185E ANNIVERSAIRE DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE AU PIED DE LA MONTAGNE DU MORNE : Trou-Chenille, village d’esclaves, renaît de ses cendres

Inauguration du musée en plein air en présence du ministre
sénégalais de la Culture

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Le village reconstitué rappelle la vie des esclaves du temps de la
colonisation

L’inauguration, hier, samedi 1er février, d’une réplique de l’ancien village d’esclaves de Trou-Chenille au pied de la montagne emblématique du Morne, en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et de l’invité d’honneur de l’État mauricien, le ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal, Abdoulaye Diop, a été le point saillant des activités de commémoration du 185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à Maurice. Une commémoration officielle en trois parties.

Prévue en début des commémorations hier au Morne, la cérémonie de dépôt de gerbes au pied du momunent de la Route des esclaves a commencé avec plus d’une vingtaine de minutes de retard. La raison : un petit contretemps qui n’a pas permis à Abdoulaye Diop d’être à l’heure. Outre l’invité étranger, entre autres personnalités qui ont déposé des gerbes au pied du monument figuraient le Premier ministre, le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, et le président du Centre Mandela pour la Culture africaine, Jean-François Chaumière.
Après la cérémonie, ces personnalités se sont rendues juste à côté, au lieudit Trou-Chenille, au pied du versant sud de la montagne du Morne, pour l’inauguration d’une réplique de cet ancien village d’esclaves. Sur place, une préposée de service a donné un maximum d’informations à l’invité d’honneur et au Premier ministre sur les installations mises en place.

Cette réplique de l’ancien village d’esclaves de Trou-Chenille, considéré comme le point de départ du peuplement du sud-ouest de l’île, reconstitue la vie de la population d’esclaves à l’époque de la colonisation. Véritable musée en plein air, le village reconstitué comprend un certain nombre de cases en paille et rappelle les activités auxquelles les esclaves s’adonnaient.

Entre autres répliques figurent une saline, un four à chaux, une pépinière de plantes médicinales comprenant de la camomille, du baume du Pérou, de la citronnelle, de la saponaire et, juste à côté, une case réservée à un tradipraticien spécialisé dans les techniques de guérison. Le visiteur peut aussi obtenir sur place des informations sur les techniques de pêche traditionnelle ainsi que sur la fabrication du charbon de bois comme au bon vieux temps. Les activités de commémoration devaient, finalement, prendre fin sous un chapiteau sur la plage du village du Morne avec les traditionnels discours des personnalités. Dans son intervention, le Premier ministre n’a pas manqué de souligner les solides liens culturels qui lient Maurice et le Sénégal. Il a notamment rappelé que des esclaves venus à Maurice transitaient d’abord par l’île de Gorée, au Sénégal.

Devoir de mémoire
Pravind Jugnauth a aussi rappelé que la région portant le nom de Camp Yoloff dans la banlieue port-louisienne était à l’origine le lieu de résidence d’une communauté d’esclaves Yoloff venus du Sénégal. Et que, par ailleurs, le kreol mauricien comprend un certain nombre de mots d’origine yoloff. Le chef du gouvernement a aussi indiqué que l’inauguration, plus tôt, du musée en plein air à Trou-Chenille visait à la préservation de la mémoire de l’esclavage. « Recourir au devoir de mémoire est une démarche nécessaire pour construire l’avenir », devait ainsi affirmer le Premier ministre. Il a révélé, en passant, que Trou-Chenille tient son nom d’un ver désigné comme « chenille cent-pieds », qui servait d’appât aux esclaves-pêcheurs.

Le chef du gouvernement a enchaîné en évoquant le projet de Musée intercontinental de l’esclavage en cours d’aménagement dans la zone portuaire dans l’ancien hôpital militaire. Il a indiqué que les travaux qui sont en cours vont se faire en deux phases et que la phase initiale ne concernera pas les structures existantes. Quand, dit-il, l’on entamera la phase II du projet, tout se fera en conformité avec les exigences de l’UNESCO, dans un souci de ne pas compromettre la buffer zone de l’Aapravasi Ghat. Pravind Jugnauth a ainsi promis qu’à la fin des travaux, cette région de la zone portuaire se transformera en un lieu chargé de souvenirs avec, côte à côte, le lieu de débarquement des premiers immigrés indiens et celui des premiers esclaves.

Précédemment, le ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal devait évoquer le douloureux combat de résistance mené, à l’époque, par des esclaves marrons, à l’instar de Diamamouve, de Sans-Souci et de Madame Françoise. « Ils se sont battus avec l’énergie du désespoir », a-t-il fait valoir. Avant de louer le modèle de vivre-ensemble mauricien qui, selon Abdoulaye Diop, est cité en exemple par nombre de pays du monde. De son côté, le ministre mauricien des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a évoqué une future collaboration triangulaire entre les autorités responsables du site patrimonial du Morne à Maurice, de celui de Robben Island en Afrique du Sud et de l’île de Gorée au Sénégal. « Nous partageons tous le même ADN du mauricianisme et le gouvernement a pour ambition de faire que tous les citoyens soient traités sur un pied d’égalité », a assuré le ministre.

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