« VOX POPULI, VOX DEI »: Le temps d’une escale : “Honourable” “Padre” …

A peine atterri, il enchaîne les rencontres de haut niveau, tantôt en tête-à-tête, tantôt autour d’un repas dans les hauts. Demain il rencontrera peut-être l’ex-Président de la République et avant de repartir pour les States, pourquoi pas le fils… l’oncle et puisque nous y sommes, les cousins et cousines par alliance également. Je peux bien comprendre que par les temps qui courent, la locution latine « Vox Populi, vox Dei » est plus que d’actualité d’autant qu’elle accentue l’importance de la voix du peuple dans tout régime démocratique… Une voix quelque peu aboulique certes mais qui macère dans un bouillon qui commence à s’épaissir à en juger par les actions citoyennes de part et d’autre, et ce même si certains de leurs mentors devraient penser à passer un certificat d’authenticité. Bref, passons…
Ils ont donc parlé drogue, des squatters d’African Town, du sort des éleveurs de porc, de l’éducation et puis quoi encore ? En 2009, lorsqu’interrogé par un journaliste d’un quotidien en ligne sur sa présence dans un dîner entre deux dirigeants politiques créoles, il rétorquait avoir « été formé pour être à l’écoute des gens », ajoutant qu’il « écoute lorsqu’on me sollicite ». La présence d’un prêtre, disait-il, aurait pu garantir aux deux protagonistes en question « une oreille objective à cette soirée ». Ceci dit, en opérant quelques recherches sur le Net sur la foi et la politique, j’apprends que « l’apôtre Paul dans le Nouveau Testament invite le chrétien à prier pour les autorités politiques afin de mener une vie paisible et tranquille ». On aimerait tous croire à la bonne volonté du « padre ». Mais trois ans plus tard, alors que la marmite politique est en pleine ébullition, le revoilà qui frappe de nouveau.
Pardon. « Vox Populi, vox Dei » ou est-ce qu’on nous prend vraiment pour un « populus stupidus » ? Ou se cacherait-il derrière les préceptes de la théologie politique, laquelle selon une définition sommaire empruntée à Wikipédia, « se situe au point de rencontre entre philosophie politique et théologie chrétienne, et se penche en particulier sur la manière dont des concepts et des modes de pensée théologiques peuvent impliquer, justifier ou éclairer des analyses ou des engagements politiques, sociaux, économiques ou leur être sous-jacent. (…). » ? Si tel est le cas, je vois mal comment on peut mélanger les théories d’Eusèbe de Césarée ou de Carl Schmitt dans le saladier que nous sommes censés représenter. Au final, ou on est prêtre ou on est politicien. La reconversion n’est pas impossible. D’ailleurs, en décembre 2006, Fernando Lugo, ancien évêque de San Pedro au Paraguay annonçait sa candidature aux présidentielles de 2008. En 2007, en France, le prêtre catholique Jean-Marie Petitclerc fut désigné chef de mission au sein du cabinet de l’ex-ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin.
Oui, quelque part, nous faisons tous de la politique. Ma croyance ou ma foi ne devrait pas m’empêcher d’avoir un regard ou une opinion sur la chose politique. Mais lorsque le discours et la démarche et de surcroît d’un homme d’Église, s’imprègnent d’un ton syndical, j’estime que nous dépassons largement la neutralité. Nous entrons dans le domaine public. Devrait-on rappeler, que « d’une manière ou d’une autre il est clair que le prêtre ne doit jamais influencer quiconque sur le plan politique. Le prêtre qui fait connaître son opinion politique crée avec les catholiques qui pensent comme lui un lien qui n’a plus rien à voir avec ce qu’attend le Christ. Inversement, et du même coup, il éloigne de lui une part importante de catholiques… » ? Et selon le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres (1994) n°33, « Sa mission est au contraire d’unir les catholiques, quelles que soient leurs différences, politiques compris. “Le prêtre, serviteur de l’Église qui par son universalité et sa catholicité ne peut se lier à aucune contingence historique, se tiendra au-dessus de tout parti politique. Il ne peut pas prendre une part active dans des partis politiques ou dans les directions d’associations syndicales (…) En effet ces fonctions (…) peuvent constituer un grave danger de rupture de la communion ecclésiale” ».
Nota Bene !

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