WAHASHIO – NAUFRAGE : Soutien de l’Apostolat de la mer aux marins et pêcheurs

  • Père Jacques-Henri David : « Une évaluation sérieuse et scientifique de tous les dégâts en tenant compte de la dimension sociale pour tout plan de soutien et d’accompagnement »

Le Père Jacques-Henri David et Lindsay Meyepa, respectivement aumônier et directeur de l’Apostolat de la Mer, ont rendu visite aux marins du MV Wakashio à l’hôtel Saint-Georges à Port-Louis. Ils ont trouvé les marins en bonne santé mais affectés moralement par les événements de ces trois semaines. Cette organisation œuvrant pour le bien-être des gens de la mer attend un apaisement de la situation et une évaluation des dégâts pour élaborer son plan d’accompagnement pour les pêcheurs de la région.

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« Notre action n’est pas bruyante mais nous sommes sur le terrain. Avant que le bateau ne commence à déverser son fioul, nous étions sur les lieux pour écouter les doléances des habitants et des pêcheurs nous ont emmenés jusqu’au bateau. De ce que nous avons vu, on appréhendait déjà à cette date un drame écologique. Tou sa ki nou finn diskite avek bann peser e seki nou ti predir malerezman finn arive », confie le père Jacques-Henri David.

L’Apostolat de la mer souligne que sa mission est axée principalement sur le bien-être des gens de la mer et de leurs familles tant au plan matériel que spirituel et qu’elle apporte son soutien sans distinction de nationalité, de religion ou de sexe. Commentant cette catastrophe marine, les responsables de l’Apostolat de la mer constatent « trois drames », d’abord les marins du Wakashio, ensuite les pêcheurs de la région Sud-Est et l’écosystème marin et l’environnement de cette partie du pays.

« Il est réconfortant d’apprendre qu’on a pu pomper toute l’huile lourde du navire mais il faudra à présent réparer beaucoup de choses et c’est un gros travail qui attend tout le monde », prévient le père David. Et de souligner que l’Apostolat de la mer est « solidaire » avec tous ceux qui sont affectés par cette catastrophe écologique, ajoutant que la mer est le gagne-pain de nombreuses familles de la région. « Les pêcheurs ont déjà été affectés par la COVID-19 et cette tragédie écologique vient aggraver leur situation économique déjà difficile. D’après ce que j’ai compris, ils ne pourront pas pêcher dans les lagons avant plusieurs années et il faudra impérativement penser à un plan d’accompagnement et de soutien pour qu’ils puissent nourrir leurs familles », dit-il. Mais, selon lui, tout plan d’accompagnement ne pourra être élaboré qu’à partir des données « d’une évaluation sérieuse et scientifique de tous les dégâts » sur toute la région côtière affectée par la marée noire. Il est d’avis que cette évaluation doit avoir une dimension sociale. « Il y a des dégâts visibles et tangibles et d’autres qu’on ne voit pas mais qui sont tout aussi importants et que l’on ne doit pas ignorer », souligne l’aumônier.

Les responsables de l’Apostolat de la mer croient que tout « plan d’accompagnement doit être élaboré ensemble avec les pêcheurs » afin de s’assurer que les mesures envisagées correspondent réellement à leurs besoins pour leur permettre de sortir de cette épreuve. « Il y a encore beaucoup de tensions et beaucoup d’émotions. Ce plan doit être préparé dans la sérénité », estime-t-il, souhaitant un programme d’accompagnement tendant vers une forme d’autonomisation des pêcheurs et des familles. Si par exemple, explique-t-il, certaines familles expriment le désir de se tourner vers les activités agricoles ou vers l’élevage, il faudra leur donner la formation et les équipements nécessaires pour qu’ils démarrent sur de bonnes bases. Et dans le cas des pêcheurs qui voudront aller pêcher hors des lagons, ce sera l’occasion, a dit le Père David, de moderniser leurs activités professionnelles, car il leur faudra des équipements nettement plus performants.

Outre ce projet d’accompagnement des pêcheurs mauriciens, l’Apostolat de la Mer souligne son rôle d’accompagnateur auprès des marins du Wakashio. « Ce sont des travailleurs qui passent eux aussi par des moments difficiles et qui ont besoin d’être soutenus. Le mot-clé dans notre mission est l’accompagnement et nous allons les écouter », dit Lindsay Meyepa, le directeur de cette organisation. Les responsables de l’Apostolat de la Mer rappellent que le centre de Seafarers à Roche-Bois est ouvert à tous les marins étrangers confrontés à des situations difficiles en mer. « Nous sommes prêts à les accueillir chez nous une fois les enquêtes policières bouclées et qu’ils auront l’autorisation de la police de sortir de leur centre d’hébergement » ajoute Lindsay Meyepa.

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