Le week-end dernier, Rodrigues s’apprêtait à accueillir avec sa convivialité et sa chaleur légendaires le Premier ministre, Pravind Jugnauth. L’occasion était des plus solennelles. C’était la première visite du chef du gouvernement depuis l’installation du nouveau gouvernement régional, après la défaite électorale de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR), qui caressait l’ambition d’une passe de trois à l’Assemblée régionale.
Le programme de cette visite officielle de 72 heures était des plus attrayants et prometteurs pour Rodrigues. Et ce, surtout après un passage en confinement dû au Covid-19, avec l’arrêt de toute connexion aérienne avec le monde extérieur en passant par Maurice, affectant le principal secteur d’activités économiques.
La Banque de Maurice, avec la pose de la première pierre de la Rodrigues House, laisse voir l’ambition de mettre définitivement Rodrigues sur orbite financière après 25 ans de présence Low Profile. La MBC est dorénavant en mesure de mettre à la disposition de ses abonnés 14 autres chaînes de télévision.
Sans oublier que la question sécuritaire n’a pas été occultée avec l’inauguration d’une nouvelle caserne de sapeurs-pompiers à Mon-Plaisir.Surtout, Rodrigues est désormais en mesure de mettre à la disposition des passagers au départ de nouvelles facilités dans un Departure Lounge rénové et une boutique hors taxes des plus achalandées. Des conditions idéales pour un retour à la normale. Le tout couronné par une séance spéciale de l’Assemblée régionale avec le Premier ministre s’adressant aux membres.
Sauf que le hic a été, contrairement aux attentes de la population de Rodrigues, par rapport à l’un des plus importants projets d’infrastructure, à savoir l’extension de la piste d’atterrissage de l’aéroport régional de Plane-Corail. Ce fut une douche froide dès que le Premier ministre avait posé le pied sur le sol à Rodrigues.
Tout un chacun s’attendait à prendre connaissance du calendrier du démarrage et de la livraison de cet important chantier d’ouverture sur le monde de l’ordre de Rs 6 milliards. Ce fut un choc que ce soit pour les décideurs politiques de l’île ou le Rodriguais du coin d’apprendre que l’Agence française de Développement (AFD), le principal bailleur de fonds des travaux à l’aéroport, avec une enveloppe de Rs 4 milliards, s’est désisté de la mise à exécution du projet.
Aussitôt cette annonce faite, Pravind Jugnauth s’est empressé de rassurer en avançant que Maurice ira de l’avant avec cette extension de la piste de Plaine-Corail. Même s’il faut contracter un emprunt de l’étranger. Déjà, l’Union européenne, dont fait partie la France, est citée en tant que substitut.
Avec le retrait de l’Agence française de Développement, ce qui n’est pas un cas de figure survenant tous les jours, le citoyen lambda voudrait savoir les raisons mises en avant par cette agence pour justifier cette démarche brutale. A Rodrigues comme à Maurice, l’on s’interroge encore.
Le Premier ministre a effleuré le volet environnemental du projet à cet effet à Port-Mathurin dimanche dernier. Est-ce la principale raison de ce retrait de l’AFD? Ou y a-t-il d’autres raisons derrière ce qui est perçu comme un affront sans équivoque aux Rodriguais, qui ont envie de savoir pourquoi la France les laisse tomber alors que son empreinte dans les différents aspects du quotidien dans l’île est bien présente.
Pour obvier à des spéculations en tous genres vus que c’est un High Profile Investment Project au sein de la république, et surtout à Rodrigues, le cas du retrait de l’AFD de ce projet constitue une occasion en or aux autorités pour adultérer un arrière-goût amer en venant de l’avant avec des explications.
Sans même se prévaloir des dispositions de l’Arlésienne politique de la Freedom of Information Act, les autorités compétentes ont tout à gagner en termes de transparence et de bonne gouvernance d’informer la population à Rodrigues et par extension de Maurice des dessous de ce décollage raté à l’aéroport régional de Plaine-Corail.
Les objections soulevées par l’AFD au point de se retirer du projet sont-elles aussi fondamentales ? Seront-elles tenues en ligne de compte dans le dossier de financement à d’autres bailleurs de fonds sollicités ?
En dépit de son appellation, la boîte noire, instrument aérien de premier ordre dans le cockpit d’un avion, révèle toujours ses secrets en toute situation de May Day…