FOOTBALL : Revaloriser le joueur et l’entraîneur

A l’heure où le football est à son niveau le plus bas, voir mort, un groupe d’anciens joueurs et actuellement entraîneurs de clubs se sont regroupés au sein de Football Coaches & Players Association (FCAPA). L’objectif étant d’abord d’offrir un cadre de travail beaucoup plus propice aux joueurs et aux entraîneurs, afin de leur permettre de donner le meilleur d’eux mêmes. Car selon la FCAPA, une revalorisation de ces derniers est très importante pour permettre au football de retrouver, lentement mais sûrement, une nouvelle identité, une nouvelle dynamique.
Lors d’une conférence de presse, vendredi à Port-Louis, les membres de cette nouvelle association, réunis autour de leur président Michaël Mootoosamy, lui-même ancien international du centre national de formation et aujourd’hui entraîneur, ont dressé une liste de priorités à laquelle ils ont commencé à s’attaquer. Pour Michaël Mootoosamy, il faudra d’abord conscientiser les jeunes, afin qu’un maximum de joueurs adhèrent à la cause. Car, a-t-il fait remarquer, “l’union fait la force.” Au delà de la question de salaire d’un joueur, il y a beaucoup d’autres éléments qui méritent réflexion, a-t-il fait remarquer. A titre d’exemple, a-t-il évoqué, un joueur doit d’abord et avant tout se sentir en sécurité pour qu’il puisse donner le meilleur de lui-même.
C’est la raison pour laquelle des démarches ont déjà été entreprises auprès d’une compagnie d’assurance, afin que chaque membre du FCAPA soit couvert par une police d’assurance pendant les matches comme à l’entraînement. “Nous sommes en communication avec un sponsor, mais les discussions n’ont pas encore abouti. Cette police d’assurance n’existe pas encore et nous souhaitons fortement que ce projet se concrétise. Cela constituera un point de départ positif et les joueurs se sentiront beaucoup plus concernée par notre cause”, a indiqué le president de la FCAPA.
Sécurité professionnelle
Dans cette même ordre d’idée, ce dernier a expliqué que l’association travaillera en étroite collaboration avec un panel médical placé sous la direction du Dr Allen Naraidoo pour veiller sur la santé des joueurs. Un conseiller juridique, en la personne de Nuvin Proag, fait également partie de l’association pour conseiller et défendre les joueurs et entraîneurs là où cela s’impose. Un site internet a également été lancé sur l’adresse suivante : www.fcapa.org.
Pour Michaël Mootoosamy, la FCAPA croit fortement que ce projet peut aider à faire revivre le football. D’ailleurs, lors de l’intervention de l’ancienne gloire de l’athlétisme local, Stephan Buckland, qui était présent en sa capacité de représentant des athlètes au sein du Comité olympique mauricien, a déclaré: “Sans footballeur, il n’y pas de fédération. Sans sportifs, il n’y a ni fédération et encore moins de ministère des Sports.” Ce qui fait dire à Michaël Mootoosamy que tout est encore possible et que leur projet est viable. “Avec l’actuelle crise économique mondiale, notre économie arrive à tenir la tête hors de l’eau, alors je dis pourquoi pas le football”, a-t-il précisé.
Pour Michaël Mootoosamy, à moyen terme, il faudra revoir certaines choses comme l’environnement dans lequel évolue les joueurs et les entraîneurs. “Comment voulez-vous que les entraîneurs et joueurs soient motivés lorsqu’ils doivent évoluer sur des terrains qui ressemblent plus à une terre battue qu’un terrain gazonné? Pour qu’ils soient tous motivés, il est très important que ces derniers évoluent sur des pelouses dignes de ce nom. C’est un aspect très important si nous voulons vraiment permettre au niveau de progresser”, a-t-il expliqué. Pour lui, l’environnement stipule également avoir de bons ballons, de bonne schaussures, des vestiaires de qualités et aussi des éclairages de haut niveau sur les différents stades.
A long terme, a ajouté le president de la FCAPA, les joueurs devront avoir un contrat amateur fédéral. “Qui dit contrat ne veut pas nécessairement dire salaire. A travers un contrat, on veut offrir une sécurité et les outils nécessaires pour permettre à l’entraîneur de faire son travail et aux joueurs de s’exprimer dans un cadre propice. Car il est très important que le joueur prenne avant tout plaisir au jeu.”
2.8% de la population joue au football !
Michaël Mootoosamy a indiqué que l’objectif est aussi de travailler en étroite collaboration avec la Mauritius Football Association, car a-t-il avancé, il est très important d’avoir un calendrier bien planifié sur une saison pour permettre à l’entraîneur de planifier son travail. “Nous ne pouvons plus travailler et entendre dire chaque semaine que le calendrier a été modifié.” Ce dernier veut également que des cours de formation soient dispensés aux entraîneurs par des instructeurs qualifiés. Il a ainsi insisté sur le fait que ces formations se fassent en créole. Les cours sont actuellement dispensés en français et en anglais et cela pose problème pour ceux qui ne maîtrisent pas les deux langues. “Beaucoup d’entraîneurs ont les qualités, mais il faudrait qu’ils aient la chance de s’exprimer dans la langue où ils se sentent le plus à l’aise”, a-t-il fait ressortir.
D’autre part, Michaël Mootoosamy a expliqué que selon une étude réalisée par ses membres et lui, sept communautés pratiquaient le football de 1970 jusqu’aux années 90. Actuellement, a-t-il indiqué, une seule communauté joue au football et un cinquième seulement est concerné. “Cela fait que nous avons aujourd’hui qu’un très faible pourcentage de 2.8 qui joue au football à Maurice. Ce qui est vraiment très inquiétant.” Pour Michaël Mootoosamy, il est important que les autres communautés reviennent au football et pour ce faire, il est primordial que les autorités concernées mettent des bourses sports-étude à la disposition de ces jeunes. “Si nous continuons à jouer au football sans aucune sécurité, les parents ne voudront jamais permettre à leurs gamins d’être footballeurs. “, a-t-il souligné.
Pour conclure, le president de la FCAPA a déclaré qu’on ne peut plus travailler au petit bonheur et qu’il est grand temps que les entraîneurs et les joueurs aient les conditions optimales pour travailler. “L’idée c’est qu’un jour le football passe professionnel. Ce ne sera pas du jour au lendemain. Mais si nous persévérons, je reste convaincu qu’on aboutira à quelque chose de concret, voire de formidable. J’ajouterai que les joueurs à la retraite mérite une bien meilleure considération. Car aujourd’hui, il y a tant d’anciennes gloires qui n’ont pas la reconnaissance voulue par rapport à ce qu’ils ont fait pour leur pays et c’est vraiment dommage.” Michaël Mootoosamy a aussi tenu à remercier les anciens joueurs des années 70 à 90 pour tout ce qu’ils ont fait pour le football, les techniciens qui continuent à travailler avec passion, le ministère de la Jeunesse et des Sports et tous les passionnés de cette discipline.
Pour sa part, Stephan Buckland a salué l’initiative de la FCAPA et a indiqué que les autres disciplines devraient suivre le pas. Il a d’ailleurs fait ressortir que c’est la politique du COM d’encourager chaque discipline à avoir son représentant d’athlètes. “C’est un point de départ très positif. Je reste convaincu que cette association apportera beaucoup au football. Je souhaite qu’un maximum de joueurs adhèrent à ce projet”, a-t-il déclaré.

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