WATERPARK : Le sauveteur est resté figé et semblait désespéré, selon Priscilla Lionet

« Lorsque Dylan Dennemont (14 ans) s’est écroulé, j’ai placé son corps sur le côté gauche et pratiqué le bouche à bouche et un début de massage cardiaque ». C’est ce qu’a déclaré en substance une des responsables de l’école préprimaire Le Petit Marin, Priscilla Lionet, hier après-midi à la Commission d’enquête instituée sur les deux cas de noyades survenus en moins de 15 jours au Waterpark & Leisure Village, coûtant la vie à deux mineurs. Selon la directrice de l’école préprimaire, lorsqu’un sauveteur est venu, ce dernier est resté figé, semblait désespéré et ne pas savoir quoi faire alors que l’adolescent rendait l’âme.
Priscilla Lionet a été appelée à témoigner devant la Commission d’enquête qui siège depuis la semaine dernière à la New Court House. Dans ce deuxième cas de noyade, survenu le 10 octobre, Dylan Dennemont, 14 ans, était venu au Waterpark alors qu’il accompagnait un parent dont l’enfant fréquente l’école lors d’une sortie de celle-ci au parc aquatique. L’adolescent avait consommé des pâtes avant d’effectuer une glissade sur le toboggan du Waterpark, appelé le multi-slides. Il devait s’écrouler à sa sortie de la piscine. L’autopsie pratiquée par la suite par le médecin légiste Harish Kumar Bachoo a attribué sa mort à une asphyxie due à la régurgitation du contenu de son estomac. Selon son témoignage, Priscilla Lionet a aperçu l’adolescent s’écrouler et s’est tout de suite précipitée vers lui. « J’ai commencé à crier “où sont les lifeguards”. Ils ont mis du temps pour venir », a-t-elle soutenu. C’est elle qui a pratiqué le bouche à bouche sur Dylan Dennemont. Selon elle, il n’y avait pas de secouriste sur place à ce moment précis… Elle a expliqué à la Commission comment elle a placé le corps de Dylan Dennemont en position latérale gauche, puis a vérifié son pouls et si le garçon respirait. Elle lui a ensuite tapé le dos et l’adolescent a commencé à vomir le contenu de son estomac, c’est à dire des macaronis. Lorsqu’elle lui faisait le bouche à bouche, un secouriste est venu. « Tout s’est passé tellement vite. C’était la panique », a-t-elle affirmé. Selon la responsable de l’école préprimaire, le sauveteur semblait désespéré et ne savait quoi faire. Il serait resté figé. Un first-aider est par la suite venu, muni de sa valise contenant les équipements de secours. Priscilla Lionet a auparavant expliqué avoir rappelé tout le long du trajet vers le Waterpark les consignes et les instructions de sécurité telles que le fait de ne pas manger juste avant d’aller dans l’eau.
La codirectrice du Centre d’éducation et de développement pour les enfants mauriciens (CEDEM), Shenaz Hossen Saheb, a également été entendue hier par la Commission d’enquête. Pour rappel, le 29 septembre dernier, la petite Briteney Joomun, 8 ans, était venue au parc aquatique de loisirs dans le cadre d’une sortie scolaire organisée par le CEDEM à laquelle ont pris part 15 enfants. Elle a été repêchée par sa mère dans la piscine pour enfants après avoir été victime d’une crise d’épilepsie. L’autopsie, pratiquée par le Police Medical Officer, le Dr Sheila Rampersad-Jankee, a attribué son décès à une asphyxie résultant d’une noyade.
Une fillette « joviale et forte »
La Commission a voulu connaître les procédures qui ont été suivies par le centre dans le cadre de l’organisation de cette sortie scolaire qui a viré au drame. La codirectrice a déclaré avoir expliqué aux parents que la responsabilité des enfants ce jour-là leur reviendrait exclusivement. Dans le cas de Briteney, cette dernière était accompagnée de deux adultes, en l’occurrence sa mère et le compagnon de cette dernière. Les responsabilités de l’école se limitaient à l’organisation de la sortie : transport, collecte des frais, la gestion de l’heure, a-t-elle fait comprendre à la Commission. Selon ce témoin, cela faisait deux ans que la petite Briteney n’avait pas eu de crise d’épilepsie et elle n’était pas sous médicaments.
Décrivant la fillette comme une enfant débrouillarde malgré son handicap, joviale et forte, la codirectrice du CEDEM a soutenu ne pas comprendre comment un tel drame a pu se produire. Elle a également rapporté à la Commission sa conversation avec la mère de la jeune victime quelques jours après l’incident. La mère lui aurait dit qu’elle devait se rendre aux toilettes et qu’après à peine quelques pas, elle s’est retournée pour jeter un oeil sur sa fille et l’a vue sur le ventre dans l’eau. À ce moment précis de l’audition, la magistrate Shameem Hamtuh-Lauloo, qui préside la Commission d’enquête, a produit une photo où l’on aperçoit Briteney dans la Kid’s Pool et tout près d’elle un garçon que la codirectrice du CEDEM a identifié comme un des élèves du centre participant à la sortie. La magistrate convoquera cet enfant et ses parents en Cour comme témoins. Autre détail mentionné par la codirectrice du CEDEM : le compagnon de la mère ne se trouvait pas près de la piscine lorsque le drame est survenu. L’une des choses qui étonne les membres de la Commission depuis le début des auditions est qu’aucun témoin n’est en mesure de dire combien de temps la petite Briteney est restée dans l’eau et combien de temps après sa noyade sa mère est-elle venue retirer son corps de la piscine.
Audition des parents vendredi
Viraj Ramharai de la Surf Life Saving Association a une nouvelle fois été entendu hier après-midi. Ce dernier a formé, il y a plusieurs années, les sauveteurs du Waterpark. Le président et Trainee Assistant de la Royal Life Saving Society, Dhiraz Dossieah, a également été entendu hier. Pour lui, la direction du Waterpark aurait dû le jour de la sortie du CEDEM, mettre davantage de sauveteurs à la disposition des visiteurs ; un strong swimmer aurait dû être constamment présent dans l’eau avec les enfants et un autre aux abords de la piscine afin de surveiller ces enfants présentant un handicap. À son avis, la température de l’eau, vu que la piscine du Waterpark n’est pas chauffée et que le drame s’est produit vers la fin de l’hiver, pourrait être un des facteurs ayant causé la crise d’épilepsie de la fillette. Percy Julien, ancien membre de la Royal Life Saving Society, qui avait soutenu à la presse que Briteney Joomun et Dylan Dennemont auraient pu être sauvés, a également été entendu en début d’audition.
Le Chief Life Guard du Waterpark, le Health & Safety Officer et un examinateur/formateur de la Royal Life Saving Society sont quant à eux entendus cet après-midi. Demain, ce sera au tour du Chief Medical Officer du ministère de la Santé qui donnera son avis de professionnel à plusieurs niveaux. La séance de vendredi sera cruciale avec l’audition prévue des parents de Briteney Joomun et de Dylan Dennemont. Les auditions se poursuivront la semaine prochaine avec les dépositions de visiteurs ayant déjà été victimes d’incidents ou d’accidents dans l’enceinte du parc. Parmi, Marie Stéphanie Joseph, qui a eu la mâchoire fracturée en janvier 2011 lors d’une sortie au Waterpark, ou encore Royco Nobin qui a eu le nez fracturé. La Commission entendra également Sarvesh Racktoo, qui a été victime d’une spinal injury. Ce dernier a logé un procès en Cour suprême, réclamant des dommages et intérêts de Rs 57 M au Waterpark. La Commission auditionnera également les proches d’une des personnes ayant trouvé la mort au Waterpark en mai 2006.

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