Contempt !

En enlevant à la MTCSL son droit à une journée qu’elle avait dû annuler sur l’autel d’un complot ourdi par une main invisible traduit sous forme d’un boycott de certains entraînements asservis à une puissance maléfique et la confier unilatéralement à son concurrent, People’s Turf PLC, était déjà un acte fort condamnable et révoltant. En effet, les autorités gouvernementales que sont la Gambling Regulatory Authority (GRA) et la Horse Racing Board (HRD) ont agi avec mépris et dédain envers le MTC, mais pire, ont commis un outrage à ses droits fondamentaux d’organiser sa journée de courses en vertu d’un contrat entre les parties. Ce qui est d’emblée un véritable un abus de pouvoir est également un contempt qui dans le Cambridge dictionary se définit comme « un strong feeling of disliking and having no respect for someone or something. »

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Cette usurpation de l’organisation d’une journée hippique qui lui revient de droit mais donnée abusivement au PTP du couple KK Ubheeram-JM Lee Shim est une prolongation du coup d’État contre le MTC, organisé par le gouvernement de Pravind Jugnauth, qui n’a pas manqué d’afficher ses préférences publiques au Parlement. Cela s’est traduit dans les faits par la mise sur pied du jour au lendemain d’une instance quasi fantomatique, la COIREC, pour supplanter la municipalité de Port-Louis dans le but d’enlever au MTC le bail légal qui lui donnait jusqu’à ce moment-là la jouissance exclusive du Champ de Mars jusqu’en 2028. Cet acte a délibérément ouvert la voie royale à l’entrée en scène d’une organisation novice, mais pourvue de finances illimitées dont chacun se demande encore d’où elles proviennent réellement, excepté les autorités financières du pays qui ne voient rien, qui n’entendent rien et qui étrangement ont perdu le flair. Il est bien entendu que toute relation entre cette nouvelle compagnie organisatrice de courses, née de nulle part en un claquement de doigts, avec des organisations multidimensionnelles de paris ne serait que fortuite !

On a pu être dubitatifs par certaines décisions du monde judiciaire ces derniers temps, mais celle prise en chambre par la Senior Puisne Judge et chef juge par intérim, l’honorable juge N. Devat dans l’affaire opposant la MTCSL à la GRA-HRD a de quoi raviver la confiance dans certaines institutions lorsqu’elle décide de « grant after consideration a stay of the Second Decision of the Gambling Regulatory Authority (GRA) and the Horse Racing Division (HRD) authorising People’s Turf to hold the additionnal race day on 25 septembre 2022 and this pending determination of the present application. »

Certes, l’affaire n’est pas finie et se poursuivra le 10 octobre, mais en l’état, PTP ne pourra organiser la journée additionnelle octroyée par la GRA-HRD le 25 septembre, comme précisé par le jugement de la cour, ce qui ne remettait pas en cause la journée du samedi 24 septembre. On s’étonne donc que le Head of the HRD, qui n’a même pas le courage de signer de son nom, en l’occurrence Wayne Wood — nous supposons qu’il est toujours le Head of the HRD, même après ses tests médicaux —, se prévalant de la décision de la juge Devat, concède qu’il a « put on hold » la 23e journée comme décidé par la Cour, mais décide de son propre chef de « void the entries of both Saturday 24th September 2022 and Sunday 25th September 2022 » et de programmer l’unique journée, le 25 septembre, le jour de la journée annulée par le ruling de la juge Devat.

Serait-ce là un flagrant contempt of court ? Même si la GRA et la HRD, qui en vérité ne font qu’une, se signalent par des écarts de conduite menant parfois à des abus de pouvoir et brandissent « the best interest of racing » comme argument, la HRD a pris une initiative de son propre chef, qui apparaît être en conflit direct avec une décision de justice qui lui demandait d’annuler la journée du 25 septembre, mais pas celle du samedi 24 septembre. Bizarrement, la HRD de Wayne Wood a annulé la journée du samedi 24 septembre pour la reprogrammer pour le 25 septembre sans en avoir au préalable fait une demande en bonne et de la forme à l’institution qu’est la justice mauricienne. En bref, la question qui se pose est : est-ce que « le best interest of racing » peut avoir préséance sur une décision sans équivoque de l’institution judiciaire suprême du pays ? Si c’est non, il y a bien contempt of court et des actions sans équivoque doivent être prises pour sauvegarder l’honneur et l’intégrité de la plus haute instance judiciaire du pays.

À peine de retour à Maurice après une absence officielle pour des tests médicaux, parmi les premières initiatives de Wayne Wood figure aussi sa surprenante déclaration sur la détérioration de la piste du Champ de Mars sur laquelle la sonnette d’alarme avait déjà été tirée de longue date. Son réveil de la torpeur sur cette situation dénoncée à maintes reprises par le MTC surprend par son timing et son contenu, où il révèle « I attended track work on Wednesday 14th September 2022, noticing how sections has degenerated over the last months. Prior to my departure, I had replied to a letter from COIREC, explaining my thoughts on how to improve the maintenance of the Champ de Mars ». Non seulement il cloue au pilori la COIREC, qui n’a rien fait sur ses recommandations depuis son départ jusqu’ici, mais il vient aussi prendre à contre-pied son vrai patron, Dev Beekhary, de la GRA, à qui le PM a aussi personnellement confié la tâche de veiller sur le Metro Express, sur le développement de l’aéroport de Rodrigues et plus récemment sur le Duty Free à l’aéroport de Maurice, partout où l’odeur de l’argent peut être respiré à pleins poumons. Dev Beekhary avait vertement critiqué le MTC pour l’entretien « archaïque » d’une piste où ont monté dans le passé des cracks jockeys comme Dettori, Soumillon, Samani, Llyod, Fradd, Hatt, et bien d’autres qui n’ont jamais rien eu à redire à ce propos. Pire, le sieur Beekhary, qui aura à rendre des comptes le moment venu, avait promis « que c’est NOUS qui ferons ce travail avec des méthodes modernes et une équipe compétente et qualifiée ». Anne, ma sœur Anne…

Fortuite ou délibérée, cette sortie de Wayne Wood, qui, il faut le rappeler de temps à autre, possède un palmarès et un passif très compromettant, coïncide avec le « coming out » de Petit Gamin, qui se voulait être réservé à une coterie, mais qui est aujourd’hui un secret de Polichinelle, parce que le site de People’s Turf n’a pu, comme tout puceau, se retenir ! Même si l’« l’ultimate boss » des pistes de courses de Balaclava a un moment déclaré que ce centre hippique flambant neuf — mais en vérité si veule et manquant de finesse — avait une autre vocation qu’organiser les courses hippiques. Aujourd’hui nécessité fait loi. Et toutes les avenues pour engranger toute ressource financière disponible sont devenues prioritaires. Certes, le fait brutal de la détérioration de la piste du Champ de Mars est préoccupant, mais ce qui l’est vraiment, c’est la perspective de la fin de saison qui approche et la réalité monétairement douloureuse que des mois sans courses vont s’écouler avant la prochaine saison.

Six mois de courses, c’est loin d’être suffisant pour garantir le financement de partis, mais aussi les hommes politiques, surtout que les échéances électorales approchent et qu’il vaut remplir — pas les coffres, quoiqu’il ne faille pas totalement écarter cette possibilité, quand on connaît le sens de l’opportunisme du généreux donateur —, mais les caisses du parti au pouvoir.

Des informations anodines qui sont distillées dans le public annoncent que des courses pourraient même avoir lieu en janvier de l’année prochaine en soirée, même sans public, puisqu’il n’y a pas de tribunes et que les voies d’accès à ce lieu sont vraiment trop étroites pour accueillir des événements avec public. Reste qu’une telle activité commerciale sur une piste en sable importée dans une région si chaude où la végétation naturelle a été rasée et que des infrastructures importantes abritant des chevaux ont été érigées sans étude d’impact environnementale (EIA), à proximité d’une zone d’habitation de maisons de luxe, et d’importants hôtels, posent des problèmes et sont à la limite pas en totale conformité avec nos lois. Il s’agit là aussi d’un contempt contre la nature et l’environnement.

Les suppos de Jean Michel Lee Shim peuvent toujours clamer qu’il a une vision, des idées, qu’il entreprend. Certes, il faut le reconnaître, car dans ce domaine, il y a eu peu d’initiatives louables ! Mais il y a encore des règles et des lois dans ce pays, surtout pour des activités où le public est concerné. Il manque à ses projets de la visibilité et de transparence publique sur les sources of funds qui sont abyssales. Ses relations incestueuses avec les acteurs hippiques pour celui qui est la pierre angulaire et le mastermind d’une partie importante des organisations de paris à Maurice, surtout à cote fixe — même s’il affirme n’être qu’un consultant, ce qui est déjà un aveu patent de conflit d’intérêts — entame la confiance du public dans la régularité du déroulement de certaines courses qui se traduisent par des sanctions légitimes de jockeys fautifs, même si nous trouvons que l’acharnement sur le jockey de son rival est « dominer » et suspect. De ce fait, ses relations — comme témoigné par une photo parlante — avec les professionnels de courses qui ont dans leurs boxes de chevaux qui lui appartiennent, qu’ils les louent ou pas, ne sont pas comme il veut le faire accroire « a storm in a cup of tea », mais bien les prémisses d’un cyclone intense qui finira par s’abattre sur son empire. Cela aussi relève du « contempt » pour le public turfiste et le public parieur comme défini par le Collins : « Having a contempt for someone, is having no respect for them and think they are unimportant ! »

 

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