Tony François, sélectionneur du Club M : « La mentalité doit changer »

Il est une référence pour les jeunes footballeurs. Connu pour faire partie de ce cercle très fermé, des meilleurs finisseurs que Maurice ait connu, et cela après avoir défendu les couleurs de Bolton City, de Roche-Bois Boy Scout, de la Fire Brigade, de Pamplemousses SC, l’Union Sportive de Beau-Bassin Rose-Hill (USBBRH) et de l’Association Sportive de Rivière-du-Rempart, Tony François (50 ans) fait partie de ces rares joueurs, à avoir terminé meilleur buteur du championnat, alors qu’il touchait ses 40 piges. Un modèle de professionnalisme dont beaucoup d’ailleurs au pays, devrait s’en inspirer. Depuis la semaine écoulée, le technicien qui s’est fait une place au soleil sur le banc, en guidant le Pamplemousses SC vers le succès, en tant qu’entraineur veut maintenant franchir un palier, dans sa progression. Comme d’autres internationaux mauriciens avant lui, il occupe désormais le poste de sélectionneur de l’équipe nationale de football. Une suite logique, étant donné qu’il a gravi les échelons à vitesse, Grand V. Il a eu sa chance, à lui maintenant de bien la saisir, afin d’en faire une équipe digne de ce nom. Dans l’interview qui suit, Tony François nous livre ses impressions, ainsi que ses objectifs, pour le Club M, avec cette envie de proposer un jeu tourné vers l’avant, pour remporter des victoires.

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Après avoir porté les couleurs du Club M et ayant eu une riche carrière, en tant que joueur et entraîneur, était-il inévitable de prendre les rênes de la sélection nationale ?

Après ma carrière de joueur, j’ai réalisé mes formations pour devenir entraîneur et cela m’a donné encore plus de motivation, d’aider le football mauricien. Mes passages dans mes précédents clubs ont été plutôt satisfaisants, même si, j’ai encore beaucoup à apprendre dans ce milieu. Prendre la responsabilité du Club M, est très compliquée, surtout dans un moment où le football est en pause. J’ai accepté cette proposition, car c’est avant tout un challenge, car je pense que c’est le rêve de tout entraîneur, surtout ceux qui ont porté les couleurs du Club M et de le diriger un jour. La progression selon moi, n’est pas de rester dans sa zone de confort, et j’espère pouvoir apprendre au maximum, en tant que sélectionneur.

Quelle a été la réaction de vos proches ?

Ils sont très contents pour moi, mais ils savent que ce ne sera pas très compliqué. C’est une grande responsabilité, je ne ferai pas de miracle, mais je me donnerai au maximum, pour que le Club M puisse se hisser vers le haut.

La gestion d’un club et d’une sélection nationale est très différente, avez-vous des appréhensions sur ce nouveau rôle ?

Des appréhensions pas vraiment, mais selon moi, la gestion d’un club est beaucoup plus difficile qu’une sélection nationale dans l’organisation d’une équipe. Avec mon nouveau staff technique, on devra miser sur les joueurs qui ont une bonne mentalité et l’envie de vraiment porter les couleurs du Club M. Les choix se porteront sur les joueurs qui ont la capacité de s’adapter à la philosophie que mon staff et moi, souhaitent mettre en place.

Sachant que plusieurs sélectionneurs ont échoué à ce poste. Que pensez-vous pouvoir apporter de plus, au Club M ?

Je pense pouvoir apporter des joueurs qui s’adapteront au système de jeu que nous allons appliquer. Avec mon staff technique, nous miserons beaucoup sur les jeunes, car j’ai pu voir que certains joueurs qui ont de l’expérience au sein du Club M, ne se sont pas donnés à fond tactiquement, et c’est là, qu’un jeune voudra certainement apprendre et apporter beaucoup plus à la sélection.

Donc, les cadres qui ont joué face au Sao-Tomé Et Principe (en décembre 2019), seront mis à l’écart ?

Je ne dirais pas cela, mais chaque coach a un œil différent, sur un joueur. Si un technicien a vu uniquement son point fort, peut-être qu’un autre, verra ses faiblesses. On devra certainement voir, l’état de forme des joueurs.

En parlant de l’état de forme des joueurs, la majorité des joueurs sont restés à l’écart des terrains, avec le confinement et l’annulation de la saison précédente. Comment votre staff technique procèdera-t-il dans le choix des joueurs ?

Le travail commencera lorsque le championnat démarrera et delà, petit à petit on fera nos choix.

Ayant été recruté par la MFA, aurez-vous avec votre staff technique le monopole des choix de joueurs ?

Bien évidemment, car c’était une, de mes premières recommandations.

Maurice se classe désormais à la 172e place au classement de la FIFA. Qu’en pensez-vous ?

Il faut prendre en compte que cela fait déjà très longtemps que le Club M ne joue pas, donc ce classement n’est pas une surprise. Il va s’améliorer lorsqu’on va renouer avec la compétition continentale et internationale.

Pensez-vous qu’après les Jeux des Iles, certains cadres du Club M ont perdu leur humilité et ont commencé à prendre la grosse tête ?

La mentalité des joueurs doivent changer, car ils sont là uniquement pour jouer au football. Lors des JIOI, j’ai eu ce sentiment qu’il n’y avait pas ce sérieux, de défendre réellement le Club M. Je n’aime pas comparer ma génération et celle d’aujourd’hui, car dans le football moderne, ils ont beaucoup plus de facilité. Toutefois, nous avions une mentalité beaucoup plus professionnelle et surtout, en ce qu’il s’agit de notre hygiène de vie. Il faut comprendre également les joueurs, car plusieurs d’entre eux, ont été découragés par les récents évènements. Certains ont pris énormément de poids et désormais, ils devront se remettre en question.

Donc un préparateur mental est indispensable dans votre staff technique ?

Effectivement. Nous aurons des rôles bien définis que ce soit, sur le terrain, ou dans les gradins, et cela afin de récupérer le maximum d’information, pour aider le Club M.

Quelle sera la fréquence des entraînements de la sélection, sachant que les championnats nationaux reprendront en novembre ? Il était prévu que les mardis et les jeudi, la présélection se retrouverait, mais avec les championnats qui vont reprendre, ce sera les mardi, afin que les joueurs soient au meilleur de leur forme pour leur club.

Une seule séance sera-t-elle suffisante ?

Oui, car cela s’appliquera lorsqu’il y aura des compétitions et bien évidemment, cela augmentera lors de coupures internationales.

Les joueurs mauriciens devront-ils s’inspirer des étrangers qui viennent évoluer dans notre championnat ?

De certains, mais pas tous. Le professionnalisme de certains, mérite du respect.

L’annonce d’un nouveau sélectionneur n’est pas appréciée de tous. Allez-vous installer des règles précises, au sein de votre groupe ?

Bien évidemment. J’ai toujours été exigeant envers moi-même que ce soit dans ma carrière de joueur ou d’entraîneur. La discipline sera primordiale et la mentalité doit changer. Si le respect n’est pas mutuel, ce sera un gros problème pour l’ensemble du groupe.

Lors de vos passages au Pamplemousses SC et de l’ASVP, votre style de jeu était très offensif, sera-t-il de même, pour le Club M ?

On devra s’adapter aux adversaires. La tactique sera probablement sur le 4-2-3-1 comme cela a été le cas dans mes clubs, mais il faudra le travailler encore plus. La complexité dépendra de notre adversaire, mais avec deux milieux très défensifs qui seront les moteurs de l’équipe.

Avez-vous établi une première présélection ?

Non, mais cela se fera très bientôt. Il n’y aura pas uniquement des joueurs de la Super League. Car j’assure que nous visons beaucoup plus loin. Il y a des joueurs, (compte tenu de leur responsabilité professionnelle) qui sont contraints à évoluer en D1, D2, ou le niveau régional. J’ai eu l’occasion de voir certains évoluer, et je dois dire que j’ai été agréablement surpris.

Qu’avez-vous pensé du football professionnel à Maurice, lors de ses débuts en 2014 ?

Cela a aidé certainement un bon nombre de joueurs, mais je pense que le recrutement des joueurs a été mal fait. En recrutant un joueur qui a une bonne formation depuis l’enfance, vous aurez des résultats, car il a cette mentalité de gagnant. Mais un joueur qui défend les couleurs d’un club uniquement pour un salaire en fi n de mois, je pense que cela a été le point négatif du football professionnel.

Par rapport aux expatriés, allez-vous les intégrer dans le groupe ?

On devra les appeler, si vraiment ils sont à la hauteur et s’ils jouent un bon niveau. Des joueurs comme Lindsay Rose seront des cadres, pour le Club M.

Depuis plusieurs années déjà, les meilleurs buteurs ont été des étrangers à l’exemple des Malgaches Fabrini Razah ou Branly Zizi. Pensez-vous que les attaquants mauriciens sont en manque de réussite ?

En regardant bien le championnat local, plusieurs dirigeants ont des objectifs à court terme et c’est là qu’ils recrutent des étrangers, et de ce fait, les attaquants mauriciens n’ont pas de chance, de s’exprimer et par la suite, ils se voient changer de poste, juste pour pouvoir jouer.

En regardant les dernières rencontres du Club M, est-ce que c’est le collectif qui doit être pointé du doigt, ou un poste clé ?

Je ne suis pas là pour analyser les résultats du passé. Je dois adapter mon jeu au Club M et ce sera mon premier objectif, avec mon staff technique.

Vous aurez également le soutien de Colin Bell et de Jérôme Thomas, pour vous épauler au sein du Club M, n’est ce pas?

J’ai un énorme respect pour ses deux coachs, car ils ont dirigé deux belles équipes durant les saisons précédentes. Avant d’accepter la proposition de la MFA, on s’est rencontré lors d’une réunion qui a duré quatre heures, c’est pour vous dire le sérieux autour de ce projet.

La hiérarchie dans le staff technique était primordiale!

C’est pas parce que je suis le no1 que toutes les responsabilités doivent être mises sur mes épaules. On sera un groupe et comme une équipe de football, si les 11 joueurs ne se donnent pas à 100%, la défaite sera inévitable.

Quant est-il des prochaines rencontres du Club M ?

On devrait participer à un tournoi triangulaire, organisé par Madagascar, mais comme le championnat n’a pas débuter, disputer cette compétition, allait être une mission suicide, en sachant le niveau des Barea. Lors des coupures internationales, on visera des matches amicaux. Nous avons également l’intention d’organiser une rencontre de préparation, face aux étrangers qui évoluent à Maurice, ce qui pourrait être très intéressant, dans un premier temps.

Pensez-vous réussir à ce nouveau poste ?

Le temps me le dira. Mais, je suis conscient que les critiques pleuvront, lors des défaites. Nous sommes dans la restructuration de la sélection nationale et cela, prendra un peu de temps, avan

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