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Des machines et des êtres

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Des machines et des êtres

Comment ne pas considérer ceux qui s’inquiètent d’Intelligence Artificielle (IA) ? Ils prédisent des choses terribles et s’empressent d’imputer ladite innovation technique… au Prince des ténèbres. Le Malin est soupçonné de fomenter une cabale pour corrompre les âmes crédules.

Origine du monde. Pourquoi diable avoir pourvu Adam et Eve d’attributs complémentaires pour ensuite les punir d’en faire usage ? J’aimerais bien poser cette question à Sophia. Elle devrait avoir assez d’algorithmes pour une repartie. Le contraire serait fort navrant.

Sophia est un robot humanoïde doté d’intelligence artificielle. Elle est mise au point par la société hongkongaise Hanson Robotics. Ce “robot social” utilise la reconnaissance faciale et vocale et possède la faculté de pouvoir tenir une conversation rationnelle. Son visage en silicone peut mimer jusqu’à 62 expressions et émotions humaines.

“Miss Androïde” est attendue à Maurice pour le World AI Show, événement prévu du 28 au 30 novembre à Balaclava. Ladite “merveille de l’Intelligence Artificielle” devrait s’entretenir avec l’honorable Pravind. Elle a peut-être des suggestions pour combattre la misère, la drogue, la fraude et la corruption ?

Notre Prince paraît goûter ce genre de foire futuriste un tantinet publicitaire. C’est un homme moderne, à la pointe des technologies high-tech. Un homme tourné vers demain, faisant fi des idées et pratiques archaïques. Bien bon !

Sophia est le premier robot à détenir une nationalité. Elle est citoyenne d’un régime pratiquant la mise à mort (par décapitation ou lapidation). Pravind devrait demander à la “créature” son opinion sur le démembrement du journaliste Jamal Khashoggi. Ce serait édifiant.

Sophia serait programmée pour copier et reproduire le comportement de ceux qui l’environnent. Est-elle pour ou contre les mises à mort ? Nous devons savoir. Intérêt supérieur du genre humain !

Est-ce l’Homme qui soumet le robot ou le robot qui soumettra l’Homme ? Sophia n’a pas la vocation d’une “poupée gonflable” destinée à assouvir des instincts basiques ni accomplir des besognes. Envisagerait-on un jour des esclaves ou des courtisanes 4.0 ? Quid des robots soldats ?

Surviendront des avatars de Sophia. Et l’avènement des relations cybernétiques. Ce sera positif, si nous gérons bien les humanoïdes. “Je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas inquiets”, devait déclarer Bill Gates au sujet de l’emprise des machines. Il ne serait pas le seul…

Montrons-nous prudents. Car l’IA pourrait représenter une menace comme un grand espoir pour notre existence. D’aucuns sont enclins à penser nécessaire un cadre régulateur. L’impact de l’IA dépendra de qui la contrôle. Faut encore savoir si elle pourra être contrôlée à la longue. Nous ne sommes que des êtres faillibles.

L’inconnu nous a toujours effrayés, c’est humain. Et la science-fiction n’arrange pas l’affaire. Ces récits décrivent un monde souvent apocalyptique ou utopique. Le lecteur avisé n’est pas sans savoir que l’être humain n’utiliserait que 10% des capacités de son cerveau.

Dans le film Lucy, le réalisateur Luc Besson décrit ce qui arrive à une étudiante vivant à Taïpei (Taïwan), dès lors qu’une substance synthétique décuple ses capacités cérébrales. Elle devient une sorte de super-ordinateur biologique… Elle retourne trois millions d’années en arrière et rencontre un des plus anciens hominidés connus, l’Australopithecus afarensis, Lucy. Elles se touchent l’index, comme dans la fresque peinte au plafond de la Chapelle Sixtine, Création d’Adam de Michel-Ange. Je regarde trop de fictions. C’est un comportement humain, ma chérie !

Subsiste le risque qu’on conçoive une vraie super-intelligence informatique. Et la possibilité que la machine se retourne contre l’Homme, non parce qu’elle aurait acquis une conscience maléfique, mais parce que les capacités de calcul limité des programmeurs ne peuvent éviter l’apparition d’effets pervers…