Walls Of Dubrovnik !

Il est vraiment phénoménal ce Walls Of Dubrovnik. Il a remporté samedi dernier sa douzième victoire en treize sorties. Il l’a fait avec manière, à la hauteur de sa réputation de cheval champion 2022 qui avait engrangé sa plus belle victoire classique dans la Coupe d’Or la saison passée, quand il a devancé à la régulière et dans un style de grand champion l’autre étoile montante The Gatekeeper. Ce cheval, qui a gravi les échelons course après course, pour aujourd’hui arborer fièrement le rating de 91, avait débuté sa carrière mauricienne avec un modeste rating de 29 qui n’augurait rien d’exceptionnel a priori. Malheureusement, ses propriétaires, dont David Chui Wan Cheong, qui a souvent la main heureuse dans ses choix, sont engagés dans une bataille de chiffonniers sur l’autel d’un orgueil mal placé qui a mis leur champion sur la touche pour de nombreuses semaines. Et il se disent passionnés de courses et amoureux de chevaux !

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La seule défaite de Walls Of Dubrovnik a été face à Undercover Agent. Et sur le déroulement de la course, on affirme qu’à ce stade de sa carrière mauricienne, il aurait dû être invaincu. Au Champ de Mars, qui a surtout, en ce moment, besoin que la légende hippique perdure, de telles défaites sont inacceptables. Mais plus que jamais, des agents d’infiltration interviennent pour pervertir certaines courses au nom de l’argent, gagné malhonnêtement. Cette course en tant qu’observateur hippique nous était restée en travers de la gorge, car ce jour-là, son jockey avait « plongé » la course quand, aux 600 mètres, il a laissé son adversaire prendre le first run loin devant lui. Il n’avait jamais pu le rattraper. Et pour cause, le betting au noir l’imposait. Les Racing Stewards ont bien confirmé notre appréciation de l’instant, car quatre jours plus tard, son jockey brésilien du jour, Andre Luis Da Silva, a été mis à pied pour trois journées sous le règlement 208 (j) for not riding to the satisfaction of the Racing Stewards lors d’une enquête présidée par Riyaz Khan.

Si l’on ose faire ce genre d’entourloupette avec les champions, imaginez ce que l’on fait aux autres chevaux d’autres niveaux pour pervertir les courses. De tout temps, il y a eu au Champ de Mars des tricheries en courses, des cas de doping et d’autres manigances des toutes sortes. Mais n’en déplaise aux princes du jour qui ont les rênes des courses entre les mains, on n’avait jamais atteint un tel niveau de médiocrité, même dans la tricherie, mais aussi dans la mesquinerie, la petitesse. Ce qui a fait notre fierté deux siècles durant est aujourd’hui un objet de honte tellement il est gangrené par un état d’esprit maléfique ou, week in, week out, il est question de scandales, de maldonne, de manque de savoir-faire.

Le tout premier responsable dans cette situation est le Mauritius Turf Club, qui n’a pas su sauvegarder ce patrimoine national que lui avaient confié les Anglais, qui visaient à unir la nation mauricienne autour des courses de chevaux, qui est le sport unificateur par excellence. On ne va pas refaire l’histoire, mais force est de reconnaître qu’au lieu de bâtir un Walls Of Dubrovnik de protection autour des courses et de son organisation, autour de ce lieu mythique qu’est le Champ de Mars, comme l’ont fait les Croates pour leur ville, devenu le symbole et la perle de l’Adriatique, une ville entourée de murs défensifs et de forts, construits à travers l’histoire à une époque où il y avait un danger d’attaques étrangères sur la ville, au Moyen Âge, après que les Sarrasins eurent assiégé la ville pendant plus de 15 mois. Ici, dès les premières velléités d’accaparement de l’État mauricien sur l’hippisme local, l’organisateur historique des courses a d’abord recherché un partenariat avant de devenir rapidement l’obligé. Au point où l’approbation des journées hippiques était assujettie aux financements du MTC au Prime Minister’s Relief sous forme de dons hautement médiatisés, où les présidents d’alors du MTC allaient en personne au bureau du Premier ministre pour lui remettre l’enveloppe sésame au lancement de la saison.

Depuis, petit à petit, les gouvernements successifs ont étendu leurs tentacules au sein de l’hippisme mauricien pour caresser, puis, lorsqu’elles s’étaient bien infiltrées, étrangler l’autorité hippique. Au point où aujourd’hui, à travers la Gambling Regulatory Authority (GRA), surtout depuis 2015, et le vote de lois scélérates à travers le Finance Bill, ils ont pris un total contrôle sur l’industrie, reléguant le MTC, autorité hippique depuis deux siècles, à un simple organisateur des courses, avant de le chasser et le remplacer par la machine à sous qu’est People’s Turf Plc.

Le crime était jusqu’à l’heure presque parfait, excepté que le vrai coupable est aujourd’hui en passe d’être rattrapé par ses méthodes de fonctionnement on ne peut plus orthodoxes et dictatoriales. En difficulté financière, avoir à concilier financement politique et faire de l’organisation des courses une activité profitable est une gageure que PTP n’avait pas imaginé au-dessus de ses possibilités dans une conjoncture économique pourtant très difficile pour une grosse part des entreprises mauriciennes et les employés. Le retrait prématuré du MTC a porté trop rapidement sur ses frêles épaules tout le poids d’un modèle économique dépassé et qui doit être réinventé.

Et pour parer au plus pressé, PTP se voit dans l’obligation de gratter unilatéralement à droite et à gauche pour faire des économies de bout de chandelle, au point de mettre un peu plus de pression sur ses partenaires que sont les entraînements et les propriétaires de chevaux. Et cela a fini par exploser, d’autant que les méthodes sont plus coercitives, imposées, que le résultat d’une discussion ou négociation préalable. Ainsi est né le litige bruyant et verbalement musclé empreint d’un manque de respect mutuel entre le clan Jean Michel Lee Shim et Vincent Allet. Si les premiers nommés comme de petits toutous ont fait appel (?) — ou plutôt ont donné l’ordre — à la GRA, bien docile et déterminée à le mettre au pas, le bouillant Vincent Allet, qui trouvait scandaleux, à juste titre, que faire des prélèvements, sans concertation préalable, sur ses revenus de stakes money déjà très érodés par deux baisses imposées par le nouvel organisateur de courses était injuste.

Le pire dans cette affaire est que la GRA, à qui Lee Shim and Co ont fait appel pour mettre Vincent Allet hors circuit, est un organisme biaisé, indigne de confiance. Il est un secret de Polichinelle qu’il est à la solde du nouvel organisateur des courses, PTP, à qui ni lui ni sa division des courses, la HRD, n’a objecté à ses deux baisses massives de stakes money. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, une tentative du MTC d’en faire de même fut assujettie d’une violente réaction écrite de l’autorité hippique, la GRA de Dev Beekharry, qui écrivait : «… We are concerned that such an action will prove to be detrimental to racing in view of the fact that instead of promoting quality races with the appropriate incentives for acquisition of quality runners, you are reducing the stakes money, hence discouraging trainers/owners from investing in these high rated horses. We wish to remind you that historically the Group 1/Classic Races draw many racegoers and make the pride of Mauritian racing. You are therefore required to forthwith review your position in the best interest of racing and address this situation in line with the Directions issued by the Authority… ». Est-ce que les causes qui ont des effets sur des courses pour le MTC d’alors n’ont pas les mêmes effets quand il s’agit de PTP ? En tout cas, cette affaire montre clairement la politique de deux poids deux mesures pratiquée par la GRA.

Comment alors cet organisme d’État peut-elle être crédible aux yeux du public et même aussi de la justice ? Du fait qu’elle sanctionne une personne, sans l’avoir entendue, et l’invite, après avoir agi et s’être assurée que sa filiale est allée jusqu’à retirer ses chevaux du programme officiel — ce qui est un crime de lèse-majesté —, à venir dire pourquoi elle ne devrait pas être sanctionnée. Alors que tout le monde le sait dans la sphère du travail, nul ne peut être sanctionné s’il n’a pas été entendu devant un comité disciplinaire. Pire, comment la GRA a pu agir sur la simple demande d’un organisateur de courses, de son CEO et de son actionnaire principal, et d’une pièce à conviction tronquée ? Difficile de faire plus chatwa que ça et surtout plus ridicule lorsque la GRA, et ses complices dénonciateurs qui évoquent maintenant que Vincent Allet a un passif disciplinaire, sur lequel pourtant la GRA a émis la fameuse PML ! Une balle dans ses propres pieds.

Mais cette affaire qui a pris une dimension hors norme pour ce qui n’est qu’une discussion très animée entre deux enfants gâtés a débouché sur des révélations inuendosdesques concernant le honteux sabotage de la piste du Champ de Mars la veille du Maiden, début octobre de l’année dernière. La demande de retrait de chevaux et l’affirmation devant témoin qu’il n’y aurait pas de courses le 1er octobre dernier de la part de Jean Michel Lee Shim, selon Vincent Allet, sont édifiantes et ouvrent la porte à toutes sortes de spéculations.

Ce n’est pas un palabre de conversation de salon, c’est écrit dans un affidavit déposé en Cour suprême. La réponse de Jean Michel Lee Shim est attendue… On annonce d’autres révélations fracassantes à l’encontre du magnat des paris. Tout cela fait désordre, il est temps de résoudre cette affaire et arrêter le massacre. Surtout lorsque la question « À qui profite le crime ? » claque. La réponse est dans la direction où sont désormais braquées les jumelles. Le doute est instillé, mais tout le monde le pensait déjà tout bas à l’époque, mais la police a fait ce qu’elle sait faire de mieux, ces derniers temps, ne pas résoudre les énigmes… gênantes !

Elle sait aussi ériger son « Wall Of Dubrovnik » quand il le faut !

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