Mondial terni…

En décidant de confier, en 2010, l’organisation de la 22e Coupe du monde qui débute, dimanche prochain au Qatar, la Fédération internationale de football associations (FIFA) commettait l’une des plus grosses erreurs depuis sa création en 1904. D’un point de vue éthique d’abord, avec une reprogrammation contestée et très critiquée des dates — novembre-décembre au lieu de juin-juillet !
Il y a eu ensuite l’affaire des allégations de corruption qui ont éclaté, peu de temps après. Un scandale sans précédent et qui n’a pas été sans conséquence entraînant, du coup, dans son sillage, l’ancien patron de la FIFA, Sepp Blatter et Michel Platini, alors celui de l’Union européenne de football associations (UEFA).
Récemment acquittés, ils ne sont toutefois pas totalement tirés d’affaire avec le parquet Suisse qui a décidé de faire appel ! N’oublions pas non plus qu’en 2011, le Qatari Mohamed Bin Hammam, alors président de la Confédération asiatique, avait été banni à vie de toute activité liée au football par la FIFA après avoir été reconnu coupable de corruption et d’achat de voix !
Et pourtant, l’actuel président de la FIFA, Gianni Infantino, a récemment déclaré: « Tout est prêt (pour) la meilleure Coupe du monde de tous les temps » ! Avec des moyens financiers colossaux dont dispose ce petit pays du Moyen Orient, ce Mondial se doit forcément de l’être. Du moins, d’un point de vue organisationnel, technologique et des infrastructures !
Ce qui est aussi certain, c’est que ces messieurs de la FIFA ne devraient pas avoir à se plaindre ! Cela, en tenant compte des gros moyens déployés pour assurer, non seulement le confort des joueurs, mais aussi le leur ! Dans ce contexte, ne serait-ce effectivement pas « la meilleure Coupe du monde de tous les temps » ? N’est-ce pas M. Infantino ? Au même titre que celui ou ceux de la Mauritius Football Association qui devraient faire le voyage, dont très probablement le président Samir Sobha.
Aussi, ce Mondial se jouera beaucoup dans la démesure. La preuve: les stades climatisés dans un pays au climat désertique et où la température atteint parfois 31 degrés, même en hiver ! Une démarche pas au goût de nombreux défenseurs de la planète en considérant les grosses émissions de gaz à effet de serre ! Malheureusement, ce sera le prix à payer pour permettre aux footballeurs d’exercer dans des conditions décentes. Quitte à ce que les générations futures en fassent ensuite les frais de façon dramatique !
Visiblement, ces messieurs de la FIFA n’y avaient pas pensé ! Même que l’ancien patron Sepp Blatter avait reconnu, en 2014, que c’était une « erreur » ! Bien trop tard malheureusement, alors le “Qatargate” avait déjà éclaté, exposant au grand jour les failles d’une FIFA trop souvent obnubilée par des intérêts qui dépassent largement le simple cadre sportif.
Déplacer le tournoi à novembre-décembre a, qu’on le veuille ou non, mis les associations nationales dans l’embarras, les forçant à repenser leur calendrier. Alors qu’un Mondial calée pendant la période juin-juillet, donc en fin de saison, a toujours permis aux joueurs de souffler avant d’arriver dispo en compétition ! Un mécanisme bien rodé et qui a fait ses preuves pendant près d’un siècle !
Les entraîneurs ont été aussi pris de court devant ainsi s’adapter différemment pour un début de saison inédit. Si nombreux ont préféré jouer profil bas, en revanche, l’entraîneur allemand de Liverpool, Jürgen Klopp, a, fidèle à son caractère, mis une couche en déplorant la décision de la FIFA de faire jouer ce Mondial au Qatar ! Tout en espérant que ses joueurs retourneront de ce Mondial sans pépin physique.
Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour certains joueurs actuellement. La liste des blessés ne cesse d’ailleurs de s’alourdir. Les Français Paul Pogba et N’golo Kante seront indisponibles, au même titre que le Portugais Diogo Jota et l’Allemand Timo Werner pour ne citer qu’eux.
D’autres ont, eux, opté pour la méthode du « frein à main ». Cela, au détriment des performances questionnables en club ! Faut-il les comprendre, notamment ceux qui ont déjà atteint la trentaine et dont ce sera très probablement le dernier mondial ? D’autant que nous savons tous à quel point une Coupe du monde est sacrée, voire considéré d’étape ultime et suprême de toute une carrière.
Croisons donc les doigts que les derniers matchs de ce week-end n’affectent pas encore les organismes. Aussi, les supporters, acteurs clés dans la réussite de cette compétition, se retrouvent, eux, entre deux feux : leur passion pour le foot et les restrictions imposées par les organisateurs et diamétralement opposées à l’ambiance des grands jours ! Même que les organisateurs envisageraient d’offrir des invitations pour booster ce domaine, mais en échange des commentaires positifs sur ce Mondial !
La FIFA avait-elle pris en compte toutes ces conditions avant d’attribuer ce mondial au Qatar ? Pas vraiment ! Au même titre que les conditions déplorées des travailleurs migrants et ceux qui ont péri tragiquement sur les chantiers de construction ! Non sans oublier à quel point ce pays est pointé du doigt à l’échelle des droits humains !
Espérons qu’à l’heure du coup d’envoi, dimanche prochain, on assistera à du vrai football. Souhaitons aussi que l’esprit du beau jeu primera au delà du football business, “bling-bling” et autres artifices dans lesquels est, pour l’heure, emballé un Mondial critiqué et surtout terni pour des raisons évidentes.

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