Étranges coïncidences

« The Gambling Regulatory Authority hereby informs the public that the board has, as from today 10th November 2022, appointed Mr D. Moodley as Racing Executive Officer at the Horse Racing Division. The board also appointed Mr D. Moodley as chairman of Stipendiary Stewards with immediate effect. »

- Publicité -

Ce communiqué de presse de la Gambling Regulatory Authority (GRA) émis à la veille de la double journée du week-end dernier peut apparaître comme une banalité, mais il y a beaucoup plus que cela à voir derrière cette missive de la bande à Dev Beekhary. Pour le poste de Racing Executive, qui apparaît comme étant un allègement des responsabilités du Head of the HRD, mais aussi une insuffisance sur son travail, à peine une année après sa nomination — surtout celles liées à l’organisation et au déroulement des courses in situ —, il y a eu un appel à candidatures en septembre dernier et nous ne savons s’il y avait d’autres candidats ou pas.

Cependant, la nomination du chairman of Stipendiary Steward par la GRA au lieu de le HRD, qui est imposée par la GRA à la HRD, apparaît comme étant un abus de pouvoir, tout au moins un désaveu public et cinglant du choix du Head de la HRD, Wayne Wood, qui avait, lui, instauré une rotation périodique entre les stipes qu’il avait recrutés pour occuper le Chair. La question se pose de savoir s’il n’y a pas eu ingérence, si ce n’est de l’abus de pouvoir de la GRA dans cette nomination qui est techniquement de la prérogative de la HRD. La vérité, c’est que la HRD ne fonctionne qu’à la baguette de la GRA, en tout cas de son chef déguisé, qui n’a jamais cessé de garder le contrôle absolu sur tous les aspects des courses hippiques,

Celui qui avait juré par tous les dieux que la HRD allait agir indépendamment savait pertinemment que cela n’allait jamais être le cas, car le but était d’enlever les regards et le poids de l’opinion publique sur la GRA, et par extension le gouvernement. À Turf Magazine, nous n’avons jamais été dupes sur cette mascarade, car sur la forme et dans le fond, comme nous le dénonçons avec constance, les ingérences de la GRA dans le domaine hippique sont incessantes, sournoises et parfois à la limite de la légalité. Le pire, c’est qu’elle n’est pas uniquement à la solde du gouvernement, mais surtout d’une main invisible et généreuse qui ne se cache plus… au point d’être aujourd’hui à la limite une gêne, pour ne pas dire un boulet, au pied de ce pouvoir qui traîne aussi quelques autres aussi dommageables malgré des réalisations infrastructurelles tangibles sur le terrain.

Pour en revenir à la double nomination de Deanthan Moodley, le Sud-Africain, dont les compétences en termes de stiping sont indiscutables, c’est le minutage et le patronage de la GRA qui interpellent. Une campagne malsaine a été menée contre le titulaire nommé par la HRD, jusque-là Riyaz Khan, qu’une organisation qui a l’oreille attentive de la GRA a accusé en substance d’avoir bousillé l’enquête concernant la victoire supposée favorisée de Zum Zum. Cette campagne vise surtout à entamer la crédibilité de la MTCSL, qui est devenue une cible de son concurrent, People’s Turf PLC (PTP), vu que l’opinion publique plaide plutôt en sa faveur comme étant un organisateur de courses plus fiable. À l’occasion, la MTCSL a pointé du doigt PTP pour « ses insinuations calomnieuses » et lui a fort justement rappelé à qui de droit que l‘organisateur historique des courses à Maurice n’a désormais « aucun contrôle sur la monte des jockeys ainsi que sur les courses qui se déroulent sous le contrôle exclusif de la HRD. »

Autant dire que PTP a déterré la hache de guerre et que la MTCSL a bien fait comprendre qu’elle ne se laissera plus faire dans sa nouvelle configuration. Malheureusement, pour PTP, son image déjà brouillée a été encore entachée par le coup de fil de Sonaram qui a connu une sanction bien en dessous de la faute, puisqu’elle a été faite sur la base de témoignages plutôt que sur le relevé des appels téléphoniques qui auraient été plus parlants.

Dans cette conjoncture, la nomination sine die de Moodley comme Chief Stipe par la GRA constitue une « demotion » de Riyaz Khan, qui, il ne faut pas l’oublier, était celui qui avait, en compagnie de Wayne Wood, effectué le tirage au sort des lignes du Maiden, que cette même GRA avait invalidé. Depuis, les deux sont dans le collimateur de la GRA. D’où sans doute la promotion express de Moodley, qui a reconnu avoir d’excellentes relations avec Dev Bheekary, et qui devrait succéder à l’Australien si les rumeurs du départ prématuré de ce dernier en décembre se confirment. Sa discrétion, depuis l’incident qui a poussé le MTC à renommer la Princess Margaret Cup, est un signe…

En tout cas, Moodley est désormais celui qui apparaît être le seul pilote du control of racing. On ne sait s’il veut impressionner ses maîtres de la GRA, mais il a débuté sa carrière en solo comme un shérif des navets américains. Il a d’abord mis tous les jockeys devant leurs responsabilités de façon très ferme. Puis, à la surprise générale, il s’est appuyé sur un Rule qui n’a plus cours sur les meilleurs hippodromes étrangers pour « stand down » le jockey de Souza, de l’entraînement Mahadia, sans fournir aucune raison au moment de sa décision. Il s’est apparemment ému d’un mouvement de mécontentement d’une partie de la foule acquise d’avance, puis invectivée par un entraîneur concurrent, qui a été récemment vu festoyant avec son jockey en bonne compagnie, sans que la HRD ne s’en émeuve, et personne ne s’en est étonné ! D’ailleurs, la suite de l’appel du jockey de cet entraîneur se fait toujours attendre…

Il faut être clair, la monte de Souza dans l’épreuve en référence mérite considération et enquête, et sans doute sanction exemplaire. Mais la fin ne peut justifier les moyens. Le priver de monte pour le reste de la journée et le lendemain sans une enquête, sans l’avoir écouté, sans la version de l’entraîneur est un non-sens hippique, et contraire à la justice et aux droits des jockeys de remplir leurs engagements déjà pris. C’est aussi une atteinte aux droits des parieurs qui avaient déjà misé sur les chances des autres montes du jockey incriminé, sans savoir à ce moment-là par qui il serait remplacé. La modernisation des Rules Of Racing mauriciens doit se poursuivre, mais les hommes qui jugent peuvent d’eux-mêmes ignorer ces règlements désuets et abusifs. Mais en toute circonstance, dans une démocratie qui se respecte, les droits de la justice naturelle doivent s’imposer à tout abus de ce droit !

Et de l’abus, il y en a une forte odeur dans cette suspension très lourde. Tous ceux qui ont assisté à cette enquête marathon affirment sans ambages qu’au vu du déroulement de l’enquête, la sévérité de la sanction a surpris ! Certes, le jockey a fait appel et il pourra continuer à monter pour l’instant, mais comme il est dans le collimateur des autorités hippiques, la suite de sa carrière risque de ressembler à celle de son collègue Anthony Andrews, qui avait perdu la confiance affichée après sa mésaventure ! Cette lourde suspension est d’autant plus symptomatique que ce même Chief Stipe, out of the blue, a ordonné que tous les chevaux de cet entraînement fassent l’objet de tests antidopage avec effet immédiat. Qu’un jockey, pour sa monte discutée et discutable, ait pour conséquence que son entraîneur soit dans le collimateur du Chief Stipe, de la HRD et la GRA pour doping éventuel démontre qu’il y a clairement une volonté politique de détruire cet entraînement, l’un des plus efficaces cette saison. Pourquoi ?

Une revanche orchestrée contre l’ex-stipe, une participation moyenne chez PTP, ou parce que certaines de ses victoires ont déjoué des courses arrangées qui n’ont pas abouti… On a vu comment l’entraînement Merven a été « gunned down » après un début de saison fracassant, sans doute parce qu’il a parmi ses propriétaires des proches de Paul Foo Kune, une cible privilégiée de la GRA, comme confirmé dans une interview de Paul Beeby dans le journal Week-End. Maintenant, c’est l’écurie Mahadia qui est prise en grippe. Who’s next on the hit-list ?

L’impression générale qui se dégage est que si vous n’êtes pas avec eux, ils vous considèrent comme un adversaire et il faut vous détruire. Dans le monde politique, on a vu comment des dénonciateurs du régime ont été traités. Le même schéma semble se mettre en place dans le monde hippique, « Si to pa ar nou, nou pou fini twa ! » Il y a sans aucun doute un peu de tout ça, mais là où il y de quoi être inquiet, c’est ce que des institutions et personnes censées être « fair and independant » sont utilisées pour assouvir tout appel à l’hallali contre des professionnels des courses. À cet effet, des informations troublantes circulent à l’effet qu’un officiel en vue aurait subi des pressions de la part d’un membre d’une instance régulatrice et/ou d’un organisateur de paris. Sous forme d’appel téléphonique au Champ de Mars avant des décisions unilatérales, preuve à l’appui. Il est important que le Chief Stipe Moodley confirme, comme nous le pensons, qu’il est totalement étranger à tout cela ! Cela ramènera un peu de sérénité dans un moment où les courses mauriciennes traversent les heures les plus sombres de leur histoire !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour