WHITE PAPER : Ramgoolam n’a pas réfléchi aux contradictions qui viendront après, a déclaré Jack Bizlall

Je me réjouis que le White Paper propose d’enlever cette obligation faite aux candidats aux élections de déclarer leur appartenance ethnique. C’est bien et c’était l’objectif des contestataires des élections de 2010 et qui a été par la suite suivi par Rezistans Ek Alternativ. Je note d’autre part que Navin Ramgoolam parle de démarches historiques en parlant de ce White Paper. Or c’est le temps qui nous permet de savoir si une démarche est entrée dans l’Histoire, en bien ou en mal.
Ce qui me laisse sur ma faim c’est que le White Paper laisse la représentativité des femmes à un tiers. Cela se comprend dans la mesure où on a laissé les circonscriptions telles quelles, avec chacune trois représentants, alors qu’entre la population de 1968 et celle d’aujourd’hui, le nombre d’électeurs a presque doublé, la configuration du pays a changé complètement et qu’il était grand temps d’augmenter le nombre de députés à l’Assemblée Nationale.
Le White Paper propose certes d’augmenter le nombre de députés par un minimum de huit, mais j’aurais souhaité que l’on augmente ce nombre par 32. Cela aurait justifié que l’on ait alors autant de femmes que d’hommes élus à l’Assemblée nationale. On blesse les femmes quand leur impose à l’Assemblée nationale une composante minoritaire, alors que dans le pays, elles sont majoritaires. C’est par conséquent antidémocratique.
Le White Paper de Navin Ramgoolam aurait pu proposer d’augmenter le nombre d’élus par circonscription à quatre au lieu de trois. L’élection de quatre députés par circonscription nous aurait permis d’atteindre la parité hommes/femmes à l’Assemblée nationale. C’est regrettable.
Ce qui m’attriste également, c’est que ce White Paper nous maintient totalement dans une configuration de démocratie indirecte. J’avais cru qu’on allait faire un grand bond en avant vers une démocratie directe et indirecte en renforçant l’élément référendaire dans nos élections. À chaque fois qu’on fait une élection on aurait pu alors poser un certain nombre de questions aux électeurs et leur donner ainsi la liberté de décider des grandes orientations nationales des axes de notre démocratie et de notre développement, entre autres.
Comme le White Paper n’a pas renforcé cet élément référendaire, nous continuons à laisser nos députés décider de nos grandes orientations nationales à notre place. Nous savons que la présente méthode n’a pas jusqu’ici donné les résultats escomptés, ce qui a provoqué par conséquent une dépolitisation grandissante de la population par rapport à ce qu’elle attend de ses députés à l’Assemblée Nationale.
Je note par ailleurs que le White Paper de Navin Ramgoolam propose de maintenir le système First Past The Post (FPTP) tout en introduisant une dose de représentativité proportionnelle. C’est ce que nous, au Mouvement Premier Mai, nous avons proposé. Nous ne voulions pas changer fondamentalement l’impact du système FPTP et venir avec une proportionnelle qui n’est pas restrictive.
Je prévois cependant que la dose de proportionnelle que propose le White Paper — qui reposera toujours sur un genre de Best Loser System — viendra diviser les partis politiques au moment du choix des candidats au niveau national. Les partis politiques vont alors exploser.
Le Mouvement Premier Mai a fait des propositions pour empêcher cela. Navin Ramgoolam n’a pas réfléchi au-delà de l’essentiel, c’est-à-dire, régler le problème légal soulevé par le Best Loser System. Il n’a pas réfléchi aux contradictions qui viendront après !

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