INTERVIEW: Le sport à Maurice n’est pas mort, mais il est dans un état lamentable, a déclaré Franco Quirin

Même si l’Assemblée Nationale est en congé, le député mauve Franco Quirin dit être sur la brèche sur le dossier du sport. Dans un entretien qu’il a accordé à Week-End durant la semaine, le député de la circonscription No 20 évoque la situation du sport aux lendemains des Jeux Olympiques de Londres et une année après les Jeux des Iles. Certes,le député de l’opposition et responsable du dossier sport dresse un constat pas du tout reluisant contre la politique du ministre Ritoo; par contre, il avoue que le sport à Maurice n’est pas mort. «Mais il est dans un état lamentable», déplore Franco Quirin.
Franco Quirin, cela fait un certain temps qu’on ne vous entend pas. Surtout depuis que l’Assemblée Nationale est en congé. Êtes-vous également en congé du mouvement sportif mauricien??(rires)
Certainement pas. Le fait que l’Assemblée Nationale est en congé ne m’empêche certainement pas de suivre l’actualité sportive locale; qui d’ailleurs a été très riche ces dernières semaines. De la participation mauricienne aux Jeux Olympiques et paralympiques de Londres en passant par la sempiternelle querelle entre le ministre et  le Comité Olympique Mauricien, tout aussi bien que des fédérations qui sont incapables de fonctionner. C’est désolant à dire, mais le sport mauricien ne retrouve toujours pas de sérénité.
Selon vous qu’est-ce qu’on doit retenir de ces derniers Jeux olympiques de Londres?
Comme beaucoup de Mauriciens, je retiens la déception de voir le Club Maurice revenir au pays sans une médaille. Comme les Mauriciens, je vous dirai que je ne m’attendais pas à un miracle. Cependant au niveau de la boxe, il y avait une attente justifiée que la réussite allait être encore une fois de notre côté. On a tous cru, à tort ou à raison, que Richarno Colin allait revenir avec au moins une médaille de bronze au cou.  Mais les résultats sont ce qu’ils  sont  et je pense que Richarno Colin a eu à faire face à la dure réalité du sport de haut niveau. Cet échec ne diminue en rien son potentiel et espérons que lui et ses entraîneurs en tireront les conclusions en vue de sa préparation pour RIO 2016.
Je ne peux passer sous silence les quelques performances individuelles, comme celle de la judokate Christiane Legentil ou encore des nageurs Harseth et Marquet.  Cependant, ce qui devrait nous interpeler après les deux JO de Londres c’est l’avenir et surtout les prochains Jeux olympiques.
Pourquoi ?
Les décideurs du sport à Maurice, en particulier le ministre des Sports, ont trop tendance à se focaliser sur les Jeux des îles. Je ne dis pas que les JIOI ne doivent pas être une affaire nationale, mais ils ne doivent pas être notre objectif final. Il est plus que temps que nous nous montrions plus ambitieux. Viser plus loin et surtout tout mettre en oeuvre afin que les sportifs mauriciens brillent sur la scène internationale.
On doit s’inspirer des petites nations telles que la Grenade, la Jamaïque et la Trinité et Tobago. Ces pays ont réussi des performances exceptionnelles lors des JO. Alors pourquoi ne pas prendre ce qui se fait de bon dans ces pays ? Nous l’avons bien fait en 2000 lorsqu’il fallait trouver une formule d’autonomie pour Rodrigues . Pourquoi pas pour le sport ?
Vous voulez dire qu’il ne faudrait pas hésiter à copier sur ces pays pour trouver un model de sport d’élite à Maurice ?
Copier c’est un grand mot je trouve. Mais en tirer les parties qui peuvent être adoptées à Maurice. Si la Jamaïque peut former des Usain Bolt et Johan Blake, pourquoi à Maurice nous ne sommes plus en mesure de fabriquer un autre Buckland ou Milazar ? Avant même que je sois devenu député, je n’ai jamais cessé de réclamer un plan d’actions sur deux axes,  un visant le plus haut niveau et un autre plus centré sur des athlètes régionaux pour le sport mauricien.
C’est incontestable, aujourd’hui : pour réussir dans le sport de haut niveau il faut former. La nécessité d’identifier des jeunes avec un fort potentiel dans certaines disciplines comme la boxe, le judo et l’athlétisme entre autres doit être plus que jamais à l’agenda des fédérations.C’est à mon sens la seule façon d’avoir de la réussite sur le plan international. Il faut bâtir un groupe solide et ensuite lui donner les moyens de ses ambitions avec les JO de 2016, voire  de 2020 dans la ligne de mire. Cependant, il ne faut pas non plus délaisser les compétitions régionales, car il est primordial de dominer la région, mais cela ne doit pas être une fin en soi ni être l’objectif final. Car il est aussi inadmissible que Maurice soit encore derrière La Réunion, les Seychelles et Madagascar à ce niveau.
C’est bien joli ce que vous dites Franco Quirin. Mais il y a aussi une vérité qui saute aux yeux. Comment voulez-vous qu’on brille sur le toit du monde si les sportifs mauriciens n’arrivent pas à s’imposer dans les compétitions continentales?
Oui c’est une vérité, mais la question qui mérite d’être posée est la suivante : est-ce que nos athlètes sont suffisamment préparés pour les compétitions africaines ?. La réponse est comme une évidence et c’est la raison pour laquelle je persiste à dire qu’il est nécessaire d’avoir un projet sportif pour Maurice où nos ambitions tant pour les compétitions régionales, continentales et internationales sont définies. Les Jeux des Iles, comme les Jeux d’Afrique ou autres championnats d’Afrique doivent être le tremplin vers le plus haut niveau. Je suis cependant triste de dire qu’il n’y pas cette volonté politique – ni la volonté d’investir financièrement dans les athlètes – chez le ministre Ritoo. Dommage pour le sport mauricien, car cela aurait dû être la première de ses priorités au lieu de se bagarrer avec certaines fédérations.
Franco Quirin, ne pensez-vous pas qu’il est difficile d’avoir le haut niveau à Maurice et qu’il est nécessaire d’envoyer l’élite à l’étranger pour assurer leur formation?
C’est clair qu’il faut mettre en place de nouvelles structures pour redémarrer le sport de haut niveau. Toutefois, l’autre question qu’on doit se poser : avons-nous les compétences nécessaires et adéquates pour assurer en retour la formation de haut niveau à nos athlètes ? Une fois encore la réponse est non et ici, loin de moi l’idée de mettre en doute les compétences de nos entraîneurs. La réalité est que, comme les athlètes, les entraîneurs mauriciens ne se frottent pas assez, voire pas du tout dans certains cas, au sport de haut niveau.
Ce qui fait que nous avons au départ une mauvaise équation. Donc, oui je suis d’avis qu’il faut envoyer pour des stages de très longues durées, l’élite, une fois qu’elle ait été identifiée, à l’étranger. On a les moyens pour le faire.
Donc, vous êtes d’avis que techniquement Maurice n’a pas les moyens de produire un champion olympique?
Combien de DTN avons-nous actuellement à Maurice? Jean Claude Nagloo est pour l’heure le seul Mauricien à occuper ce poste. La natation et le tennis bénéficient de l’expertise d’un étranger. Reste que dans le cas de la natation, il est placé au niveau du Trust Fund, donc on ne peut dire qu’il s’occupe de l’ensemble des nageurs, mais bon, la natation est un dossier épineux, laissons-le de côté pour l’instant.
Pour répondre à votre question, je pense qu’il nous faudrait beaucoup plus d’expertise étrangère, qui ont fait leur preuve pour venir au secours du sport mauricien . Mais je persiste à croire que nos meilleurs athlètes doivent être envoyés dans les centres internationaux, pour de longs stages ce qui leur permettront de côtoyer le haut niveau au quotidien et aussi d’avoir accès plus facilement  aux compétitions internationales.
Il faudrait un plan pour arriver à mettre tout cela en place ?
Je viens de dire qu’on ne peut pas avancer sans plan.  Avant de débuter une construction ou un édifice il faut passer chez l’architecte. Le sport c’est pareil. Il faudrait que le ministère des Sports et les fédérations puissent s’entendre pour mettre en place un plan d’actions et bien évidemment trouver les moyens financiers et humains pour la réussite de ce plan commun.
Pour gagner autant de médailles au JO de Londres, le gouvernement anglais a investi d’énorme somme d’argent sur son élite. Pensez-vous que le gouvernement de Maurice peut en faire autant?
Je ne sais pas si nous devons investir autant que l’Angleterre, mais ce qui est certain c’est que nous devons donner plus de moyens à nos athlètes. Je le redis: le gouvernement a les moyens d’investir sur une élite qui aurait été délimité au départ. Il n’y a pas que les fonds de l’état et on peut aussi prendre de l’argent du CSR. ??
Vous évoquez les fonds du CSR. C’est un peu le cauchemar du sport mauricien, car ces fonds sont inaccessibles pour l’élite ?
Cela fait plus de deux ans que je suis au Parlement et que je mène un combat pour faire comprendre au ministre des Sports qu’il faudrait à tout prix faire ce dont il est nécessaire pour que les fonds du CSR soient en partie disponible pour le sport. Le sport de l’élite est dans une très large mesure une forme d’intégration sociale et le sport est en lui-même un élément socialisant à part entière. Je le dis et je continue à le dire, mais j’ai l’impression que cela tombe dans les oreilles d’un sourd ou des sourds.
Il n’y a pas, selon vous, une volonté politique à ce niveau?
Non, il n’y a pas de volonté du gouvernement actuel  et je le  constate amèrement depuis trois ans. Je l’ai dit en premier, les fédérations n’arrêtent pas d’en parler,  sauf le ministère qui ne voit pas   le besoin urgent d’accorder une partie de cet argent aux sports. Nous voulons progresser et avoir des médailles mais nous ne voulons pas investir comme il se doit pour améliorer les conditions des athlètes.
Franco Quirin, il y a quand même le Club Maurice Company qui collecte des fonds du CSR pour le sport?
C’est ce que j’appelle de l’hypocrisie. Le Club Maurice n’entre en jeu que quand il y a un évènement, style JIOI ou JO  dans lequel participe le pays. Mais le sport de haut niveau c’est une affaire quotidienne où les athlètes ont besoin de se déplacer à l’étranger avec des conséquences financières. Et il n’y a pas que ce point pour assurer la formation de haut niveau.
Je ne sais pas si cette instance est à court de ressource humaine, mais selon moi, il faudrait un Club Maurice plus indépendant. C’est inacceptable qu’il y ait des interférences du ministère dans la gestion des affaires de cette instance.  Les fonds CSR devraient pouvoir aider les fédérations à travers des projets viables tant pour le haut niveau que pour la promotion. Certes, il ne faudrait pas donner l’argent aux fédérations sans savoir comment cet argent est dépensé
Je crois que le Club Maurice peut jouer ce rôle d’intermédiaire et avoir un droit de regard sur les dépenses qui seront effectuées par les fédérations. Malgré toute la bonne volonté de son président, je pense qu’il faudrait donner plus de moyens au Club Maurice et surtout comment il doit faire pour constituer ce qu’on pourrait appeler comme le trésor de guerre pour assurer le financement de la préparation de l’élite sur une base quotidienne.
Quand on voit ce qui se passe depuis des années dans des fédérations comme le basket-ball, le volleyball, la natation et l’haltérophilie, vous ne pensez pas qu’il y a un problème de confiance entre ces deux partenaires?
Je suis d’accord qu’au niveau de certaines fédérations des fois les dirigeants ont tendance à penser à leur propre intérêt au lieu de penser à leur discipline et  leurs athlètes.  Mais il ne faut pas généraliser, car ce n’est pas à cause de quelques brebis galeuses que la majorité doive en faire les frais.
Mon constat de la situation est que le problème est surtout d’ordre relationnel. Il y a toujours eu des problèmes entre le ministère et les dirigeants sportifs. Je fais référence à ce qui s’est passé entre le ministre et le président du COM pendant des mois. Même si actuellement il y a un semblant d’accalmie, espérons que cela va durer pour le bien du sport mauricien. En ce qui concerne les fédérations, il faudrait beaucoup plus de sérieux de la part des dirigeants pour que les partenaires financiers puissent arriver à croire en eux. Cependant, pour moi, il y  a aussi un gros problème avec les relations conflictuelles que le ministre Ritoo entretient avec certains dirigeants de fédérations.
Vous conviendrez qu’il existe aussi des dirigeants qui n’arrêtent pas d’agir comme un obstacle pour « leur» discipline ?
Je suis entièrement d’accord avec vous. Rien que pour  vous citer un exemple : Le basket-ball où le président a dû soumettre sa démission après les Jeux des Iles et pour quelle raison? Personne ne le sait. Il y a des rumeurs qui disent qu’il y a eu maldonne au niveau de la trésorerie, mais il n’y a rien de concret et qui justifie la raison de pousser le président de la FMBB à la démission. Au niveau de l’Association mauricienne de Volleyball tout le monde sait que depuis septembre de l’année dernière,elle aurait dû tenir une assemblée générale élective et une année après on est toujours à la case départ. En haltérophilie on voit la même chose où cette fois l’ex-président veut empêcher l’actuel comité directeur de fonctionner. Mais là encore le ministre ne fait rien. C’est inacceptable pour moi que quand il s’agit de la natation le ministre part au quart de tour et trouve tous les moyens légaux pour expliquer ces décisions alors que dans le cas de ces autres fédérations, Devanand Ritoo laisse faire.
Le pire c’est quand le MMM pose la question au ministre à l’Assemblée Nationale, il avance que les fédérations sont autonomes, mais dès qu’on parle de natation, il change de discours. Il est évident qu’en l’absence d’une définition des rôles au niveau de certains sports, les athlètes en particulier sont pris entre le marteau et l’enclume. Ce n’est plus possible, cette situation…
Vous évoquez la natation, est-ce que la décision prise après la rencontre entre le ministre Devanand Rittoo et le président de la FINA, Julio Maglione vous donne satisfaction?
Non pas du tout. Le ministre, pour on ne sait quelle raison, a tenu à être seul lors de cette réunion avec le président de la FINA. Moi je m’aurais fait accompagner par le président du COM. Chacun son style.  Qu’est-ce qu’il a voulu dire au président de la FINA que les autres ne doivent pas savoir ? La FINA devait envoyer une correspondance pour évoquer les discussions faites et les décisions prises lors de cette réunion mais nous sommes toujours dans l’attente, un mois après. Le ministre semblait être satisfait de sa rencontre avec la FINA et il avait même déclaré que les élections allaient se tenir dans une période de six mois. Cependant valeur du jour, la situation n’a pas évolué et je me demande si ce n’est pas plus judicieux de laisser à la fédération le soin de régler ses problèmes en internes et re-allouer les couloirs et les piscines pour les compétitions. Ce qui aurait été, à mon avis, la décision la plus juste à prendre.
Une majorité de clubs réclament eux aussi des nouvelles élections au sein de la FMN. Vous en pensez quoi ?
Raison de plus pour laisser les clubs  régler ce problème qui dure depuis une année je vous le rappelle.
Il  y aura une rencontre très attendue ce mercredi 19 entre le ministre et le représentant du CIO sur le plan du Sports Act. Depuis très longtemps, le MMM réclame des amendements à ce texte de loi Souhaitez-vous personnellement que cela se fasse dans les plus brefs délais?
Ce n’est pas que le MMM qui réclame des amendements au Sports Act, mais l’ensemble du mouvement sportif mauricien. Cela fait pas mal de temps que le ministre Ritoo promet de venir à l’Assemblée Nationale avec cette nouvelle loi. Bientôt trois ans que je suis au Parlement et c’est toujours Anne ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir? Chaque fois que j’ai posé des questions sur le sujet la réponse a été toujours « very soon ». Le ministre appliquera-t-il la même stratégie avec le représentant du CIO ? J’attends pour voir …
Toutefois, j’espère vivement qu’il ne va pas jouer le coup du  bluff vis-à-vis de Jérôme Poivey pour ne pas s’engager dans une vraie refonte de cette loi avec le concours de tous les partenaires dans ce secteur. Les lois des fédérations internationales ont évolué, mais pas le Sports Act.
J’ai pris connaissance d’un courrier que Jérôme Poivey a envoyé au MJS, suite à une réunion qui s’était tenue à Moscou, entre lui-même, le COM et le PS du ministère des Sports. Dans ce courrier, il est clairement stipulé que le ministre n’a pas le droit de s’ingérer dans les affaires internes d’une fédération et espérons que cela sonne comme un leitmotiv  au MJS après cette rencontre avec Jérôme Poivey et que le mouvement sportif connaisse une fois pour toutes l’agenda du ministre par rapport aux amendements au Sports Act.
Vous êtes donc convaincu que le ministre s’ingère dans les affaires de la fédération ?
Dans certaines fédérations oui et je ne sais pas trop pourquoi. Il ferme les yeux sur certaines fédérations comme par exemple le volleyball, mais ne laisse pas travailler la natation. Cela fait beaucoup de temps qu’on lui pose des questions sur le volley-ball à propos de ce qui se passe dans la reconnaissance des clubs. Que le volleyball est devenu une affaire de famille et que les clubs  attendent une assemblée générale élective depuis une année. Devanand Ritoo fait comme celui qui ne veut rien voir ni entendre sur le volley-ball. Mais ce n’est pas le cas pour la natation. En tant que député, je n’accepte pas cette politique de deux poids, deux mesures, il s’acharne contre certaines fédérations alors que d’autres font ce qui leur plaisent. Si on veut mettre de l’ordre, il faudra adopter la même attitude avec tout le monde.
Est-ce que vous pensez que la MFA aussi bénéficie d’un traitement de faveur ?
Absolument, surtout après que la MFA ait adopté des nouveaux statuts qui ne sont pas en conformité avec le Sports Act. La MFA a fait son job vis-à-vis de sa fédération internationale en appliquant ces nouveaux statuts. Mais quid de sa position avec les lois du pays. Pourquoi dans ce cas Devanand Ritoo ne brandit pas cette menace, comme il l’a fait pour la natation ? Je crois que la démarche de la MFA, qui est largement justifiée, est un carton rouge à Devanand Ritoo.
Pensez-vous que le nouveau Sport Act va être la solution miracle pour résoudre les conflits au sein des fédérations ?
C’est difficile d’en finir avec les conflits au sein des fédérations. Mais j’espère qu’une nouvelle loi apportera un peu plus d’ordre dans cet univers convulsif et qui le sera encore plus dans les mois à venir. Je tiens pour exemple ce qu’on a vu au niveau de la MFA qui était dirigée jusqu’à tout récemment par deux présidents.
J’ai cru comprendre qu’avec les nouveaux statuts, les membres exécutifs ne pourront plus faire de coup d’état puisque c’est l’assemblée générale qui choisit son président et son vice président. Je crois que cela devrait apporter une certaine stabilité. Petit à petit, on va devoir aller en détail dans les clauses de ces nouveaux statuts. Cependant le plus important pour le football c’est le niveau. On peut avoir des statuts et être reconnus par la fédération internationale mais il faut aussi progresser sportivement. J’espère que les nouveaux statuts aideront dans ce sens et que la MFA redevienne une fédération qui pense au football. Malheureusement j’ai récemment eu connaissance du dernier classement de Maurice et je dois dire que nous ne pouvons pas tomber plus bas.
Doit-on avoir honte de ce classement ?
Absolument, surtout quand on voit qu’il y a les Comores, les Seychelles et les Maldives qui sont mieux classés que Maurice.
Le club M a repris du service hier contre la Réunion. Quel est votre sentiment par rapport à cette reprise?
Cela fait une année que le Club M n’est pas en activité. C’est une aberration que j’ai moi-même dénoncée à plusieurs reprises. Qui est responsable de cette situation ? Entre la MFA et le MJS chacun se renvoie la balle ? Enfin il était temps que la sélection nationale reprenne du service mais de quelle manière ? C’est un match amical tant mieux, mais ce n’est plus possible de continuer ainsi; le Club M doit se remettre à l’ouvrage pour de bon et non ne s’entraîner que le temps d’un match. La sélection devrait être faite de manière permanente et même en période de compétition. Il faudrait que ce noyau arrive à fonctionner à n’importe quel moment et peu importe la compétition, nous serons prêts. En parlant du Club M j’ai cru comprendre que la MFA allait confier le poste de directeur a un certain Pietro Allata, personnage qui a été maintes fois mêlé à des scandales dans le monde du football. Il paraît que ce monsieur a déjà rencontré plusieurs personnalités du gouvernement. Il est clair que le MMM suit ce dossier de près et nous en parlerons dans les jours à venir.
Comment trouvez-vous le fait que la MFA demande le non-renouvellement du contrat de Christophe  Desbouillons, annonce l’embauche d’un DTN mauricien pour au final abandonner cette idée ?
Si la MFA comme vous l’affirmez a abandonné l’idée de recruter un DTN, cela relève de l’incompréhension. Aujourd’hui, qui va souffrir de cette décision ? Les joueurs évidemment, car le Centre de Formation se retrouve sans directeur technique. Mais qui s’en soucie ? Le ministre Ritoo ? Je ne pense pas vu son  inaction  pour corriger le tir. Alors que la MFA aurait dû faire de sa priorité l’embauche d’un DTN, on a cependant l’impression  que c’est un dossier clos. Ce que la MFA veut faire personne ne sait. Pourtant un DTN est primordial pour la formation.
Que pensez-vous de l’idée d’avoir un sélectionneur national pour le Club M ?
Si la MFA et le MJS arrivent à trouver un accord  pour payer les services d’un DTN et d’un sélectionneur national, pourquoi pas ? Avoir un DTN pour remettre de l’ordre  dans les centres techniques et faire de la détection dans les écoles de foot et les collèges entre autres est primordial. Il est important de bâtir à la base. Et quant au sélectionneur national, il n’aura qu’à se concentrer sur le Club M, mais il faudrait trouver la bonne personne.
Est-ce que vous pensez que la MFA va dans la bonne direction dans la promotion du football et a-t-elle failli dans sa tâche et ses responsabilités ?
Si nous prenons les résultats et le niveau du football actuellement, on a l’impression qu’effectivement la MFA a failli dans sa mission. La fédération doit donner un plus grand rôle aux comités régionaux, si nous voulons promouvoir le football à Maurice. Actuellement le rôle des comités régionaux se résume à organiser des compétitions pour les clubs de leurs régions. C’est vrai qu’on savait pertinemment bien qu’avec la régionalisation cela allait prendre du temps mais est-ce qu’on est entrain de faire ce qu’il faut pour qu’elle réussisse ? La réponse est non.
Le gouvernement a quand même organisé des compétitions de Street Football et Saturday Football League. Quelle est votre opinion sur ces compétitions ?
Pour moi ce sont des activités d’animations. On anime les quartiers et les régions, c’est pour la masse et pour permettre aux jeunes de se défouler. Rien de plus. Je ne crois pas que le Street Football permet de relancer le niveau de notre football. Je ne dis pas que ce n’est pas bien mais que se passe-t-il après ? A-t-on vraiment déniché de nouveaux talents ? Si oui, qui sont-ils et où sont-ils ? Est-ce qu’ils ont intégré des centres techniques. Je dirais la même chose pour les Jeux de l’Avenir et de l’Espoir. C’est juste pour épater la galerie et faire croire aux gens que c’est à travers de telles compétitions qu’on va obtenir des résultats, meme s’il n’y a rien de concret qui suit après.
Comment réagissez vous du fait que la fédération de Cyclisme fasse un Tour de l’île sans sélection nationale ?
Je n’arrive pas à comprendre une telle décision. Est-ce parce que le président de la fédération est en conflit avec l’entraineur national ? Si c’est vraiment le cas, je trouve cela dommage et surtout perturbant pour ce sport. Mais bon espérons néanmoins que nos cyclistes arrivent à briller lors de ce tour.
Un an après les Jeux des Iles et bientôt deux mois après les JO, notez-vous un changement pour le meilleur  dans le monde du sport?
Le ministre est quand même venu avec un comité de suivi et avec la nomination d’Eric Milazar comme préparateur physique. C’est la moindre des choses de mettre un comité de suivi. Mais il faudrait que ce comité  travaille en collaboration avec toutes les fédérations concernées. Quant à Eric Milazar j’espère qu’on lui donnera les moyens pour faire son travail, sinon dans quatre ans il sera l’excuse tout trouvée pour expliquer les contre-performances.
Pour revenir au cas d’Eric Milazar, comment réagissez vous du fait que cet homme qui a porté haut le quadricolore mauricien éprouve tant de mal à trouver un contrat d’embauche avec le ministère des Sports ?
Au risque de me répéter, il y a la politique du gouvernement qui doit être revue sur cette question. Ce n’est pas possible qu’un athlète qui a tant donné et sacrifié pour le pays se retrouve dans une telle situation. L’Etat doit savoir se montrer reconnaissant envers ces athlètes.
Ce que nous retenons dans vos réponses c’est le mot « élite . Doit-on comprendre que le MMM ne s’intéresse plus à la masse ?
Pas du tout, d’ailleurs le sport de masse a toujours été une de nos priorités. A l’époque où nous avons géré les municipalités, nous avons organisé beaucoup d’activités en collaboration avec les fédérations et les comités régionaux et les comités d’animation de quartiers. D’ailleurs je pense qu’il est primordial de définir le rôle des collectivités locales dans le Sports Act pour la promotion du sport. Sinon je ne vois pas l’utilité d’avoir un budget sport pour les municipalités et  les conseils de districts. Les collectivités locales ont un grand rôle à jouer dans la promotion du sport de masse.
Beaucoup de personnes pensent que le sport est mort à Maurice. Quelle  est votre opinion sur la question ?
Le sport n’est pas mort mais il est dans un état lamentable. Si nous ne prenons pas les actions nécessaires pour redorer le blason du sport local dès maintenant il sera trop tard demain. Certes c’est un gros travail qui demande du sérieux et de la sincérité. Il faut garder à l’esprit que le sport est un élément rassembleur et d’intégration. Il faut mettre le maximum de moyens pour que le sport retrouve son lustre d’antan et avoir  une vision dans le long terme. Et évidemment arrêtons avec les conflits et les cas de favoritisme. Nous avons parlé du CSR, combien d’associations pro-gouvernementales ont été mises sur pied pour faire un travail politique grâce aux fonds du CSR alors que d’autres associations qui devraient avoir cette reconnaissance ne l’ont pas. Cela doit s’arrêter. Le sport doit bénéficier des fonds du CSR et de la loterie nationale.

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