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Culture-Musique : un album pour qui ?

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Culture-Musique : un album pour qui ?
Les Inkonus

Il est indéniable que la vente d’albums a constamment baissé ces dernières décennies. De 50,000 à 60,000, la vente dépasse de nos jours rarement les 10,000 exemplaires. Vente de copies illégales et partage à travers les nouvelles technologies sont principalement mis en cause pour expliquer cette situation. Les recettes provenant des ventes d’albums n’arrivent souvent pas à couvrir les frais de production.

À quoi cela sert de sortir un album aujourd’hui ? Des artistes et des producteurs nous apportent un début de réponse.

Artistes et producteurs sont unanimes : la vente de CD n’est plus un outil pour se faire de l’argent. “Il est rare qu’on arrive à rentabiliser un album de nos jours”, confie Alain Ramanisum. “Nepli kouma lontan. To pa kapav dir to investi Rs 100,000 to gagn Rs 800,000 dan vant albem”, souligne Désiré François.

Bruno Raya

 

Percy Yip Tong

“La musique n’est plus un business qui rapporte, en ce qu’il s’agit de la vente d’albums”, confirme Percy Yip Tong, producteur. “Gagner sa vie en vendant des albums n’est pas envisageable”, dit Caroline Jodun. “C’est très difficile de récupérer l’argent qu’on a investi à travers la vente”, affirme Jimmy Veerapin, producteur. “Il est très risqué de sortir un album ces temps-ci. Tu te dis que c’est plus judicieux d’investir cet argent dans un terrain”, analyse Bruno Raya.
Si l’on tient compte du coup de production d’un album, qui oscille entre Rs 200,000 et Rs 450,000 selon nos intervenants, il est clair que le pari est risqué.

Alain Ramanisum

D’autant que les chiffres de vente n’atteignent plus les sommets d’il y a une vingtaine d’années. Dans le passé, OSB et Cassiya écoulaient plus de 50,000 albums. De 50,000 à 60,000 albums vendus, on en est aujourd’hui de 5,000 à 6000, rarement plus. Sachez que le dernier album de Bruno Raya en 2012 s’est vendu à 10,000 exemplaires, celui d’Alain Ramanisum en 2016 à 5,000  exemplaires. L’opus de Mr Love en 2017 s’est vendu à 6,000 exemplaires, l’album de Désiré François en 2017 a atteint 5,000 ventes, alors que celui des Inkonus en 2017 a trouvé 1,800 preneurs. Le producteur des Inkonus, Jimmy Veerapin, se dit satisfait de la vente de son groupe. “Si tu vends 1,800 albums de nos jours, tu dois t’estimer heureux.”

Carte de visite.
Les réalités ont changé, l’avènement des nouvelles technologies et le partage illégal ont eu un impact certain sur les chiffres de vente. Pour rentrer dans ses frais, il faut vendre environ 3,000 albums, ce que des grands noms de la scène locale parviennent à faire. Mais quid des autres ? Souvent, l’album est produit à perte. Pourtant, des dizaines d’albums sont lancées chaque année, que ce soit par des vieux routiers de la musique, des talents émergents ou ceux qui tentent de faire une percée.

Pour de nombreux chanteurs, un album est avant tout une carte de visite. Un maillon essentiel de leur métier, qui leur permet de se faire inviter dans des événements musicaux et organiser des concerts. “Nous sommes des artistes. Nous avons besoin d’un certain nombre de chansons pour pouvoir organiser des concerts. Sortir un album donne l’occasion au public de découvrir nos chansons. Il viendra ensuite nous voir pour les réentendre”, confie Alain Ramanisum.
Jimmy Veerapin abonde dans le même sens. “Il existe toujours la nécessité de sortir des albums, même si cela est réalisé à perte. Prenons mon groupe : la seule façon pour lui de se présenter est à travers un support audio. C’est après cela qu’on peut tourner avec les chansons, quand les gens les ont entendues et appréciées. Quand t’as fini d’en faire le tour, tu dois sortir un autre album pour redémarrer.”

“J’ai besoin de sortir un album pour pouvoir faire des concerts”, confie Désiré François. Bruno Raya avance : “Nous devons sortir des albums pour montrer que nous sommes toujours là, pour que les gens fassent appel à nous. En somme, pour pouvoir gagner notre vie.”

Plaisir personnel.
Mais les albums se font également par amour de la musique et le plaisir d’être en studio. “La vente d’albums est décourageante, mais mon amour pour la musique me motive. Lorsque j’entre en studio, c’est pour vivre ma passion”, souligne Caroline Jodun. “Il est décourageant que la vente d’albums soit faible, mais je ne peux pas envisager d’arrêter de sortir des albums. C’est un plaisir personnel pour moi d’aller en studio, de retrouver des musiciens. C’est une expérience qui n’a pas de prix”, confie Désiré François.

Beaucoup d’artistes continuent à sortir des albums pour faire plaisir à leurs fans. “Je sais que j’ai une base de fans de quelque 5,000 personnes. Il y a un public qui attend ça. Je calcule le nombre de CD que je produis d’après ce chiffre”, précise Désiré François. “Fort heureusement, il y a toujours des fans qui achètent des albums originaux. Quand je sors un album, je le fais surtout pour eux, pour les satisfaire. C’est une façon de rester en contact avec eux”, dit Alain Ramanisum.
Les producteurs font beaucoup plus attention avant d’investir dans un album en raison de la taille du marché. “Cela ne m’intéresse plus de produire trois ou quatre albums par an. Je préfère me consacrer à un groupe et de manager tout ce qu’il y a autour. Nous sommes obligés de trouver d’autres moyens que la vente de CD pour exercer notre métier”, confie Jimmy Veerapin. Percy Yip Tong tient le même langage. “J’ai des propositions tous les ans, mais je refuse; j’ai réduit ma production au maximum. Nous avons plutôt tendance à produire quelque chose qui a de grandes chances de succès.”

Roopnarain Boodhun : “Soutenir nou”
Il sort son quatrième et s’est donné tout le mal du monde pour y arriver. “Ce n’est pas facile de travailler sur un tel projet. Il faut écrire les textes, trouver la

Roopnarain Boodhun

musique, enregistrer. Tout cela demande des efforts et des investissements”, confie Roopnarain Boodhun. Malgré toutes les difficultés, ce passionné ne veut pas baisser les bras.

Comptant sur lui-même, il porte sa sacoche noire en bandoulière pour vendre Mera Dil Machal Gaya, sa dernière création. L’album de dix titres comprend des ségas, des chansons en bhojpuri et du Bollywood style.

Agé de plus de 60 ans, l’artiste arpente les rues pour se faire entendre. Roopnarain Boodhun ne court pas derrière la gloire, mais souhaite être entendu. D’où son appel au public : “Soutenir nou !”

Coco Piker de Zorzti
Huit ségas pour ce nouvel album que présente l’artiste Zorzti. Coco Piker comprend des morceaux imaginés par lui. Parmi : By Louker, Sa nou Lavi, Mr Do, Didi…