À quelque chose malheur est bon…

Cette première semaine où le Covid-19 a dicté sa loi chez nous est bourrée de leçons. D’abord, celle de la discipline (ou du manque, plutôt !). Même avant que Pravind Jugnauth n’annonce les trois premiers cas de Covid-19 dans le pays, bon nombre de compatriotes s’étaient rués vers les supermarchés autant que dans les pharmacies pour faire le plein. De caddies, d’abord. Remplis à ras bord, de produits alimentaires – riz, farine, pâtes, biscuits, chocolat…, de boissons (alcoolisées, si si), de papier toilette (sic), et d’un tas d’autres choses (souvent) inutiles.

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Du côté des pharmacies, il n’a pas fallu attendre que le Covid-19 débarque pour que le stock de vitamine C et d’autres médicaments principalement pour soigner la grippe, comme le paracétamol et consorts, disparaissent en un clin d’œil des rayons. Et ne parlons pas des masques sanitaires, des gants et des gels hydro-alcooliques (sanitizer) : ils semblent avoir été frappés du syndrome du Dodo, ces produits. Et entre la première grande conférence de presse, le 18 mars, de PJ, et son annonce, le lendemain, de la décision de confinement inévitable du pays, nouvelle ruée ! Comme si certains faisaient les provisions pour… jusqu’à la fin du monde ! Sans le moindre égard ni pitié, et respect, pour ceux qui, moins chanceux qu’eux, financièrement, pourraient ne pas s’approvisionner quand viendra le moment de le faire. Et le pire, c’est que même après la décision d’imposer le « lockdown » dans le pays, qui est la meilleure solution de protéger la nation de ce virus virulent et mortel, plusieurs compatriotes ont continué à se rendre au supermarché … tous les jours, comme s’il n’y avait aucun danger.

Poussant le PM ainsi à imposer, inévitablement, ce mardi 24, fermeture totale des commerces. Résultat : frayeur, panique, crise. On n’en serait pas arrivés-là si ceux de nos compatriotes qui se sont comportés de manière irréfléchie n’avaient pas fait fi des instructions. Oui, certes, Pravind Jugnauth a eu un mauvais timing, et aurait dû avoir déjà planché sur un plan de distribution de vivres, à l’annonce de cette mesure extrême. Mais on peut comprendre que le chef du gouvernement ait agi dans l’urgence qui est celle de contenir le Covid-19. Pour notre bien à tous.

Oui, certainement, parmi ceux qui allaient faire leurs courses, plusieurs étaient effectivement des cas ‘‘genuine’’, de ceux qui n’avaient pas eu le temps ou les moyens financiers pour s’approvisionner, à l’avance. Mais il y a eu trop d’inconscients qui ne respectaient pas les précautions et mettaient en danger la santé de tout un chacun. En commençant par la leur !

Autre répercussion de cette situation : une flambée de ‘‘fake news’’ semant la zizanie, la panique, la peur folle dans la tête de milliers de citoyens cloîtrés et isolés chez eux, sans autre moyen de communication que… les réseaux sociaux. Ces mêmes plateformes qui ont mis le feu, insinuant que certains « koko brile » seraient descendus dans les rues et pillaient des grandes surfaces. Maurice était à deux doigts de basculer, mardi soir !
Heureusement, plusieurs unités de la force policière étaient à pied d’œuvre aux quatre coins de l’île, quadrillant les zones et transmettant des messages pour rassurer la population, via les médias. Mais, élément inquiétant et qui cause jusqu’aujourd’hui un sérieux malaise : la circulation d’une foule de vidéos montrant des agents de notre police débarquant parfois dans des quartiers résidentiels, tabassant littéralement certains sujets ! Et d’autres montrant des sujets attachés, dénudés et… en sang, qui se faisaient brutaliser. Des clips d’une rare violence.

Intox ? Dérapages ? Mises en scène ? Ou vérités ? On ne le saura qu’après enquête : tant le Premier ministre que son chef de la sécurité, Mario Nobin, en ont donné l’assurance. Seulement voilà. Combien de Mauriciens ont encore confiance dans notre police ? Même si un grand nombre de nos hommes en bleu font honneur à leur uniforme – cela s’est traduit cette semaine avec ces éléments qui ont aidé des citoyens à porter leurs cylindres de gaz, par exemple – hélas !, cette poignée qui prend la loi entre ses mains cause beaucoup (trop) de tort à l’ensemble de la force. Et combien de compatriotes pensent que la police pourra enquêter sur ses propres éléments ? Une question laissée en suspens depuis… des lustres.

Cette première semaine de confinement a aussi eu ses bienfaits sur bon nombre de ceux qui ont pris le parti de retourner vers l’essentiel. Arrêter la ‘‘junk food’’, prendre le temps d’écouter les oiseaux et la nature, et donner du temps à ceux qui entourent.
À quelque chose malheur est bon, oui. Mais à condition de savoir retenir les bonnes leçons !

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