Dangereuse interférence !

Alors que la bataille du président, élu démocratiquement pour occuper les fonctions de responsable du Mauritius Turf Club et du Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL), Jean-Michel Giraud, pour l’obtention de sa Personal Management Licence après une première victoire cinglante contre la Gambling Regulatory Authority (GRA), se poursuivra à la Cour suprême au lendemain du Maiden, le 4 octobre prochain, ceux qui ont provisoirement hérité de son pouvoir pour assumer l’intérim sont en train de se donner des galons au point où ils vont finir par offrir le scalp du MTCSL et du MTC sur un plateau aux princes de la GRA et au nouveau roi de la Horse Racing Division (HRD).

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Les dirigeants du tout nouveau MTCSL ont commis un grave impair, samedi dernier, en voulant interférer dans la décision des Stipes dans leur décision de poursuivre la journée ou pas, suite à la demande des jockeys en ce sens après qu’une pluie fine accompagnée de légers brouillards s’est abattue sur le Champ de Mars. Les directeurs du board du MTCSL doivent comprendre que pour tout ce qui concerne directement le déroulement des courses hippiques, surtout le jour des courses, comme la GRA, ils n’ont aucune autorité et aucun droit. Leur présence dans la stipe room est gravissime. Cela relève de la pression, d’autant qu’un avis du président a été émis sur la question. Que n’aurait-on pas dit, avec raison d’ailleurs, si cette présence ou intervention était celle des membres de la GRA ou de la HRD ? Une fois pour toutes, il faut se le dire, seuls les Stipes, et personne d’autre, ont droit de cité pour toute décision concernant le déroulement des courses et la journée hippique. Ils peuvent, eux, solliciter l’avis des professionnels des courses uniquement pour prendre leurs décisions. Toute présence extérieure de nature administrative, fut-elle du MTCSL, de la GRA, et qui n’est pas prévue, ni par les statuts ni par la loi constitue une ingérence que leur fonction administrative ne leur permet pas.

Les dirigeants du MTCSL ne sont pour l’heure que des gestionnaires de l’organisation administrative des courses, mais en matière purement hippique, ils n’ont absolument aucun droit. Et cela ne date pas d’hier. Paul France Tennant, le vétéran et sans doute recordman au poste d’aminitrateur/directeur de cette équipe, pourra leur rappeler comment Jean-Michel Giraud, alors président du MTC, avait lui-même dû instaurer une démarcation nette entre commissaires administratifs et commissaires de courses hippiques dans les années 1990 suite à des articles de Turf Magazine concernant la séparation des pouvoirs au MTC. Ils n’ont aussi qu’à demander à Brian Glover comment un simple coup de fil à la stipe room en pleine enquête lui avait fait passer un sale quart d’heure. En toute circonstance, le jour des courses, le boss c’est le Stipe, ce n’est ni la GRA ni sa HRD, ou encore moins le MTCSL ou le MTC. Ils ont tout le loisir de questionner la chambre des Stipes après coup pour évaluer le bien-fondé de leur décision et d’agir en conséquence dans le coup de l’action.

Personne ne sait à ce stade si cela relève de l’incompétence, ou de l’ignorance des règles, qui ne sont en aucune circonstance une excuse à des actes manqués, ou si c’est le pouvoir qui monte à la tête. Quoi qu’il en soit, dans le cas présent, celui qui aurait dû avoir fait l’économie de son avis « que si la piste est glissante, il faut arrêter les courses ! » aurait mieux fait de se concentrer sur la remise des coupes où il excelle, surtout qu’il n’avait jusqu’ici fait montre d’aucune expertise en la matière. Un avis, sans doute motivé par l’émotion engendrée par la chute du jockey Sonaram dans une course précédente, mais que tout connaisseur des courses savait n’avoir rien à faire avec l’état de la piste. La décision sage et éclairée du Chief Stipe et de son équipe, d’ailleurs approuvée par le sieur Wood, de poursuivre la journée nous rappelle qu’il y a encore des pilotes à bord de l’avion des instances décisionnaires des rues Shakespeare et Eugène-Laurent. Et c’est tant mieux.

Heureusement que le MTC a su maintenir son savoir-faire avec des professionnels aguerris qui ont une longue expérience des coulisses et de la piste du Champ de Mars. Si l’avenir du MTC ne reposait que sur les élus de passage, venus faire le défilé de mode ou la remise des prix, cela fait longtemps que les courses hippiques auraient fait du Cimetière de l’Ouest sa destination finale, alors qu’il poursuit sa route sur le versant est du Champ de Mars, lieu par excellence de tous les exploits hippiques depuis 1820.

Les Administrateurs devenus directeurs du MTSCL auraient été plus avisés de se montrer lorsque cela était nécessaire et de cesser de jouer aux abonnés absents dès que les patates sont chaudes. Comme quand la police s’était rendue au Champ de Mars pour tenter d’enlever les panneaux sur lesquels l’organisateur ne faisait que défendre son gagne-pain ou encore quand Wayne Wood veut rencontrer les employés du MTC sans en avoir demandé la permission à leurs employeurs. C’est dans ces moments-là qu’il faut faire preuve d’autorité ou de courage, et soutenir ses cadres qui font de leur mieux pour sauver ce qui peut être encore sauvé de ce qui reste de l’héritage des anciens.

Nous avons comme toujours le devoir de ne pas se taire ou garder sous silence certains relents de « collabos » qui arpentent les loges officielles du MTCSL ces derniers temps pour asseoir un pouvoir illégitime, saupoudré comme tous les pouvoirs accaparés et les dictatures de la planète, des élans de censure de la part de ceux qui ne sont que de passage… Ces attitudes sont souvent les prémisses d’une chute annoncée et d’une libération imminente. Le drame au MTC, c’est de n’avoir pas su et de ne toujours pas savoir comment se réinventer. Pourtant, le Hong Kong Jockey Club, qui était le chantre du mauvais élève, du mauvais exemple, a démontré qu’il était possible de s’élever au-dessus de la mêlée et faire côtoyer l’excellence avec l’excellence. Le résultat est qu’aujourd’hui c’est une référence mondiale. Malheureusement, le MTC-MTCSL n’a pas su s’en inspirer et continue à combiner et perpétuer un savoir-faire haut de gamme avec en parallèle un modèle de gestion et des pensées archaïques. Bref, de rester éternellement la proie des dilettantes.

Comme l’écrit fort justement l’écrivaine canadienne Marie Claire Blais : « C’est cela, le drame des dilettantes : ils ne sont que des amateurs éphémères de ce qui est éternel… » Tout est dit !

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