Malakoff : Un timide vent de renouveau souffle sur la tradition

Cap vers le sud à la découverte un de ces nombreux petits villages pittoresques. Entre Plein-Bois et Trois Boutiques, Malakoff est un lieu marqué par les traditions. Trop souvent délaissé et oublié, il affiche pourtant la volonté de vouloir sortir de sa torpeur. Avec de nouveaux élus pour les servir certains habitants entretiennent l’espoir qu’un autre souffle insufflera plus de vie à la région.

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De L’Escalier, en passant par Plein-Bois en direction de Trois Boutiques, Malakoff semble presque coincé dans le paysage. Certains de ses habitants ont de bonnes raisons de se décrire comme: “Les oubliés du sud.” À hauteur du centre communautaire de Plein-Bois, nous rencontrons Rajesh Suhorye. Parlant de son village, ce dernier souligne que Malakoff est attaché aux traditions. “C’est aussi un endroit calme qui abrite des familles bosseuses et très talentueuses en musique.” En effet, en continuant notre visite vers le centre du village, à hauteur d’une petite chapelle dédiée à Notre Dame de Fatima, nous tombons sur Jacques Laval Clélie. Dévoué depuis toujours à son village, le travailleur social est également un chanteur et un musicien qui a connu ses jours de gloire dans les années 90. À travers notamment l’émission Star Show (avec la chanson Gypsy Lady) et des radio-crochets. Ce dernier est également un parent de Murvin Clélie de Prophecy.

Les passages sont nombreux dans cette petite chapelle dédiée à Notre Dame de Fatima.

Un nom venu de Russie

Le village doit son nom à une localité russe, Sébastopol, en Crimée. La Tour de Malakoff était, dans les années 1850, le point de défense principal de cette ville durant la guerre. À Maurice le village est scindé en deux par l’autoroute. D’un côté on trouve plusieurs maisons neuves dans ce paysage où se côtoient cannes à sucre et plantations de légumes. Des chantiers annoncent l’arrivée de nouveaux habitants bientôt. Au cours des années, le nombre d’habitants a considérablement augmenté. Bien plus qu’une cinquantaine de familles y vivraient aujourd’hui, estime Jacques Laval Clélie. De l’autre côté de la route, parmi des logements plus anciens quelques personnes vivent aussi dans des conditions précaires. Chez Clovis Clélie, plusieurs familles vivent dans un deux-pièces où le toit en tôle menace de s’effondrer. En quête d’un travail depuis plusieurs années, ce dernier ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de cette misère. Sa famille n’est pas la seule touchée par la précarité.

Bois-de-fer, lieu populaire pour acceuillir des gens venant s’adonner à des rituels de sorcellerie ou chercher une guérison

Tourné vers l’avenir

Les nouveaux élus de la région rendent Jacques Cléclie très optimiste pour l’avenir. Il cite une série de changements que devrait connaître la région dans un futur qu’il espère proche. “C’est connu, notre village a toujours était délaissé. Nous sommes aussi pauvres en loisirs qu’en commerce.” Pour des services de santé, des médicaments, des outils, ou  encore profiter d’une espace de jeux: “Il faut se rendre à Trois Boutiques ou L’escalier”, précise notre interlocuteur. Pour le mieux-vivre de tous, Jacques Laval Clélie explique qu’on lui a demandé de soumettre une liste sur les manquements auxquels doivent s’attaquer en priorité les nouveaux élus. “Nous attendons un centre de loisirs et un jardin d’enfants aménagé comme il se doit”. Jadis, Jacques Clélie avait fondé un club situé non loin de la petite chapelle. Laissée à l’abandon, cette pièce en tôle accueillait naguère ceux qui venaient s’adonner à des jeux de société et pour des réunions.

L’espoir de jours meilleurs

Malakoff, réclame aussi des caméras pour veiller sur la sécurité des siens. “Les voitures qui passent par le village foncent souvent à vives allures.” Les autorités concernées ont aussi fait la sourde oreille face à la demande d’installer des dos d’ânes. “On nous a fait comprendre que c’est une route centrale. Pourtant à Trois Boutiques, ils en ont installés”. Selon le septuagénaire, “Pour la sécurité de tous, au moins un passage clouté devrait être aménagé en face de la chapelle.” Il rajoute qu’en plusieurs occasions, des enfants ont failli se faire renverser. L’asphaltage de la route, aussi bien que l’aménagement des drains est aussi un projet prioritaire à Malakoff. “Quand il pleut, les enfants pataugent dans la boue pour se rendre à l’école.”

Bois-de-fer

Mise à part quelques personnes sur l’arrêt d’autobus, le village est presque désert à la mi-journée. Par contre, “L’avantage d’habiter dans un aussi petit patelin, c’est que les jeunes ne sont pas aussi exposés aux fléaux”, souligne Rajesh Suhorye. Un petit sentier dans les champs de cannes mène vers un lieu incontournable connu sous le nom de Bois-de-fer. Aussi fréquenté que craint, “C’est un endroit où on vient chercher sa guérison, alors que d’autres pratiquent des rites de sorcellerie”, nous confie à demi-mot un habitant.

Sur place, nous sommes interpellés par l’amas d’ordures:  bouteilles en plastique, noix de cocos cassés et capsules. On raconte que derrière cette structure en pierre se trouvait auparavant un grand arbre qui a été abattu. Les gens à travers Maurice venaient y planter des capsules avec des clous pour “kouloute” ceux à qui l’on souhaitait faire du mal.

Joceylne fait partie de nombreuse dames qui pratiques la médecine ancestrale connu comme « mark tanbav »

Sans nous attarder pour ne pas déranger les deux femmes sur place en ce début d’après-midi, nous sommes invités à découvrir une autre tradition qui survit encore dans le village. Malakoff étant aussi réputé “Pou ena bann madam ki mark tanbav.” Jocelyne, 65 ans, explique que ce savoir ancestral lui a été transmis par sa belle-mère.  “Néanmoins, aujourd’hui beaucoup moins de parents apportent leurs bébés”, dit cette dernière.

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