Flambée des prix : la colère et le désespoir montent

Des augmentations successives, imputées à la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine, étouffent les familles mauriciennes. Tant et si bien que beaucoup de celles qui vivaient au-dessus du seuil de pauvreté, il y a 2 ou 3 ans, sont maintenant en très grandes difficultés.

Certains personnes ressentent de plein fouet le poids des augmentations de ces dernières semaines. Alors que le gaz ménager vient d’augmenter par Rs 60, certains produits essentiels ont déjà atteint des prix inabordables pour beaucoup de Mauriciens. Une situation préoccupante dans la mesure où les salaires demeurent au même niveau pour la grande majorité.

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“Ma famille et moi n’avons que Rs 1500 pour acheter à manger par mois après avoir payé nos factures”, dit Vidousha, 63 ans. Elle qui vit avec ses deux frères, dont un qui n’arrive pas à travailler en raison de sa maladie, a bien du mal à faire bouillir la marmite. “Pour le dîner, on se contente de nouilles instantanées certains jours, d’autres jours d’un bol de lentilles. Certaines fois d’un morceau de pain à la margarine.”

Pena nanye lakaz, pena nanye labank.”

Comme cette famille, Elodie, la trentaine, est en difficulté. Chanteuse d’hôtel, elle a à sa charge sa fille de 10 ans. Un problème de santé fait qu’elle ne peut se faire vacciner. Ce qui est problématique pour son métier dont les exigences vaccinales sont quasiment non-négociables.

Ses rentrées d’argent ont subséquemment diminué puisqu’elle ne peut plus chanter aussi souvent. Son salaire qui lui permettait d’avoir une vie descente avec sa fille de 10 ans qu’elle élève seule, est réduit à Rs 12 000 environ par mois. Un changement radical pour la jeune femme. “Zordi la mo pa kone kouma mo pou fer pou nou manze, pena nanye lakaz, pena nanye lor mo kont labank” , confie Elodie.

Chaque fin de mois est un calvaire pour d’autres familles également. “En tant que mère célibataire avec à ma charge un enfant de 7 ans depuis quatre ans, déjà que j’arrivais difficilement à gérer, avec la récente hausse des prix sur les produits de consommation, de l’essence et autres, je me sens asphyxiée”, dit Sunita, 40 ans.

Clara, 47 ans, sent également son stress monter. Superviseur dans une compagnie de nettoyage, elle confie avoir bien du mal à terminer le mois. “Je sens que j’étouffe. C’est une situation terrible que le 15 du mois, je dois demander de l’aide à mes parents retraités pour terminer le mois.” Rajesh, 45 ans et cleaner, confie ne plus savoir comment faire pour nourrir ses deux enfants. “Mo gagn onte kan mo 2 zanfan demann mwa enn ti gato e ki mo pa kapav ofer zot. Mo gagn Rs 10000 par mwa, kan fini pey tou faktir, res a penn pou fer komision pou nou kapav manze pandan enn mwa”, dit-il.

Strict nécessaire.

Ces cris du coeur font écho dans plusieurs familles mauriciennes actuellement avec les prix qui ne cessent de grimper. Les Mauriciens ont tendance à ne dépenser que pour le strict nécessaire afin de ne pas être aux abois. Affublée d’un mari alcoolique avec un travail instable et qui ne contribue pas aux dépenses, Clara porte le fardeau des dépenses toute seule et se sens à bout.

“Nous avons trois enfants. Les deux ainés sont mariés et vivent ailleurs. Nous avons à notre charge le benjamin âgé de 9 ans. Un salaire ne suffit pas. En fin de mois, je fais les courses à moitié, car je ne peux pas me permettre de dépasser le budget de Rs 5000. Je n’achète que les produits de base pour la maison et la cuisine mais aussi de quoi préparer le déjeuné de mon fils à l’école. Mais comme vous vous en doutez, la plupart des courses alimentaires ne dépassent pas deux semaines. Mais je suis dans l’incapacité de dépenser plus.”

Beaucoup de personnes sont obligées au courant du mois d’aller chercher de l’aide auprès de leurs proches. “Je vous avouerai que je dépend beaucoup sur mes parents, le salaire que je touche est à peine suffisant pour couvrir les dépenses essentiels. Je me demande comment je ferai si mes parents n’étaient plus là demain. Qui sera là pour me soutenir? Je n’ai jamais été une personne dépensière, j’ai toujours fait attention mais là aussi ce n’est plus suffisant. C’est difficile surtout quand on est mère célibataire et qu’on a personne d’autres pour nous soutenir”, confie Sunita.

Pour nombre de familles, certaines choses deviennent bien trop onéreuses. À l’instar de venir au boulot en voiture. “Je vis au jour le jour. Je réfléchis si je pourrais continuer à venir travailler dans ma voiture car je peine à acheter de l’essence. En même temps, j’utilise la voiture uniquement pour venir travailler et déposer mon fils à l’école, et pas pour autres choses. Mais là aussi, ça devient dur. En moyenne Rs 1000 la semaine c’est dur pour le budget essence. Mensuellement ça me revient à Rs 4000.” Quant aux loisirs, ils sont tout bonnement sacrifiés. Le budget ne le permet plus. Même les habits pour l’hiver deviennent des dépenses superflues, faute de moyen.

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