Beryl Trupin: La belle envolée d’une magicienne d’exception

Magicienne dans l’âme et pas que sur scène, Beryl Trupin surprend. Elle a de l’élégance, le sens du professionnalisme, et surtout elle émerveille, panse les bleus de l’âme et fait retrouver à tous un regard d’enfant. Beryl se raconte avec dans la voix cette douceur qui la caractérise. Belle envolée pour un spectacle à couper le souffle…

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« Dis Beryl, tu pourrais faire un tour de magie pour faire disparaître ce méchant Covid et nous permettre de revoir nos amis de classe », lance une toute petite voix d’enfant à la magicienne.

Et, avec tout le sérieux du monde, Beryl répond : « J’y travaille sérieusement ! » Si Beryl peut se permettre des instants d’échanges magiques avec son public d’enfants, c’est que ces petits lui renvoient sa propre image de son enfance.

C’était au temps où son père, le célèbre Pathy Bad, directeur artistique du plus gros cabaret de France, l’ange bleu, scotchait la foule avec ses numéros de télépathie. De son père, Beryl raconte : « Il m’a transmis la télépathie à 15 ans, ainsi qu’à ma sœur, Jenny Morgane, directrice artistique de plusieurs établissements sur Bordeaux, également comédienne, meneuse de revue et magicienne de formation. Mon père faisait beaucoup d’hypnose et de la magie de scène. Quant à ma mère, elle excellait comme chanteuse de formation classique et aujourd’hui, elle est professeur de théâtre et de diction. »

Avec un parcours aussi riche entre deux mentors pour parents, Beryl, la « pierre précieuse », décide de devenir magicienne. Elle, c’est une enchanteresse de la scène. Sa démarche en filigrane, son regard de braise, et surtout ses numéros bluffants séduisent le public. Dans un métier peu reconnu et dominé par les hommes, Beryl s’accroche à son art. Aux derniers championnats de France organisés à Nancy, elle était l’une des quatre femmes à se présenter devant le jury, sur 35 participants et a été primée dans sa catégorie. Des championnats, elle en a cumulé de nombreux en passant par la FFAP (Fédération française des artistes prestidigitateurs) sur le plan national. Et à l’international, la FISM (Fédération internationale des sociétés magiques) dont les derniers championnats s’étaient tenus en juillet à Manresa, Espagne.

Beryl Trupin est d’avis que sa plus belle expérience en magie reste les championnats d’Europe qui lui ont valu un vrai parcours du combattant. « Il a fallu que je me challenge, croire en moi, aller au bout de mon art, au-delà de mes limites. Ma première compétition internationale a été si intense. La magie demande des années de préparation, dix heures de répétition par jour, un vrai dépassement en soi. Il faut un entourage solide qui accepte qu’on mette notre vie en parenthèse. Il faut aussi un appui financier solide pour se présenter aux championnats car il faut investir dans les ingénieurs, metteurs en scène. Cela permet aussi de développer des liens artistiques très forts. La magie, c’est aussi un vrai combat contre soi, pour ne pas sombrer, pour rester positif. Des années de travail pour un moment de scène, c’est fou comme métier ! »

Beryl raconte que lors des derniers championnats, il y avait 20 concurrents, et elle était la dernière en lice pour se produire. « C’est juste intense comme expérience artistique d’avoir des retours positifs, de vibrer avec le public simplement en présentant un tour de magie. C’est une expérience qui reste gravée dans ma mémoire et j’espère toujours en revivre d’autres. »

« L’art de rendre visible le merveilleux »

Son meilleur championnat à ce jour, Beryl arrive difficilement à le situer. « Je ne dirai pas qu’il y a eu un meilleur moment de championnat, on ne les vit pas de la même manière, mais quand on repart avec un prix, c’est encore plus incroyable. »
Il y a eu ainsi son dernier championnat français, en 2018, à Saint-Malo où elle est sortie en troisième position. En 2016, elle décroche aux championnats de Nancy la deuxième place. Elle a aussi gagné d’autres prix, notamment lors des festivals privés. On retiendra son premier prix et coup de cœur du public lors des Tremplins magiques 2019. « À chaque fois, j’ai eu envie de me dépasser. Il n’y a pas de meilleur championnat, juste un tremplin vers une version encore plus poussée de mes numéros de magie. Mon dernier championnat a été comme un dépassement de soi. »
La magie pour Beryl Trupin n’est pas éphémère. À ses yeux, l’illusionnisme, c’est l’art de rendre visible et possible, l’invisible, l’imaginaire et le merveilleux. Sur scène, elle se défoule, entre les ballons, les numéros de changements rapides de masques. Beryl est imbattable sur ses numéros et ne se prend nullement pour une étoile montante de la scène. « La métaphore avec l’étoile qui brille est ciselée de manière à permettre à l’artiste magicien d’apporter plus de bonheur aux gens à travers son souffle de magie. Le spectateur a alors des étoiles pleines les yeux et la magie reste dans l’ordre du domaine féerique. »
La magicienne reconnaît qu’il n’y a même pas 10% de femmes prestidigitatrices. « La magie, qu’elle soit au féminin ou au masculin, reste en fonction de la sensibilité de l’artiste. L’univers féminin des magiciennes n’a pas été pour autant exploité alors qu’on est capable de proposer encore plus de nouvelles choses. »

Rupture de ligament de l’os du coude

Beryl a eu la chance à travers les championnats de magie de France de rencontrer d’autres illusionnistes et de découvrir d’autres styles différents à travers cette palette de magiciens. Son préféré reste David Copperfield dont elle a vu le spectacle à Las Vegas. « Ce n’est pas qu’une légende, il est excellent et parvient à tenir sur la durée. Il y a aussi Éric Antoine, plus humoriste dans le genre. Et, mon mentor Hugues Protat, mon sensei de la magie, donc plus qu’un simple professeur. Il m’a transmis l’amour de la magie au-delà de la technique, autour de l’école de pensée de Jacques Delors. »
Des anecdotes de scène, la magicienne en a comme le jour où elle s’est vue confrontée à une rupture de ligament de l’os du coude à dix jours de son premier championnat international de magie de France. Elle n’était pas certaine de retrouver la mobilité de son coude et il lui a fallu réapprendre à marcher, à écrire, à mouvoir sa main avec un coude bloqué à 90°, ce qui la confinera à un an de repos hors de la scène. Son meilleur public demeure les enfants dont elle dit obtenir toujours des réactions de surprise et d’émerveillement.
Comme projets en cette rentrée 2022, Beryl veut faire une grande exposition au Caudan pour faire valoir son travail d’artiste et créer un festival de magie en 2022. Entre-temps, elle prépare un spectacle de ballons pour le jeune public d’ici mars.
L’artiste a aussi créé un spectacle autour de l’histoire de Maurice car, dit-elle, le but est que toute la jeunesse mauricienne puisse avoir accès à l’art. Avec autant de vecteurs d’émotions en jeu, Beryl, la magicienne d’exception, continue de charmer son auditoire par des numéros qui font oublier les affres du Covid. C »est de la magie !

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