Questions d’un citoyen au Premier ministre

En tant que citoyen de la République de Maurice, j’ai droit à la protection de ma personne, de mon bien, de mon honneur, de ma vie privée, de ma dignité et de ma foi. Ce respect des droits, qui s’applique à tout Mauricien, est garanti par les lois du pays. En tant que Premier ministre et chef de l’exécutif gouvernemental, vous avez la responsabilité suprême de nous protéger dans le cadre de la Constitution de notre République. Vous avez été accusé publiquement, avec la plupart des citoyens d’ici et d’ailleurs comme témoins, d’avoir non seulement failli dans la protection de nos droits, mais plus gravement, d’en avoir été le principal responsable.

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1. Quelle sécurité nationale ?

Vous aviez mentionné la conduite d’un ‘survey’ pour raison de sécurité nationale. Personne jusqu’ici n’a remis en question cette pratique en soi. D’ailleurs, il suffit de mentionner ‘sécurité nationale’ pour que ce ne soit plus

possible d’en savoir davantage. Il vous incombe, maintenant, face aux accusations dont vous faites l’objet, d’apporter des preuves que la sécurité nationale serait, ou aurait été réellement menacée. Pourquoi alors aller vers le Premier ministre Modi, et personne d’autre ? Y-a-t-il toujours un danger, imminent peut-être, au point où que les procédures n’auraient pas pu être observées à l’époque ? L’intrusion en accédant aux données personnelles d’un citoyen, ou d’un organisme, ne peut être justifiée que si la sécurité nationale serait menacée ou pour des fins d’enquête criminelle, sinon comme prévue par la loi. Mais dans ces cas, les procédures existent et doivent être suivies strictement.

2. Y-a-t-il eu d’autres cas ?

Le témoignage de Sherry Singh est accablant car il faut se demander ce qu’il aurait pu faire, à votre demande ou non, aux temps où vos relations étaient normales, voire excellentes. Plus sérieuses que les promotions, nominations et autres interférences possibles, y aurait-il eu des cas auparavant impliquant ce même ‘third party’, sinon d’autres puissances ou entités étrangères ? Puisqu’il ne s’agit pas d’une question de politique partisane, aurait-il eu des cas similaires dans le passé, surtout au temps où certains se livraient à un certain ‘war

on terror’ ? Y-a-t-il eu des cas où sous couvert de ‘sécurité nationale’ des pratiques illégales auraient eu lieu pour servir les intérêts politiciens, financiers ou personnels de certains ?

3. Survey, data capture ou sniffing ?

Malgré les explications de part et d’autre, le flou demeure pour le citoyen lambda concernant l’exercice qui s’est vraiment déroulé pendant environ 6 heures à Baie-du-Jacotet. A-t-on pu accéder à son code bancaire, lire ses messages intimes, voir ses documents transmis à titre confidentiel ? A-t-on pu intercepter les connexions au sein du monde du global business ou entre les chancelleries diplomatiques ? L’intention était-elle de faire un ‘survey’ préliminaire avant de revenir avec une prise de contrôle du système par l’installation d’équipements de ‘sniffing’ ? Y-a-t-il eu vraiment trois tentatives d’intervenir sur le système du landing station, la dernière étant fructueuse sur les ‘links’ de Mauritius Telecom ? Les deux essais initiaux allégués, mais vains sur le câble SAFE, ne seraient-ils pas une attaque illégale sur le système du consortium, possiblement ayant laissé des traces ? Et que signifie exactement la ‘data capture’ alléguée et peut-on vérifier ce qui aurait été ainsi acquis exactement ?

4. Quelle est notre dette vis-à-vis de l’Inde ?

Incontournable dans ce cas est l’implication directe à travers vous du Premier ministre Narendra Modi. Quel est l’enjeu de sécurité nationale qui a nécessité ainsi l’engagement particulier de ce dernier ? Pourquoi lui, et pas un responsable officiel indien dont l’affaire relève de sa compétence ? En tant que citoyen de la République de Maurice, cette démarche doit me déranger personnellement sachant les antécédents du politicien Modi et de son parti. Il est choquant de savoir que c’est un technicien indien qui aurait insisté sur le besoin de connecter des appareils à Baie-du-Jacotet. Agirait-il dans l’intérêt de la République de Maurice ? Quand nous savons, par exemple, l’épisode Pegasus qui s’est déroulé en Inde, il devient vital que vous nous apportiez des éclaircissements et des réponses.

Si nous devons tout à notre chère Mother India, au nom de nos valeurs communes, il ne faut pas confondre les manigances de certains de ses dirigeants actuels avec la politique nationale mauricienne que nous devons défendre dans l’intérêt de notre République dans le respect des institutions. De toute manière, nous ne payons nullement notre dette envers l’Inde en embarrassant ainsi les autorités officielles de New Delhi.

Notre attachement à Mother India exige de nous une interaction avec ses représentants fondée sur des principes de bonne gouvernance, la dignité, la transparence, et la franchise. Avec une rigueur accrue dans la gestion de notre ligne de crédit financier auprès de l’Inde, car il y est aussi question de notre souveraineté et notre indépendance, c’est avec une telle approche empreinte de respect que nous saurons payer notre dette envers l’Inde. Tout au moins au niveau matériel, sinon autrement la Grande Péninsule demeura toujours comme une mère envers laquelle notre reconnaissance demeure éternelle.

M. le Premier Ministre, vos réponses à ces questions sont attendues car non seulement vous êtes accusé de n’avoir pas pu nous protéger, mais pire d’avoir été l’instigateur de cette violation alléguée avec des ramifications possiblement au plan international également.

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