When they go low, we go high

La détérioration de l’état sanitaire du pays inquiète la population au plus haut point et il est fort probable que le gouvernement, avec le retour du Premier ministre aujourd’hui de son périple britannique, durcisse certains aspects du dispositif de lutte contre ce coronavirus qui met dans le deuil et le chagrin de trop nombreuses familles mauriciennes chaque jour. Il n’est pas utile à ce stade de « blame and shame », bien qu’il faudra un jour qu’une enquête ou une commission quelconque soit mise sur pied, le moment venu, pour situer les responsabilités, s’il y en a, concernant la gestion de cette crise mondiale dans notre pays, savoir si on était suffisamment préparé à une telle occurrence, savoir si nous avions fait les bons choix, comprendre les raisons d’une politique de communication foireuse et mensongère, entre autres, pour en tirer les leçons afin que nous soyons mieux armés à la prochaine pandémie ou catastrophe naturelle.

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Ce genre d’événement ne doit en tout cas pas relever uniquement de la politique, mais de professionnels aguerris et indépendants, car ceux qui ont les rênes et ceux qui ne les ont pas en ont fait un outil politique pour marquer ou perdre des points. Malheureusement, ce jeu pervers n’a pas empêché la mort de frapper et espérons simplement que les prédictions du Dr Gujadhur, dès le début de la crise, à l’effet que dans chaque famille il y aurait des cas de fatalités, ne se confirment pas dans les faits et que nous nous débarrassions au plus vite de ce virus mortifère.

À quelques journées de la fin d’une saison hippique terne, dans cette conjoncture où la peur a pris le dessus sur les autres considérations, c’est un sentiment de ras-le-bol qui rejaillit des coulisses du Champ de Mars et des écuries. Ras-le-bol que les chevaux courent sans public, ras-le-bol que les ressources financières manquent cruellement, ras-le-bol de ces interminables affrontements GRA/MTC, ras-le-bol de la guerre intestine au sein même du MTC et de sa compagnie MTCSL.

En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la GRA a réussi le tour de force de focaliser toute l’attention du public turfiste et, de la population tout court, sur le feuilleton quotidien et hebdomadaire de dirigeants légitimes et légitimés par défaut qui se déchirent et s’entredéchirent publiquement, enfonçant davantage ce qui fut 200 ans durant une des fiertés de notre patrimoine culturel sportif, mais surtout social puisque le MTC — comme le voulait les Anglais lorsqu’ils ont implanté the sports of the king chez nous — avait réussi le tour de force de réunir autour du cheval et de la compétition les Mauriciens dans leur ensemble, en étant en quelque sorte le vrai creuset de notre melting-pot national.

Que reste-t-il aujourd’hui de ce sport-loisir qui générait une émotion inégalable lorsque la compétition était encore saine, mais que les affairistes, soutenus par la GRA et les gouvernements, ont transformé en une grosse machine à sous sans âme et sans état d’âme, car il ne s’agit plus de se divertir, mais de s’enrichir en tondant de pauvres turfistes qui croient encore à la saine compétition alors que les dés sont pipés ? Puisque, comme on le dit en bon kreol, « li mem aste, li mem vande. »

Pendant ce temps, tout le monde a oublié que les gouvernants ont fait voter une loi, après tant d’autres chaque année, qui a réduit le MTC à sa plus simple expression, c’est-à-dire à couper le gazon et entretenir les stalles. Le hold-up du siècle a eu lieu au nez et à la barbe de tous les Mauriciens sans que quiconque ne puisse en empêcher son avènement. Désormais, c’est une nouvelle instance financée des fonds publics qui s’occupera des courses de chevaux, la Horse Racing Division (HRD). Elle se substituera au MTC sur les tâches les plus importantes et purement hippiques comme le stiping, le handicapping et le contrôle vétérinaire, etc. Pour rappel, la HRD a déjà à sa tête le controversé Wayne Wood, qui, nous l’avons appris du Parlement, touche Rs 350 000 mensuellement. Malheureusement, jusqu’ici, l’Australien n’a pu montrer ce dont il est capable, car ce n’est que maintenant que le recrutement de son équipe est en train de se dessiner, puisque les postes à pourvoir — au nombre de dix au total — ont déjà été advertised et on retrouve parmi les postes les plus importants de l’hippisme, qui sont ouverts aussi bien aux locaux qu’aux internationaux.

Et il devrait y avoir quelques grosses surprises au sein de la HRD. Qui sont ceux du MTC-MTCSL qui ont montré leur expression of interest au poste de Chairman of Stipendiairy Stewards (10 ans d’expérience), de Stipendiary Stewards (5 ans d’expérience), de Starter (10 ans d’expérience), de handicapeur/Stipe (3 ans comme handicapeur et 5 ans comme Stipe), vétérinaire (5 ans d’expérience), un Gambling Compliance Officer (5 ans comme Stipe, 10 ans dans les paris) et un Integrity Compliance Officer (10 ans d’expérience comme enquêteur) ? Parmi ces candidatures ouvertes le 28 septembre et closes le 18 octobre, au moins trois proviennent du Mauritius Tuf Club and Leisure qui, au vu de la grande spécificité de leur spécialité, n’ont d’autre choix que de faire acte de candidature pour un poste rémunéré par le gouvernement.

Depuis le 5 novembre, trois nouveaux postes ont été proposés sur le site internet de la GRA pour la HRD, confirmant que cet organisme indépendant est bien une succursale de la GRA. Il s’agit d’un Registrar, d’un Operations Officer et d’un Communication and Media Officer. Si 10 ans d’expérience sont logiquement associés aux deux premiers postes, par contre, les 15 ans d’expérience en journalisme hippique choquent. Cinq ans d’expérience pour un Stipe dont la fonction est cruciale dans le fonctionnement des courses et 15 ans pour un Communication and Media officer, ça sent du tailor-mading à 100 km, comme pour d’autres postes d’ailleurs.

On verra à l’occasion si la GRA/HRD means business ou ce sera la poursuite de la politique de copinage classique qu’on retrouve dans bon nombre d’institutions étatiques ou parapubliques. Dans tous les cas, la HRD devrait être constituée pour la prochaine année et saison, à moins que, d’ici là, les informations concernant son chef suprême se confirment à l’effet qu’il a choisi d’habiter Port-Louis au lieu au bord de la mer, ait décidé de rentrer chez lui devant la lenteur et l’immobilisme de la GRA, sans compter l’interventionnisme exacerbé d’un officier de la GRA qui se croit investi d’une mission divine.

La mission divine, il y en a d’autres au MTC qui s’en croient habités et qui, à leur manière, ont décidé de harceler l’employé Shan Ip, suspendu de ses fonctions pour avoir obéi au patron du MTC d’organiser une réunion avec des employés sans avertir les cadres du MTCSL. Parmi ceux qui ont fait de Shan Ip leur bouc émissaire, en ajoutant à l’insulte de sa suspension des scellés posés sur son bureau, on retrouve quelques morceaux d’une brochette bien achalandée qui avaient organisé, dans le dos de leur président d’alors, Kamal Taposeea, une réunion avec Jean-Michel Giraud pour qu’il vienne sauver le bateau en train de couler. Il y avait, entre autres, le président Denis Doger de Spéville, le membre du MTC-MTCSL Anoop Madhow et le CEO démissionnaire Jerome Tuckmansing… Qu’ils deviennent aujourd’hui des justiciers pour une action qu’ils ont eux-mêmes faite est un comble. Plus grave est celui qui cherche désespérément d’autres charges avec l’aide d’intrigants — de véritables loups dans la bergerie — le disqualifie d’être encore membre du management d’un club aussi prestigieux… à moins qu’il n’ait fait acte de candidature à la GRA. On est aujourd’hui dans un monde où les vraies valeurs sont sacrifiées sur l’autel de la médiocrité.

Il faut faire sienne la déclaration de Michelle Obama, lors d’une campagne électorale de son mari pour la présidence des États-Unis, l’immense homme d’État Barack Obama, « When they go low, we go high ». Quelle sagesse ! Quelle classe !

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