes chimiques constituent un coup monté pour justifier une attaque contre la Syrie. La Russie se dit ainsi prête à contrer toute attaque qui ne serait pas conforme au droit international et à frapper la source d’où seraient partis les missiles. Outre la Russie, la Syrie bénéficie ouvertement du soutien de la Turquie et de l’Iran.

Personne ne sait jusque quand dureront cette guerre des nerfs et ce bras de fer entre les grandes puissances nucléaires. Pour le moment, le président Trump a annulé sa participation au sommet des Amériques afin de suivre de près la situation en Syrie. Le monde retient son souffle. Quelle forme prendra l’action occidentale ? D’où viendra l’attaque éventuelle contre la Syrie ? Et si l’attaque devait partir de Diego Garcia ?

Tout cela pour dire que Maurice ne peut rester indifférente par rapport à ce qui se passe en Syrie, à commencer sur le plan humain. Même si l’on souhaite que le pire soit évité, nous ne devons pas non plus ignorer qu’une dégradation de la situation dans ce pays pourrait avoir des effets catastrophiques sur notre économie, tenant en compte qu’une guerre entraînerait une hausse sensible des produits pétroliers alors que l’industrie touristique, elle, sera sérieusement menacée. Il ne serait en outre pas étonnant qu’elle ait des conséquences, du moins pour le moment, sur nos efforts en vue de récupérer les Chagos.
La diplomatie mauricienne devra agir avec prudence, notamment à l’occasion du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, où Maurice sera représentée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et où la question syrienne sera inévitablement évoquée.

Jean-Marc Poché

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