Natation : Le MMIL fait une demande de reconnaissance pour lancer une académie !

– Cette démarche est qualifiée de déplacée et de révoltante dans les milieux concernés car contraire à la Sports Act 2016

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– Les nageurs devront être licenciés à la FMN…à travers l’académie avec le montant du “license fee” coûtant le double de celui pratiqué en club !

Le Mauritius Multisports Infrastructure Limited (MMIL), par le biais d’une récente correspondance, a informé la Fédération mauricienne de Natation (FMN) de son intention de mettre sur pied une académie de niveau international et qui sera basée au complexe sportif de Côte d’Or. L’approbation et la reconnaissance de la fédération sont recherchées pour ce qui sera désormais connue comme la Côte d’Or Swimming Academy ! Sauf que cette démarche n’est pas en ligne avec la Sports Act 2016 étant donné que pour y être éligible, le MMIL doit d’abord être affilié à la fédération. Ce qui ne serait pas le cas de cet organisme ! Les conditions « imposées » par le MMIL dans le cadre d’une éventuelle reconnaissance lancent la polémique avant même la concrétisation de la Côte d’Or Swimming Academy.

C’est une demande qui est diversement commentée dans les milieux de la natation mauricienne pour des raisons évidentes. Selon nos informations d’ailleurs, la question a déjà fait l’objet d’un tour de table, lors de la semaine écoulée. Même si les avis divergent, la question est maintenant de savoir si la FMN cédera face à ce qui est considéré, à un tout autre niveau, comme des pressions qui émaneraient de la fameuse “lakwizinn”. Cela, en prenant sérieusement en considération les conditions qui sont « imposées » à la fédération, pourtant seule instance habilitée à représenter la discipline sur le sol mauricien.

Sauf que ces responsabilités fédérales pourraient très bientôt être menacées avec l’élaboration d’une nouvelle Sports Act. Une loi sportive qui, comme nous le savons déjà, accommoderait la National Sports and Physical Activity Policy, lancée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en octobre 2018. La correspondance du MMIL fait d’ailleurs référence à une partie du discours budget du PM de 2019-20 to “develop a portfolio of Sports Academies of international standard at Côte d’Or”.

La FMN mise au pied du mur ?

Il est aussi précisé “as a nationally mandated objective, the support of the Mauritius Swimming Federation is key in achieving this aim” ! En somme, tout porte à croire, à la lecture de cette démarche, que la FMN aurait été, indirectement, mise au pied du mur ! Reste maintenant à savoir ce qu’elle décidera. La FMN acceptera-t-elle de perdre une partie de son autonomie en se pliant devant ce qui est considéré comme des « pressions à peine déguisées » sur la place publique ? Ou fera-t-elle comprendre à qui de droit que c’est elle l’unique instance qui gère la natation à Maurice et qu’elle le demeurera encore longtemps, afin de veiller à ce que les droits de ses membres ne soient lésés ?

Sur un plan purement légal, on dira que cette démarche sonne faux compte tenu du fait que le MMIL n’est pas affilié à la fédération ! La Sports Act 2016 est du reste plus que révélatrice particulièrement la partie III sub-part A (4) (c), “A National Sports Federation shall consist of sports clubs registered under the Registration of Associations Act for the practice of the sport for which the National Sports Federation is responsible”.

Or, comme nous l’avons constaté, il n’est nullement question de “Sports Academies” lorsque référence est faite au rôle et au fonctionnement des fédérations. La section 5 (c) (Objects of National Sports Federations) le confirme encore : ”Every National Sports Federation shall (a) ensure that every sports club affiliated with it or with its regional sports committees comply with this Act.”

En revanche, ce qui interpelle, bien plus loin dans la loi, c’est la Part XI-Miscellaneous, plus précisément la section 47, où il est précisé que “The Minister may, for the purposes of this Act, in collaboration with National Sports Federations and such other person or organisation, whether local or international, as he may determine, set up such sports academies as he may consider necessary”. Donc, à la discrétion du ministre de tutelle, Stephan Toussaint. Sauf que, dans le cas précis, ce tour d’équilibriste est tout simplement impossible en tenant compte des réalités de la loi sportive. Même s’il semblerait que c’est sur cet aspect très précis que les concepteurs du Côte d’Or Swimming Academy aient capitalisé en attendant la refonte prochaine de la Sports Act 2016.

Un format qui dérange

Aussi, les conditions imposées à la FMN, selon la correspondance du MMIL, sont révoltantes. Ainsi, apprenons-nous, il est demandé à ce que les nageurs soient directement licenciés à la FMN…à travers l’académie ! Est-ce à dire qu’il y aura deux types de licences, voire deux instances émettrices de licences à Maurice ? On trouve aussi déplorable que le MMIL suggère que le “annual license fee” pour les nageurs et les entraîneurs soit le double que celui pratiqué au “normal club rate” ! Est-ce un Etat dans un Etat ? D’autant que les nageurs auront le privilège de profiter pleinement des facilités offertes par une piscine appartenant…à l’Etat. Contrairement aux autres clubs qui se sont récemment vus imposer une limitation au niveau de l’utilisation des couloirs des autres piscines.

Le MMIL évoque aussi la possibilité que les nageurs de l’académie puissent être sélectionnés pour des compétitions internationales. La question qui reste posée est de savoir qui sera responsable de faire la sélection ? Est-ce sur recommandation du directeur technique national, de l’entraîneur national ou d’un comité de sélection comme le veut la Part III, Sub-Part A (6) (1) (h) ? Ou est-ce le MMIL ou encore la Côte d’Or Swimming Academy qui imposera ses nageurs ?

On s’arrêtera, pour l’heure, à ces réflexions et notamment à ces règlements bien plus qu’explicites et auxquels devraient, logiquement, reposer sur les principes sacro-saints de l’autonomie des fédérations. Sauf que cette liberté fédérale semble être désormais menacée selon le format qui est « imposé » par ces nouveaux petits princes du jour ! Un format et des impositions qui dérangent, même si ses concepteurs peuvent, eux, estimer que cette académie peut se révéler être dans l’intérêt de la fédération et de la natation.

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