À cette jeunesse qui fait l’amour et la révolution

TANIA CASAVOOLOO

Pendant que l’on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir – d’avoir des tablettes de chocolat et du tabac dans nos armoires –, la jeunesse mauricienne et ses aïeux s’unissent en s’apprêtant de leur plus beau haut noir et leur jupe quatre couleurs. Ils se sont donné rendez-vous le 29 août 2020.

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Malgré les inquiétudes et les multiples tentatives d’intimidation, elle ne se laisse pas faire et décide de crier ses sentiments. On aurait beau dire que des émeutes ou des actes de violence auraient lieu, mais cette jeunesse qui ne connaissait pas Maurice en 1975 ne s’est pas laissée prendre par le découragement, a montré son engagement et a décidé de brandir haut et fort ses couleurs et ses valeurs ce samedi.

Bravant doutes et peurs, elle a envie d’un autre lendemain. Cette jeunesse est éduquée et instruite, et elle a accès à l’information. Elle a des racines qu’elle revendique tout comme sa vision de demain. Comme partout ailleurs, cette jeunesse mauricienne a des principes qui lui tiennent à cœur : l’environnement, le vivre-ensemble, de nouveaux contours aux principes de liberté et d’égalité, et elle possède d’autres outils pour les exercer. Cette jeunesse fait un tour sur elle-même pour mener vers une nouvelle évolution.

De la même manière qu’elle sait que les balais ne font pas kouchou-kouchou derier laport, elle sait en quoi consiste une démocratie et encore comment l’exercer. De la même manière qu’elle peut être séduite par un inconnu qui passe, elle sait se raccrocher à ses fondamentaux et les défendre. De la même manière, avant qu’elle accepte ou non de faire l’amour, elle exprime son consentement. Mais aujourd’hui, consentement il n’y a plus, semble-t-il. Dès lors elle décide : debout pour dire non.

Cette jeunesse n’a pas peur de faire part de ses sentiments. À travers ce tintamarre de cris, lorsque placé au milieu de cette foule, la seule chose que j’entends c’est mon cœur qui bat. Le sentiment qui domine, c’est l’amour. L’amour pour ses enfants, l’amour de ses frères et de ses sœurs mauriciens, l’amour de soi, l’amour pour son peuple, l’amour pour sa patrie, pour ses valeurs. À l’unisson, ils descendent dans les rues de la capitale, les cœurs mauriciens. Cette jeunesse fait l’amour et la révolution. Et elle n’a pas peur (de s’écrire ; ensemble, aujourd’hui ils dessinent ce qui deviendra histoire demain).

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