La Fédération mauricienne de triathlon (FmTri) comptera un qualifié aux Jeux olympiques qui débutent vendredi à Paris (France). Toutefois, selon son président, Alain St Louis, Laurent L’Entêté aurait pu ne pas y participer, si la fédération n’était pas intervenue auprès de World Triathlon dans le cadre des procédures menant à la révision de l’affiliation des fédérations nationales. En dépit des plusieurs rappels, affirme-t-il, le Comité olympique mauricien (COM) n’a jamais accordé une lettre de reconnaissance à ce sujet. Ce qui aurait pu coûter très cher, non seulement pour la qualification olympique de Laurent L’Entêté, mais également à tous les licenciés de la fédération qui auraient été alors privés de compétitions internationales.
Les récentes déclarations de presse du président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, continuent à faire polémique. Alain St Louis a, en effet, décidé de réagir face à un organisme qui ose pourtant parler de mérite ou encore de transparence. « C’est la décision du COM d’outrepasser les prérogatives de la fédération en décidant à sa place de son “team official” aux JO qui nous poussent à mettre les points sur les i », fait-il ressortir. Car, selon lui, l’attitude du COM, en refusant d’attester officiellement de la légitimité de son président et de son secrétaire général, aurait pu causer un préjudice énorme à la discipline. « Ce qui s’est passé est très grave. Pour on ne sait quelle raison, le COM n’a jamais accédé à notre requête, alors que nous sommes pourtant en règle avec les lois du pays », déclare-t-il.
La requête avait été officiellement envoyée le 23 février 2023. Toutefois, affirme Alain St Louis, le COM n’avait toujours pas répondu, au 30 avril 2024 (date limite), en dépit de plusieurs rappels. Il a fallu qu’il intervienne personnellement auprès de la présidente de World Triathlon, Marisol Casado, pour que la FmTri obtienne finalement une dérogation. « Le COM nous a même reproché le fait de ne l’avoir invité à notre assemblée générale élective de 2020. Où est-il précisé que c’est obligatoire ? Et pourtant, le COM continue à nous envoyer des correspondances comme celle nous informant récemment de sa décision unilatérale de nommer, à la place de la FmTri, celui qui nous représentera aux JO ! », déplore-t-il.
Ainsi, après le cyclisme et la natation, c’est la FmTri qui s’est vue imposer un accompagnateur, alors pourtant qu’elle avait soumis une “long list” pour ces JO. Son comité ne comprend d’ailleurs toujours pas comment le nom de Jean-Noël L’Entêté, père du qualifié Laurent, a atterri au COM. Il y avait, selon lui et en ordre prioritaire, le nom de Daniel McKay et ensuite le sien comme team officials. « Sauf que nous avons été surpris d’apprendre du COM que c’est Jean-Noël L’Entêté qui avait été choisi ! », déplore-t-il. Idem pour le déplacement de l’entraîneur personnel du triathlète, Simon Martin. « Cela s’est fait sans consultation et donc, sans notre accord. »
Même si Alain St Louis reconnaît que Jean-Noël L’Entêté a beaucoup investi dans la préparation de son fils, en revanche, cela ne donne pas le droit au COM de s’ingérer dans les affaires de la fédération. D’autant que Jean-Noël L’Entêté n’est même pas un membre de son comité directeur. « Le COM devrait savoir que la fédération, aussi bien que le ministère des Sports a aussi contribué », déclare-t-il.
Tout a commencé en 2016 !
Si Philippe Hao Thyn Voon a dit choisir les personnes sur la base du mérite, en revanche, affirme Alain St Louis, le COM n’a pas cru dans le potentiel de Laurent L’Entêté ! Car, ajoute-t-il, une bourse olympique seulement a été attribuée à Julie Staub. « Nous sommes tous très contents que Julie a obtenu cette bourse. Mais dans un souci de transparence, ne serait-il pas important de savoir qui l’a recommandé si ce n’est pas la fédération ? Nous avions écrit au COM pour que Laurent soit aussi considéré. Malheureusement, on n’a même pas eu la décence de nous répondre. Au final, c’est uniquement Laurent qui s’est qualifié ! », ironise Alain St Louis.
Au-delà de cette frustration, Alain St Louis dénonce ce qui ressemble étrangement à un boycott de sa fédération depuis 2016. « À l’époque, le COM m’avait refusé une accréditation pour les Jeux de Rio. C’est World Triathlon qui m’avait accrédité et pas besoin de vous dire la tête de ceux qui m’ont vu au Brésil ! », fait-il ressortir. Selon lui, la “long list” de la fédération avait été ignorée pour les Jeux du Commonwealth de 2018 (Australie) et ceux de 2022 (Angleterre).
Pour Alain St Louis, il était très important de remettre les choses à leur place et de démontrer ce dont est capable le COM. Quitte, selon lui, à mettre en péril l’avenir d’une discipline, voire celui des jeunes, pour des raisons qui sont loin d’être sportives.