Une question de modèles…

KERSLEY CHOWRIMOOTOO

Que celui qui n’a jamais fauté me jette la première pierre! Rassurez-vous, je ne suis point sur le point d’essayer de vous convertir, du moins pas religieusement. Nous avons, pendant des millénaires, créé des héros, des épitomes de sagesse, de noblesse ou même de perfection. Ces héros légendaires, des modèles à suivre, se font rares.

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Notre société est complexe, sans pitié et cela nous pousse vers la consommation et la compétition. L’ego a toujours plus faim. Faut-il devenir milliardaire pour réussir ? Le succès se mesure-t-il en des termes matériels ? Si je vous demande de me citer vos modèles, aurais-je droit à des Jeff Bezos, Richard Bronson, Bill Gates, Jack Ma ou à des Marcus Rashford, Zlatan Ibrahimovich, Kylie Jenner, Nicki Minaj ou autres ?

Revenons au pays du dodo, où nous avons un grand besoin de modèles. Qu’est-ce qui fait d’un modèle un exemple à suivre ? Qu’est-ce qui prouve que nous avons réussi ? Notre fortune, notre niveau de popularité, notre nombre d’amis sur Facebook, ou même le nombre de personnes nous reconnaissant dans la rue ?

Je vous propose aujourd’hui de me suivre dans la déconstruction des modèles dominants dans notre société contemporaine. Notre société a souvent fait passer nos politiciens pour des modèles, à tel point que certains font de la politique sur le dos du social.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ces bergers que ces moutons suivent aveuglément. Avec notre fâcheuse tendance à modéliser, voire à idolâtrer nos politiciens, nous nous retrouvons dans de beaux draps. Et oui, avec un nombre de premiers ministrables restreint et une classe politique vieillissante, nous pouvons dire que nos modèles classiques commencent à se faire rares. Ajoutons à cela de jeunes opportunistes qui embrassent une carrière politique et qui ne font pas forcément briller le pays, nos plus jeunes ne savent plus à quel modèle se conformer. Pour guider nos jeunes, je propose que nous changions de point de vue et que nous déconstruisions le modèle par excellence de la société mauricienne contemporaine.

Dans un monde rempli d’humains, mais où l’humanité se fait rare, retournons vers les bases. Je vous propose des modèles terre-à-terre, et surtout, des modèles à notre image; imparfaits comme les humains que nous sommes. Je vous propose de modéliser des valeurs, telles que le courage, la persévérance et le travail acharné.

Principe de dualité oblige; après la déconstruction vient la reconstruction. Je vous invite à reconstruire de nouveaux modèles. Je ne vous parle pas de gagnants de pseudo-concours de popularité, mais plutôt de gens simples qui bossent dur ; de gens qui n’ont pas forcément des millions en banque ou des milliers d’amis sur Facebook. Je vous parle de gens simples, qui obtiennent leurs diplômes à 32 ans et qui bossent en soirée pour pouvoir se l’offrir. Je vous parle des gens qui, à défaut d’être représentés sur les pièces de monnaie, seront à jamais gravés dans nos cœurs et nos esprits. Je vous parle de personnes vivantes, imparfaites, travailleuses, et surtout, méritantes. Je vous parle d’un monde où nos pièces auraient sur elles les visages d’une certaine Noemi Alphonse, d’un certain Bruno Julie, de Menwar, de Jack Bizlall, d’un certain Vinesh Hookoomsing, d’un Dev Virahsawmy ou même de Ton Siven ou Mame Gaby.

Mais mieux encore, je vous parle d’une société qui valorise des gens de proximité. Un policier, une enseignante, un voisin, un adolescent, un élève, ma meilleure amie ou même un sans-abri, car admirer quelqu’un ne veut pas dire tout prendre de lui, mais uniquement le positif. Aux modèles sans public, aux modèles dont l’histoire ne se souviendra pas, n’en déplaise à Merton, je vous revaudrai cela.

Crédit photo : Umar Timol

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