L’indiscipline sur nos routes meurtrières

« La discipline pèse des onces tandis  que le regret pèse des tonnes » [Jim Rohn]

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Jacques Dinan

Véhicule en stationnement sur double lignes jaunes ; automobiliste accélérant à la vue d’un feu jaune et brûlant allègrement un feu rouge ; dépassement sur une ligne blanche continue ; motocycliste circulant, sans la moindre hésitation, dans le sens interdit d’une rue à sens unique ; voiture effectuant un demi-tour (U-turn) sur l’artère principale d’une de nos villes ;  piéton traversant l’autoroute à ses risques et périls – ce ne sont là que quelques exemples d’indiscipline et d’imprudence, parmi tant d’autres, que nous pouvons quotidiennement observer.

Le résultat est grave : plus de 150 morts sur nos routes depuis le 1er janvier dernier et à deux semaines du Nouvel An, soit quelque 12 décès pour 100 000 habitants en une année. Ce nombre est très élevé !

À titre de comparaison, ailleurs, selon les statistiques publiées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’année 2015, le nombre de décès sur les routes pour 100 000 habitants a été comme suit : 2,9 au Royaume-Uni ; 4,3 en Allemagne ; 5,1 en France ; 3,6 à Singapour et 8,6 aux Seychelles. À l’île Maurice, en cette même année 2015, le nombre de décès avait été de 12,2 pour 100 000 habitants. Il est clair que la sécurité routière, chez nous, laissait déjà beaucoup à désirer en 2015, et même avant, et qu’elle ne s’est guère améliorée depuis !

Il ne fait pas de doute que l’indiscipline sur nos routes est la cause de multiples imprudences qui ont pour résultats de nombreux accidents fatals. Une simple indiscipline, commise en une fraction de seconde, peut avoir des conséquences très graves et, hélas ! Entraîner des situations irréversibles que l’on ne cessera de regretter !
Alors que nous allons bientôt célébrer le 50e anniversaire de notre pays, ne pourrions-nous pas lancer une campagne bien ficelée de communication afin d’autodiscipliner le plus grand nombre possible des usagers de la route.

En effet, il s’agit tout d’abord d’éduquer et de motiver les enfants, les jeunes, les adultes ainsi que les personnes du troisième âge, afin de leur inculquer la nécessité de respecter le Code de la Route et les amener à changer de comportement non seulement pour leur propre sécurité, mais aussi pour la sécurité des autres usagers de la route. Inciter chacun à bien se conduire sur la route est une co-responsabilité que nous devrions tous partager !
Cette campagne aurait des objectifs bien précis établis à partir d’une analyse de la situation présente. Les divers publics concernés seraient clairement identifiés et des programmes d’action exécutés afin de changer le comportement de chacun de ces publics. À la fin de la campagne, son efficacité serait facilement évaluée à l’aide des statistiques relatives aux accidents de la route.

Certes, il n’est pas facile de changer le comportement de chaque individu au sein de notre population, car il y aura certainement des réfractaires.
Pour convaincre les plus réfractaires, il sera aussi nécessaire d’utiliser des moyens plus persuasifs.

Comment être plus persuasif auprès des réfractaires ? Que fait-on ailleurs pour y arriver ?
À Paris, par exemple, tout automobiliste se gardera bien de brûler un feu rouge afin de ne pas se faire siffler par un gardien de la paix agissant au sein des Compagnies républicaines de Sécurité (CRS). Il sait, en effet, qu’il devra payer cher pour toute infraction au Code de la route.

En Angleterre, dans les années 1970, les autorités avaient compris que la simple présence d’un “bobby” sur le bord de la route suffisait pour que tout automobiliste réduise la vitesse de son véhicule. Ainsi, les responsables de la sécurité routière, faute de pouvoir augmenter sensiblement le nombre de “bobbies” eurent même l’idée de placer, au bord des routes, des mannequins déguisés en agents des forces de l’ordre. Les résultats furent concluants car même les “bobbies” en carton ou en cire avaient ce pouvoir de dissuasion capable de ramener à la raison les automobilistes indisciplinés !

Cette capacité de dissuasion des forces de l’ordre en France, comme en Angleterre, devrait nous inspirer. Qu’en est-il à Maurice ?

Dans notre pays, les contraventions pour les infractions au Code de la route sont certes déjà nombreuses. Toutefois, il semblerait que ces contraventions ne soient pas suffisamment dissuasives ! Est-ce parce que, dans bien des cas, les infractions au Code de la route passent inaperçues, faute de la présence physique des forces de l’ordre et faute d’équipements de surveillance adéquats et intelligemment placés ?

Sans doute, les speed cameras, judicieusement placées, permettent déjà de réduire les excès de vitesse. Tant mieux, Mais, ne serait-il pas utile de placer des caméras afin d’aider à discipliner les usagers de la route en d’autres circonstances. Par exemple, pourquoi ne pas placer des caméras dans des endroits stratégiques, en ville et ailleurs, comme cela se fait à l’étranger, pour verbaliser les automobilistes coupables de stationnements interdits, de manœuvres dangereuses (U-turn, dépassement sur ligne blanche continue, entre autres) ?

L’investissement nécessaire pour l’installation de ces caméras pourrait être vite amorti par les contraventions que généreront ces caméras de surveillance !
Il est certain que dès que les usagers de la route prendront conscience de la présence de ces caméras qui surveillent leurs faits et gestes, un peu partout dans l’île, ils veilleront à s’autodiscipliner pour le bien de tous.

Ne serait-ce pas le prix à payer pour plus de sécurité sur nos routes ?
L’an 50 de notre île indépendante pourrait-il être l’occasion de l’institution d’une tolérance zéro par rapport aux infractions du Code de la route ?
La tâche sera difficile ! Mais, vouloir c’est pouvoir ! Where there’s a will, there’s a way!

JACQUES DINAN

 

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