VÉCU—PATRICK KOUCHERAVY (ECONOMIC OFFICER À L’AMBASSADE US) : « Une ambiance spéciale que j’ai appris à attendre avec impatience »

Il se targue de sculpter lui-même le Jack-O’-Lantern, citrouille symbole, qui orne chaque Halloween sa maison familiale aux États-Unis ! Mais cette année, c’est dans le nord de Maurice que ce jeune Américain va célébrer cette fête particulière… Patrick Koucheravy, Economic Officer de l’ambassade US à Maurice, fils d’un militaire de carrière et qui a lui-même servi en Irak et en Afghanistan, se décline comme un digne fils du pays de l’oncle Sam où la tradition de Halloween est respectée scrupuleusement. Qu’il s’agisse de sa définition religieuse (marquant la veille de la Toussaint) ou sa partie « fun » (le « trick or treat » avec les enfants, déguisés, pour récolter les bonbons), Halloween, pour le jeune diplomate américain, « est un moment très spécial du calendrier. Halloween survient à un moment qui marque l’inter-saisons et cette ambiance à la fois un peu sinistre, un peu festive ont fait que j’ai appris à aimer et attendre cette fête avec impatience ».
Fils d’un militaire et ayant lui-même servi dans les rangs de la US Army en Afghanistan (2005) et en Irak (2006), Patrick Koucheravy — cela se sent à l’écouter évoquer comment lui et ses compatriotes américains célèbrent Halloween — adore ce moment spécial du calendrier. « Ma grand-mère avait une expression très visuelle pour parler de Halloween, explique le jeune diplomate en place depuis deux mois à Maurice, le regard figé dans ses souvenirs d’enfant. Elle trouvait que le jardin prenait alors “son visage triste” (ndlr : en français dans la conversation). J’ai toujours trouvé ça très… attirant. »
Comme pratiquement tous les enfants américains, Patrick Koucheravy a appris à aimer Halloween par le biais de son côté festif, certes, « et comme nous sommes une famille catholique, le côté religieux de la fête ne nous a pas échappé à moi et à mes frères, Thomas et Eric, et ma soeur Theresa. Depuis qu’on est petits, mes parents nous ont inculqué les bases de cette fête et nous l’avons perpétué dans le temps… » Désormais, Patrick Koucheravy transmet ces mêmes valeurs à sa fillette de 4 ans, Carys (voir plus loin).
À l’entendre évoquer ses célébrations d’Halloween passées en Amérique, rappelant au passage que « quand on vient d’une famille de militaires, on n’a pas vraiment de chez soi, puisqu’on changeait de ville et d’état selon les différents postings de mon père… », Patrick Koucheravy explique ne pas avoir « une Halloween spéciale dans mon coeur, car quasiment chaque année, c’était une nouvelle attente, un nouveau plaisir… » Pour le jeune trentenaire, cette fête, qui a désormais pris une place dans le calendrier des festivités à Maurice mais sans revêtir toute sa connotation religieuse, toutefois, marque pour lui une date importante et attendue du calendrier. « Il y a à la fois un côté festif et un côté surnaturel, estime P. Koucheravy. Et comme de nature je suis quelqu’un qui aime les mystères et tout ce qui se rapporte à une certaine atmosphère qui oscille entre le glauque et les énigmes, pour moi, Halloween a graduellement pris une place de choix. C’est à la fois avec la période de l’inter-saisons, où les changements de température se font ressentir, et avec le côté un peu freaky, spooky de la fête, un jour bien spécial que j’ai appris à aimer et attendre impatiemment ! »
Satan à l’église
Les fêtes d’Halloween dans la région de New York, fin des eighties, plus précisément en 1989, alors qu’il avait 8 ans, semblent avoir marqué le jeune homme. Il se souvient notamment d’une année particulière quand son frère Thomas avait 4 ans et lui, 8. « Thomas s’était affublé d’un déguisement de Satan. Mais avant d’aller avec les amis du voisinage, pour la plupart des enfants d’autres militaires, pour la traditionnelle trick or treat (farce ou bonbons), nous devions aller à l’église pour la messe… »
Patrick Koucheravy s’était, lui, déguisé en ninja, avec une cagoule noire enfilée sur la tête, tandis que sa soeur Theresa avait décidé qu’elle serait une princesse. Thomas, lui, voulait être… Satan. Et le benjamin de la famille, Eric, allait les accompagner. « Ma mère avait expliqué à Thomas que ce ne serait pas trop bien vu de débarquer à l’église dans un déguisement rouge et noir, avec, en plus, les cornes de Satan. Que le prêtre risquait de ne pas être trop content, se souvient-il, le sourire aux lèvres. Mais Thomas n’en avait cure… » Au final, le jeune frère de Patrick Koucheravy avait accompagné sa famille à la messe, « dans sa tenue de Halloween ! C’est lui qui a eu le dernier mot… au grand dam de ma mère, Suzanne ! On a eu droit à quelques regards, évidemment ! Mais tout s’est bien passé ».
Les préparatifs entourant Halloween, certes, sont particuliers pour ceux qui vivent cette fête en Amérique. « De plus en plus, avance encore notre interlocuteur, la fête a pris une connotation plus laïque ; pratiquement tous les Américains, de toutes confessions, la célèbrent. Il n’y a qu’un groupe de personnes qui s’en abstiennent ; ce sont des gens qui prêtent un rituel satanique à la fête… Ce qui est assez déroutant ! » De même, un bon nombre des friandises qui sont données aux enfants qui vont de porte en porte le soir de Halloween pour le traditionnel trick or treat, sont des confiseries et des bonbons spécialement concoctés pour la fête. Il y a d’ailleurs les bonbons aux couleurs symboliques de la citrouille ; orange et striés de noir.
Pour Patrick Koucheravy, « la déclinaison religieuse de Halloween est très importante : c’est la veille de la Toussaint, il y a plusieurs croyances qui ont cours ; comme c’est le soir où les âmes sont de sortie… » Tout cela, ajouté au fait que cette période coïncide avec l’inter-saisons : « On ressent encore quelques bribes de l’été qui s’est achevé ; l’automne jette ses dernières feuilles dans une atmosphère qui oscille entre mélancolie et joie, et l’hiver s’annonce… Tout cela ensemble conjugue une atmosphère bien particulière, où il y a le côté frissons et glauque qui s’y mêle avec l’idée de fête… C’est tout cela que j’ai aimé découvrir et attendre, année après année », explique notre interlocuteur.
À thèmes
À mesure qu’il grandissait, Patrick Koucheravy a vécu des fêtes d’Halloween différentes. Passé le cap de l’enfance, bercé par les trick or treat, les déguisements et les processions avec les amis et entre frères et soeur, l’ado a trouvé d’autres « variantes » à la fête, qu’il a continué à nourrir en devenant jeune adulte. Les traditions associées à Halloween aux États-Unis comprennent aussi « des soirées cinéma avec la projection d’une série de films d’horreur, par exemple, continue notre interlocuteur. Ou des visites dans des maisons dites “hantées”. Il y a aussi des soirées entre potes, autour des thématiques spécifiques… » Lui, son truc, c’est « de créer une ambiance spéciale, avec des musiques comme celles des Misfits ou des Cramps ou encore de Sunn o))) … »
Cette année par contre, Patrick Koucheravy étant en poste à Maurice, « c’est parmi la communauté des Américains ici que nous allons fêter Halloween. Ce ne sera évidemment pas pareil comme au pays, mais pour que les enfants puissent s’amuser, on a planifié une petite fête qui leur fera certainement plaisir ». L’Américain se dit amusé et content d’apprendre que « les Mauriciens se sont appropriés partiellement de Halloween. C’est une belle fête… »

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