9E JEUX DES ILES— L’heure de vérité, après l’échec de 2011

Il y a quatre ans avant le grand départ pour les Seychelles, le mouvement sportif mauricien avait pris des engagements pour ramener 50 médailles d’or au pays. Il n’en fut rien puisque après la course, seulement 38 de ce précieux métal étaient tombés dans l’escarcelle mauricienne, couplées d’une déroute totale dans une discipline jadis notre fierté, l’haltérophilie. L’humiliation est venue aussi du fait que pour la toute première fois dans l’histoire des JIOI, les Seychelles avaient ravi la deuxième place à Maurice. A l’heure du bilan, il y a quatre ans, les qualificatifs comme « échec ou cuisante défaite » avaient été évoqués et quatre ans après, l’heure de vérité a donc sonné pour le sport mauricien qui, dès ce samedi, sera face à son destin avec les débuts des 9es Jeux des Iles en terre réunionnaise.
On ne peut garder son silence le fait que l’environnement a bien changé autour du Club Maurice. Devanand Ritoo n’est plus le ministre des Sports depuis décembre 2014 et celui qui va mener les sélections mauriciennes à la bataille dans 14 sports différents se prénomme désormais Yogida Sawmynaden. Il est donc vrai de dire que le Club Maurice 2015 n’est pas totalement le bébé du nouveau homme fort du sport mauricien. Qu’à cela ne tienne, il va devoir  assurer les responsabilités d’un autre  échec ou les prémices d’un succès en terre réunionnaise.
Au risque de nous répéter, à Week-End nous avons dit et archi-dit que ce n’est pas le ministre et encore moins le ministère qui font les projets de formation, l’encadrement technique  de la sélection nationale et son plan de préparation. Cette responsabilité incombe, avant tout, aux fédérations qui sont les seules responsables de leurs sélections nationales respectives. Jusqu’à preuve du contraire, les 14 sélections nationales, dont 4 disciplines collectives où Maurice est engagée dans ces 9es JIOI, tant en masculin comme en féminin, ont fait leur préparation sans l’intervention de quiconque externe au circuit de la fédération.
Les entraîneurs qui sont aujourd’hui à la tête  de la sélection ont été choisis par les fédérations. Certes, on fait le choix de s’engager très vite avec un entraîneur étranger, d’autres ont opté pour un technicien étranger durant  les derniers jours de la préparation, alors que d’autres ont fait le choix de faire confiance aux techniciens locaux. Il y a aussi des fédérations qui ont fait du « musical chair » de directeur technique national, comme le badminton. Ou, comme la natation, a fait le choix de continuer avec le même  entraîneur depuis ces quatre dernières années. C’est vous dire que plus que jamais la responsabilité des fédérations sont engagées dans cette compétition.
Toutefois, même s’il n’est assis dans son maroquin de ministre que depuis 7 mois, ce n’est pas pour autant que Yodiga Sawmynaden peut être dédouané de tout échec en terre réunionnaise. Le ministre ne pourra pas prendre comme bouclier « na pas moi sa, li sa », car depuis son arrivée au pouvoir nous avons assisté à bien des soubresauts qui ont laissé des traces au sein du Club Maurice. D’abord le nerf de toutes les guerres, l’argent, n’est pas arrivé comme il fallait pour assurer une préparation optimale des sélections nationales. L’argent alloué dans le budget 2015 n’a été servi, principalement à la participation du Club Maurice aux JIOI, qu’à sa préparation. Le Club Maurice Company n’a pas été d’attaque et les dons récoltés sont loin d’être à la hauteur des espérances. Il faut ajouter à cela toute la cacophonie qui a entouré le choix et le limogeage de Didier Six comme entraîneur du Club M.Tous les espoirs fondés autour de cette formation ont fondu comme neige au soleil et le passage du témoin à Alain Happe n’a  rien de réconfortant non plus. A la lumière des résultats ramenés par cette formation lors de ces dernières sorties officielles, on tend à croire que Maurice sera, sans doute, très vite hors de compétition. A moins que le sursaut national en terre réunionnaise fait son effet.
Il faudra aussi observer de près certaines disciplines dans ces Jeux. A commencer par l’haltérophilie, qui est depuis peu entraîné par le Roumain Urdas Constantin. Une discipline qui selon nos informations devrait transcender à la Réunion après les deux stages successifs pour huit leveurs de fonte en Roumanie. Attendons voir, si ce sera vraiment le « Mauritius Revival » à La Réunion ? La natation  est aussi à surveiller pour voir si les Mauriciens ont progressé en huit ans de Philippe Pascal ou si, comme beaucoup le pensent, l’heure du changement à aussi sonné pour cette discipline. Le tennis de table est aussi à mettre dans le même papier, pour savoir si l’option de la MTTF de continuer avec les méthodes du  duo Sahajassen-Descann doit continuer, tout comme le judo, dont l’équipe est sérieusement diminuée avec l’absence de Christiane Legentil et ce sera aussi l’heure de la retraite pour Joseph Mounawah. Une observation particulière devait aussi être faite sur la mise en place que fera Judex Bazile, qui sera à ses premiers JIOI comme Head Coach de l’équipe de Boxe. L’ombre de Jean-Claude Nagloo plannera toujours sur cette formation ?
Par contre, la tâche pour nos quatre disciplines collectives s’annonce herculéenne. Le basket, le football, le hand et le volley-ball mauricien se présentent comme les petits Poucets de cette compétition où Réunionnais, Seychellois et Malgaches partent avec l’étendard des favoris. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que les responsables de ces disciplines n’ont fait que perdre du temps durant ces quatre dernières années au lieu de mettre en place une politique de formation définie en vue de ces JIOI. Il faudra aussi sérieusement songer à ce que la voile ait aussi une politique de développement adaptée afin qu’elle ne soit pas aussi une discipline qui n’existe que chaque 4 ans, le temps des JIOI.
Les dès sont déjà jetés et chacun doit donc assurer sa responsabilité. Ces Jeux à La Réunion seront sans doute moins populaires que ceux qui se sont déroulés à Maurice en 2003, à Madagascar en 2007 et aux Seychelles en 2011. C’est en fait le danger qui guette cette compétition, qui ne sera sans doute pas grandiose puisque les 7 millions d’euros attendus au départ par le comité d’organisation, ne sont jamais arrivés. Le COJI Réunionnais n’a eu à se contenter que d’un budget de 4,7 millions d’euros et nous ne pouvons qu’espérer que ce « cut cost » n’aura pas un effet pervers  sur la qualité de ces Jeux.
En attendant le coup d’envoi de ce samedi, la rédaction de Week-End souhaite bonne chance à tous les athlètes mauriciens qui participent à ces Jeux et nous leur disons bonne récolte.
La Rédaction

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