Merci pour votre soutien et bonne année 2022 !

La longue et difficile saison 2021 qui s’est déroulée en totalité à huis clos prend fin ce week-end, à une semaine de Noël, ce qui est très inhabituel, mais révélateur d’un état d’esprit qui a complètement pris le dessus dans le milieu hippique mauricien. Ce qui était d’abord un sport, celui des rois, a-t-on l’habitude de dire pour caractériser sa noblesse, est devenu une vulgaire machine à sous — au profit de mafieux protégés au plus haut niveau — programmée pour plumer les salariés mauriciens plutôt que de leur offrir un loisir sain. S’il fallait une preuve à cela, c’est la programmation des doubles journées à chaque fin de mois, et même en ce mois de décembre, pendant la période du malheureux boni de fin d’année… Quitte à priver, dans certaines familles, les enfants d’un cadeau de Noël si important dans une année aussi difficile, aussi mortifère que celle dont nous allons fermer la page dans quinze jours, en espérant vivement que la suivante sera meilleure au plus vite, d’où notre pieux souhait que le Covid-19 cesse de jouer les prolongations.

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Une fin de saison, c’est aussi l’heure de faire un bilan. Le bilan financier global quoi qu’en disent les pseudo-experts de la Gambling Regulatory Authority, est inquiétant et un loan, qu’elle suggère pour éponger les dettes dans ce climat d’incertitude, n’est pas une solution adéquate. Si les organisateurs de paris, et en particulier le blue-eyed boy des autorités, afficheront un bilan positif, l’organisateur des courses limitera lui les dégâts, mais finira à terme dans un rouge vif quasi mortel s’il n’y a pas un changement de paradigme. Lorsqu’une administration comme celle imposée par la GRA avec un objectif précis, le Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd, en rencontre avec les entraîneurs, se trouve dans l’incapacité de dire ce que sera la saison prochaine, on mesure dans quelle impasse le renoncement à la résistance a fait de cette nouvelle organisation un « puppet » de l’autorité hippique avec des « marionettes » bien consentantes, mais manquant de vision et surtout d’ambition. Sortir maître de son destin pour devenir un esclave de sa mort certaine n’est vraiment pas un programme alléchant !

Nous n’épiloguerons pas sur ces égoïstes, profiteurs du système, qui veulent jeter l’anathème sur celui qui a été empêché pour l’heure d’être le sauveur de la philosophie profonde des courses de chevaux et qui n’ont même pas le courage de l’affronter en face à face alors qu’ils en avaient le moyen, ce matin même, au Champ de Mars. Eux préfèrent fermer les yeux sur la pieuvre mafieuse qui étend ses tentacules, parce que cela leur permet d’atteindre leur objectif. Mais que les professionnels des courses s’accommodent de ne rien savoir, qui de l’importation des chevaux, qui des journées de courses, qui des commissaires de courses, qui du Horse Racing Board à trois mois de la prochaine saison, nous promet des lendemains qui déchantent. En tout cas, que le MTCSL soit réduit à attendre les instructions de la HRD est une démonstration de l’échec de la politique du « lèche-bottisme » prônée par ceux qui, visiblement, n’ont pas l’étoffe et l’esprit d’une vraie culture hippique.

En attendant une visibilité adéquate sur la prochaine saison, replongeons-nous dans ce qui a été cette saison 2021 marquée d’emblée par la triste fin tragique du jockey Nooresh Juglall. Ce petit homme taillé pour le métier était un exemple de probité, de volonté de gagner, mais aussi de talent. Son sourire et sa joie de vivre ont été enlevés de ce monde en un instant, résultat d’une chute accidentelle qui paraissait irréelle, mais la dure réalité ne nous a pas épargnés du chagrin de cette fin de vie brutale, mais qui n’est en rien de comparable à celle vécue par son inséparable épouse et enfants et tous ceux qui l’aimaient très fort. Pourtant, cette année 2021 s’annonçait prometteuse après son premier titre de champion toutes catégories de Maurice en 2020. Mais la vie en avait décidé autrement.

Pour lui succéder au palmarès de jockey champion cette année, un ancien du contingent mauricien, de la deuxième génération, Bawan Sooful, une consécration méritée pour une saison remarquable. Sérieux, combatif et travailleur, ce vétéran a fait de l’opportunisme et son envie de gagner ses chevaux de bataille, et bien lui en a pris, car il aura désormais sur un meuble de sa salle à manger la cravache d’or qui récompense celui qui a gagné le plus grand nombre de courses lors d’une saison. Il pourra le moment venu se retirer la tête haute et le cœur en joie d’avoir réalisé son rêve d’être le jockey champion d’une saison. Cela dit, il doit aussi son salut au renoncement surprise du meilleur jockey de l’année en cours, qui a préféré partir précipitamment pour des raisons farfelues « de frontière fermée » à l’officiel, mais qui en vérité avait perdu de toute sa superbe et déjoué complètement depuis que de nouveaux propriétaires proches du magnat des paris ont intégré son établissement. Il cumulait d’ailleurs jusque-là une réussite impressionnante de 30% de victoires contre 18% au Mauricien Sooful. Il s’agit du Sud-Américain Ivaldo Santana, qui a marqué les esprits par un sens tactique bien maîtrisé et une main de velours sur l’encolure du cheval. Sur l’autre marche du podium, on retrouve Pierre Corne Orffer, le jockey attitré de l’entraînement Ricky Maingard, qui n’a pas su se saisir de la réussite exceptionnelle de son établissement pour s’octroyer le titre.

Ricky Maingard, lui, n’a pas laissé passer sa chance cette fois d’être consacré champion des entraîneurs, la première d’une riche carrière de celui qui parle à l’oreille de ses chevaux qu’il connaît du bout de ses dix doigts. Il a eu la chance (?) de bénéficier d’un effectif renforcé par des chevaux de grande qualité et payés très cher, rubis sur ongle, par son partenaire, le controversé bookmaker Michel Lee Shim, patron de SMS Pariaz, qui est aussi propriétaire. Avec la GRA, on n’est pas à un passe-droit près… Mais les deux chevaux les plus prolifiques de la saison 2021 ne sont pas ceux de JMLS, mais de ces propriétaires qui le soutiennent depuis longtemps et qui ne cachent pas leur mal-être de se retrouver dans le même environnement que cet encombrant et gênant nouveau venu qui a fait son coming-out cette saison. Derrière Maingard, on retrouve dans un mouchoir de poche l’établissement Gilbert Rousset, dont l’absence au Champ de Mars ne passe pas inaperçue et qui est susceptible de céder sa deuxième place actuelle si les entraînements Hurchund, auteur d’une saison remarquable, Rameshwar Gujadhur et Vincent Allet, légèrement en dessous des prévisions, cumulent les quelque Rs 200 et 300 000 qui leur font défaut lors des deux dernières journées de samedi et dimanche.

Du côté des chevaux, 462 ont participé à la saison 2021, dont 223 (48%) ont été victorieux, 141 (30%) ont pris une place et 98 (21%) n’ont rien rapporté comme stakes money. Cette année, ce sont les Maingard qui ont dominé la situation. D’abord, Alshibaa qui, en quatre participations, a gagné trois fois cette saison et a pris une fois la troisième place. Outre d’avoir réussi le doublé consécutif dans le Maiden, Alshibaa retient également son titre de stayer champion acquis en 2020. Cela lui a suffi pour qu’il soit couronné cheval de l’année 2021, devançant son compagnon de box Undercover Agent, qui est lui le premier de la classe au niveau des revenus cumulés de l’année. Sinon, toujours au chapitre des chevaux, signalons la déception Twist Of Fate, qui prend, malgré ses cinq déconvenues, la troisième place au profit de sa victoire dans la Duchesse. Au chapitre des chevaux qui ont eu le plus grand nombre de victoires cette saison, il faut noter avec cinq succès chacun Go Jewel (Allet) et Walls Of Dubrovnik (Hurchund) qui, lui, reste invaincu cette saison, tout comme Remus (Hurchund) avec quatre victoires, Nourbese (Maingard) avec trois victoires et Giant Cruise (Hurchund), vainqueur à son unique sortie.

Ce week-end sera aussi celui des récompenses et le MTCSL a annoncé tardivement que les deux dernières journées verront la traditionnelle distribution des Equidors, malheureusement devant des gradins vides. Si le MTCSL avait de la clairvoyance et le courage d’envoyer un signal fort, comme l’ont fait de très nombreux Mauriciens samedi dernier dans les rues de la capitale contre la liberté d’expression, il remettrait un Equidor au président du MTC, Jean-Michel Giraud, leur boss, qui est sorti de sa retraite, pour son courage dans l’adversité pour se battre contre l’injustice du véritable vol en direct des prérogatives du MTC. Un Equidor doit aussi être remis à Josiane Montalent, qui prend sa retraite après de longs et loyaux services au MTC, qu’elle a servi comme un sacerdoce.

Mais à notre sens, la plus grande injustice cette année, c’est que celui qui a aidé, entre autres choses, à remplir les caisses du MTC lors de ces 15 dernières années, celui-là même qui est le père des Equidors, n’aura pas les honneurs d’une récompense à l’heure de sa retraite qui sonnera à la fin de ce mois-ci. Lui a été suspendu par des mercenaires pour une réunion dont il n’était même pas l’organisateur, tout juste a-t-il invité des participants sur ordre de son président. Lui a eu pour récompense l’humiliation injuste d’une suspension pour des raisons que ses bourreaux ont eux-mêmes exécutée dans le dos de leur président d’alors, Kamal Taposeea.

Rideau donc sur la saison 2021. Un grand merci à vous, chers lecteurs, placiers partenaires et annonceurs qui nous ont soutenus tout au long de cette année difficile. L’équipe de Turf Magazine vous souhaite néanmoins un joyeux Noël et une bonne et heureuse année 2022, et vous enjoignons tous d’allumer une bougie peu avant minuit, le 31 décembre, en mémoire de tous ceux qui nous ont quittés à cause du Covid et comme témoignage de soutien à tous nos frontliners. Merci encore.

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