Le comité olympique mauricien (COM) a publié un avis d’élections menant à la constitution de son nouveau comité exécutif le 29 octobre à Trianon. Un avis signé de l’Acting Secretary General, Al-Yousouf Bayjoo, également représentant de la Fédération mauricienne de Tir à l’Arc. L’information principale de ce communiqué — hormis la tenue des élections — est sans conteste cette décision qui prive désormais le droit à un membre démissionnaire de faire à nouveau acte de candidature ! Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que cet amendement a été récemment voté lors de l’assemblée générale annuelle, le 3 septembre, à Trianon.
Inquiétant «…for whatever reasons. »
C’est en analysant l’avis d’élections que notre attention a été attirée sur la première condition permettant aux membres d’être candidat. Ainsi, on peut lire: « A representative shall not be eligible to stand as candidate if he – i) Has resigned in the course of the proceeding mandate for whatever reasons. » Surprenant et surtout révoltant, lorsqu’on considère que l’article 5 (Membership), partie 7 (c) des statuts du COM faisait uniquement référence, avant le 3 septembre 2020, à : « Membership of the Mauritius Olympic Committee shall cease (c) upon resignation or death. » Dorénavant, cette section se lit comme suit: « Membership of the Mauritius Olympic Committee shall terminate (c) upon resignation, such member cannot stand as candidate for re-election unless otherwise decided by the Executive Committee. »
En somme, celui qui a démissionné n’aura pas le droit de briguer, à nouveau, les suffrages. Une décision qui interpelle et qui est hautement contestable quand on sait qu’un parlementaire de l’Assemblée nationale peut démissionner et être à nouveau éligible de se présenter à la prochaine élection générale ou même partielle ! Visiblement au COM, on semble être plus royaliste que le roi ! Sans oublier que ce genre de décision porte atteinte aux droits de l’individu.
Ce qui est encore plus choquant dans ce communiqué, c’est le terme «…for whatever reasons. » à bien comprendre donc, il n’y aura aucun compromis ! Le COM sera intransigeant sur la question. Pourquoi autant de contraintes autour d’une élection où il est tout simplement question de sport et où le fair play devrait en être l’un des piliers ? Dans le cas d’une culpabilité pénale reconnue, cela aurait été compréhensible. Mais de là à « barricader » à ce point ces élections est très inquiétant.
Car il est difficile de comprendre comment on peut priver un dirigeant de ses droits s’il n’a pas fauté. Est-ce donc normal pour le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon , et ses membres d’interdire une candidature à quelqu’un qui, à titre d’exemple, a dû démissionner sur la base des problèmes personnels ? Aussi, on se demande si cet amendement est en ligne avec la Charte olympique ? Ou encore ce que le Comité olympique International (CIO) pense de cette restriction qui porte atteinte à la démocratie ? Le CIO est-il à l’aise avec ce genre de procédé ?
Verdict de la Cour
En revanche, ce qui semble être normal au sein du COM, c’est l’émergence des fédérations à la veille des élections pour des raisons qui restent inexpliquées. Malheureusement, l’histoire a démontré, lors de cette décennie, que la majorité de cette catégorie de fédérations ont disparu plus vite qu’elles ne soient apparues !
Il serait d’ailleurs bon de rappeler qu’en 2013, l’escrime, l’aviron, le canoë-kayak, le hockey et le pentathlon moderne étaient en gestation au lendemain des Jeux olympiques de 2012 à Londres en Angleterre.
Toutefois, ces fédérations n’avaient pas été autorisées à voter aux élections. Cela à la suite d’un jugement rendu par le juge Booshan Domah par rapport à une contestation déposée par Alain St Louis de la Fédération mauricienne de Triathlon. La question qu’il faut se poser est de savoir d’abord où en sont ces fédérations en 2020? Et ensuite, quelle a été leur progression, leur nombre de licenciés et surtout leur programme d’activités ?
Récemment, il a été porté à notre connaissance, de l’éventuelle mise en place de deux nouvelles fédérations dont les disciplines, précisons-le, feront leur entrée officielle aux Jeux olympiques de 2021 à Tokyo. Selon nos informations, il s’agirait du skateboard et de l’escalade. Dans les milieux concernés, on avance même qu’une dirigeante, proche d’une discipline de raquette, pourrait se retrouver à la tête du skateboard ! Une discipline très appréciée des jeunes, mais dépourvue d’infrastructures à Maurice.
Ainsi donc, on attendra de voir l’évolution de la situation et surtout si, effectivement, ces fédérations verront le jour ou pas. Ou encore, si elles participeront, dans un deuxième temps, en tant que votant, aux élections du 29 octobre prochain. Ce qui est sûr cependant, c’est que la création de nouvelles fédérations, à la veille des élections, n’est certainement pas anodine. L’histoire nous l’a d’ailleurs prouvé après les élections de 2013 et ses fédérations mort-nés !