Vaccins : l’Inde montre la voie

Alors que pas plus tard que la semaine dernière le président de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, dénonçait avec force l’égoïsme des pays riches qui s’approprient des vaccins au détriment des pays les plus pauvres, l’Inde a montré la voie cette semaine en consacrant 2% des vaccins produits dans ce pays aux plus pauvres. Parmi les premiers bénéficiaires figurent les pays amis dont le Bhoutan, les Maldives, le Bangladesh, le Népal, Myanmar, les Seychelles, Maurice et le Sri Lanka. Dans les milieux diplomatiques mauriciens, on parle de « vaccine diplomacy » avec l’Inde contrôlant la zone indo-pacifique et l’Afrique, les États-Unis avec Pfizer et Moderna contrôlant les continents américains et européens, la Chine couvrant la région du Moyen-Orient et l’Amérique latine et la Russie s’intéressant également à l’Amérique latine et une partie de l’Afrique.
Pour ce qui nous concerne, c’est donc grâce à l’Inde qui nous a fait un don de 100 000 doses de vaccin que nous pourrions donner le coup d’envoi de notre campagne de vaccination en commençant par quelque 50 000 “frontliners” à Maurice. On attend qu’une nouvelle cargaison de 100 000 doses achetées cette fois par le gouvernement mauricien arrive à la fin de février alors qu’une autre cargaison est attendue à la fin de mars. Ce qui constitue un véritable signe d’espoir pour Maurice d’autant plus le Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo, affirmait jeudi « qu’il n’y aura pas d’ouverture de frontières sans vaccins ». L’arrivée des vaccins a été accueillie comme une bouffée d’air frais par les opérateurs hôteliers et touristiques. Jean Michel Pitot de l’AHRIM dira que le « plus tôt on pourra immuniser la population, le plus tôt on pourra procéder à une ouverture générale du pays. » François Eynaud devait abonder dans le même sens. Outre l’approvisionnement des vaccins de l’Inde, le gouvernement s’attend à recevoir graduellement la commande de 240 000 doses de vaccins à travers Covax-OMS. On parle également d’une commande d’un million de doses auprès de Pfizer, Maurice ayant déjà une culture de vaccin. Quelque 200 000 personnes sont vaccinées annuellement. La bataille contre la COVID-19 devrait bien se passer.
L’autre événement positif intervenu cette semaine a été l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Mais si sa tâche s’annonce difficile, il a déjà pris une série de décisions annonciatrices d’un retour à la normale dans ce pays. Une des premières leçons qu’il a lui-même tirée lors de son installation jeudi est que « notre démocratie était fragile, mais la démocratie a gagné ». Dès le premier jour de sa présidence, il a déjà signé une série de décrets salutaires pour son pays et pour le monde portant, entre autres, sur la lutte contre la COVID-19, le soutien aux communautés défavorisées, les soins de santé, le retour dans l’accord de Paris concernant le changement climatique, le retour au sein de l’OMS où un leadership fort est nécessaire dans le combat contre la pandémie qui a bouleversé le monde.
À Maurice, la situation est loin d’être rose. Les récents crimes crapuleux, les attaques contre les piétons dans les rues, les cadavres retrouvés et le nombre de suicides enregistrés des derniers temps ont créé un sentiment trouble chez bon nombre de Mauriciens. Le genre d’attaque perpétrée contre Manan Fakoo, qui a des liens avec des partis politiques, ne fait pas partie de la culture mauricienne. On appréhende une détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. Un sentiment de peur gagne des Mauriciens. Il est bon que le commissaire de police Khemraj Servansing ait rassuré la population vendredi en affirmant que la situation est sous contrôle et en promettant que tout sera fait pour que la situation n’échappe pas au contrôle de la police et que les pyromanes qui sèment la zizanie à travers les réseaux sociaux seront rappelés à l’ordre. De plus, tout sera fait pour préserver l’unité nationale dans ce pays où le tissu social est fragile. La balle est désormais dans le camp du commissaire de police qui, comme on le sait, est investi de pouvoirs constitutionnels.

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