Vivre avec le virus : oui, mais à quel prix ?

La progression exponentielle des nouvelles contaminations au Covid-19, couplée surtout à l’autre augmentation, plus cruelle et alarmante celle-là, des décès causés par ce satané virus, n’en finissent évidemment pas de nous ficher la trouille. La psychose du Covid-19 est évidemment grave, principalement parce qu’il s’agit d’une maladie qui tue. Et même si beaucoup autour de nous se comportent de manière irresponsable et indisciplinée – masques mal portés ou pas portés du tout, « oubli » de l’usage de gels hydroalcooliques, et surtout, aucune distance physique dans les lieux publics –, cela n’empêche qu’un grand nombre de Mauriciens demeurent sceptiques, vigilants et prudents.

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La presse répercute, avec raison, les faits du jour relatifs à l’épidémie, surtout ceux où des manquements et failles sont notés. Comme ces décès non attribués au virus où, cependant, des proches et parents des victimes attestent qu’eux ou/et les décédés étaient porteurs du virus, et ont eu des complications ayant entraîné leur mort.

Cette psychose diminuerait certainement énormément si nos autorités jouaient franc jeu. Si les informations étaient communiquées de manière claire, précise et honnête, pour commencer. On le sait bien, pour ce qui est de la santé publique, la priorité est de prévenir et d’éduquer. Cela va du virus au vaccin en passant par l’épidémie, les mesures à prendre, les comportements à définir, les ajustements et attitudes à développer en conséquence, pour se protéger et protéger ceux qu’on aime, ainsi que ceux avec qui on travaille, on voyage, chez qui on achète son pain… bref, chacun autour de soi.

Mais au lieu de cela, les « communiqués » de l’irréductible tandem constitué de Kailesh Jagutpal, ministre de la Santé, et du Dr Zouberr Joomaye, consultant spécial auprès de LaKwizinn, oups, lapsus, du bureau du Premier ministre, s’apparentent davantage à des télégrammes on ne peut plus… lapidaires. L’ignorance engendre la frayeur et la peur; c’est avéré. Et plutôt que d’agir de manière mature et responsable, les chefs de Lakwizinn ont opté pour « leur » approche très spéciale, c’est-à-dire, un obscurantisme privilégiant fortement l’opacité. Résultat des courses : les seuls gagnants aux paris, ce sont eux. Puisqu’ils misent sur le cheval gagnant, soit notre peur panique, et peuvent ainsi nous faire avaler toutes les couleuvres imaginables !

Certainement, en peuple avisé, ayant compris que notre salut réside dans une reprise réfléchie et préparée de la vie économique et sociale de notre pays, rares sont ceux qui s’opposent à ne pas vouloir vivre avec le virus, et optent pour s’enfermer chez eux, pensant résister au virus. Seulement voilà, nos autorités nous demandent de « vivre avec le virus », alors qu’elles n’ont en fait préparé que les rudiments de cette “New Normal”. Bien sûr que nous n’attendons pas de nos gouvernants qu’ils nous “spoonfeed”. Ceux s’étant un tant soit peu documentés sur le sujet ont compris que le Covid-19, il faudra vivre avec pour encore beaucoup d’années. Que les vaccins aident, mais ne font pas de miracles. Qu’il y aura forcément des hospitalisations et des morts, hélas ! Mais comment faire pour réduire les dégâts ?

À défaut d’une campagne massive de conscientisation, qui aurait certainement aidé le peuple à mieux comprendre cette pandémie, couplée d’une série de mesures décourageant les mauvaises pratiques — verbaliser le non-port du masque n’est qu’un début —, le gouvernement a donc choisi l’option la moins compliquée ! Dans la même veine, l’idée de “self isolate” les malades les moins à risques chez eux est certainement bonne, mais mal élaborée. Au point que même les médecins s’y perdent.

Maurice, pays à vocation touristique, qui souhaite retrouver son lustre d’avant le Covid, risque bien de se casser royalement la figure s’il ne se prépare pas adéquatement. L’ouverture de nos frontières sonne tel le glas pour ceux qui sont conscients que ce gouvernement ne prend pas les bonnes mesures, mais agit symptomatiquement. La façon dont a été géré le premier trimestre scolaire catastrophique par le ministère de tutelle en est la preuve flagrante. Septembre sera-t-il le mois de tous les dangers ?

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