Addiction aux écrans et jeux vidéo : Du divertissement à la dépendance

 — Un problème grandissant dans la société

Télévisions, smartphones, ordinateurs ou tablettes, les écrans de toutes sortes ont envahi notre quotidien. L’essor des jeux sur téléphone portable ou tablette a facilité l’accès à ces divertissements pour une grande variété de publics. Ce qui n’est toutefois pas sans conséquences sur notre mode de vie, notre couple et nos relations sociales. En effet derrière le divertissement se cache parfois une réalité alarmante : l’addiction aux jeux vidéo, un phénomène qui touche désormais toutes les tranches d’âge, y compris les adultes. Et pouvant même mettre la vie d’autrui en danger. En témoigne cette vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, montrant un chauffeur d’autobus jouant sur son portable alors qu’il est en train de conduire son véhicule avec des passagers. Ce cas extrême illustre les dérives possibles lorsque l’usage des écrans devient excessif et incontrôlable.

- Publicité -

Que ce soit pour tuer le temps dans les transports en commun, attendre un rendez-vous ou simplement s’occuper pendant une pause, les jeux sur smartphone offrent une échappatoire instantanée et séduisante. Ces jeux sont souvent utilisés pour meubler les petits temps morts de la journée, comme les moments passés dans les transports ou dans les toilettes… Il y a mille et une raisons de jouer à des jeux sur smartphone. On en trouve en effet une foule de casse-tête, jeux de stratégie ou de réflexion, bien agréables pour passer le temps. Mais de partie en partie, ces jeux peuvent s’avérer très addictifs. Les experts internationaux de la santé ont constaté qu’il y avait un problème, a déclaré Tarik Jasarevic, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), faisant ressortir que de nombreux joueurs ont déjà appelé à l’aide pour sortir de leur dépendance. Répondant à cette situation, l’OMS a décidé, en 2018, de reconnaître l’addiction aux jeux vidéo comme une véritable maladie afin de pouvoir mieux prendre en charge les joueurs accros. Cette décision souligne l’ampleur du problème et l’urgence d’agir pour prévenir et traiter cette addiction. Car, en comblant nos moments “libres” avec des jeux, les écrans etc., on se prête à une réalité plus sombre : celle de l’addiction.

Les jeux vidéo, conçus pour stimuler le plaisir via la sécrétion de dopamine dans le cerveau, peuvent chez beaucoup, rapidement devenir une source de dépendance difficile à contrôler. En jouant pour rompre l’ennui, le risque est d’y passer de plus en plus de temps d’autant qu’il y a souvent répétition et que les personnes qui jouent car elles s’ennuient, sont plus immergées dans le jeu que les autres… Cela aboutit à une réduction du temps disponible pour d’autres activités, jugées plus saines. Or, ces temps d’inactivité, de calme, de silence, voire d’ennui, sont utiles pour notre équilibre à tous : ils permettent au cerveau de “se reposer”, de rêvasser, de repenser aux événements survenus dans la journée afin de mieux les comprendre ou de prendre du recul.

De nombreux symptômes

Les symptômes de cette addiction sont variés et peuvent avoir des répercussions graves sur la vie quotidienne et la santé mentale des individus. Perte de contrôle du temps passé devant l’écran, isolement social, troubles physiologiques comme la perte de sommeil ou les maux de tête, sont autant de signaux d’alarme qui ne doivent pas être ignorés.

Comment donc se prémunir contre cette dépendance grandissante ? D’autant que gratuits, ces jeux s’installent en quelques secondes. De plus, on peut y jouer partout, sans connexion Internet souvent, pour une minute ou pour une heure. Parmi les jeux les plus populaires : les jeux multijoueurs en ligne, des jeux qui se déroulent dans des univers persistants, c’est-à-dire des univers où le jeu ne s’arrête jamais, y compris lorsque le joueur est hors ligne. Lorsqu’ils ne sont pas en ligne, certains joueurs peuvent être obsédés par ce qui est en train de se passer dans la partie. En effet, c’est souvent machinalement que l’on se retrouve à jouer beaucoup. On commence pour passer le temps en attendant le bus et, peu à peu, cela devient comme un réflexe : à peine arrivé à l’arrêt du bus, on dégaine son téléphone pour une partie.

Des jeux conçus pour créer une dépendance

Si ces jeux ne nécessitent pas de connaissances particulières, ils sont pensés pour nous rendre « accros » : comme pour le fameux Candy Crush, dont le but est d’aligner des bonbons colorés. Pas besoin d’être calé en calcul ou en orthographe ! Rien de tel pour s’évader et penser à autre chose qu’une partie de Candy Crush quand on patiente dans une salle d’attente ou dans les transports en commun. Les parties sont courtes, on progresse rapidement et les premiers niveaux sont faciles à atteindre Résultat, le joueur se pique au jeu, a envie de continuer et de faire d’autres parties. Les niveaux suivants se compliquent, mais les paliers difficiles sont entrecoupés d’autres plus simples afin de ne pas décourager les joueurs. Certains connectent leurs parties aux réseaux sociaux, comme Facebook. Ainsi, leurs amis sont informés de leur progression et ils peuvent s’échanger des éléments, comme des nouvelles “vies”, c’est-à-dire de nouvelles parties. Un phénomène de concurrence s’installe alors : il faut avancer dans le jeu plus vite et plus loin. Par ailleurs, de nombreux jeux sont dotés de puissants algorithmes conçus pour personnaliser l’expérience du joueur en fonction de ses habitudes de jeu, l’inciter à poursuivre le jeu, à le reprendre lorsqu’il l’arrête, ou encore à effectuer des achats dans le jeu (par exemple pour débloquer un niveau ou améliorer les compétences de son personnage). Certains jeux envoient également des petits messages qui arrivent comme des textos, invitant les joueurs à venir faire une partie avant que leur bonus ne soit perdu. Difficile de résister à toutes ces sollicitations !

Quand cela prend trop de place dans la vie quotidienne…

On peut parler d’addiction quand la personne joue en dépit des répercussions néfastes sur elle-même et sur son entourage : elle oublie de manger, ne dort plus, n’a plus de vie sociale, ne sort plus, dépense sans compter pour ses parties… Dans ces cas-là, la perte de contrôle peut être totale : le jeu empêche de vivre une existence normale. Accro, le joueur se retrouve coupé de la réalité : seuls comptent le jeu et la vie parallèle qu’il y construit. Heureusement, ces joueurs au comportement extrême restent très rares. Reste que beaucoup jouent aussitôt qu’ils pensent trouver un créneau. Comme ce chauffeur d’autobus que nous avions vu à un stop, qui s’était mis au jeu et a continué lorsque la circulation a repris, en mettant à risque ses passagers qui l’ont d’ailleurs filmé.

Les conséquences à long terme de l’addiction aux jeux sur les écrans peuvent être dévastatrices. L’isolement social et affectif, les difficultés familiales ou conjugales, les problèmes professionnels, la dépression sont autant de risques encourus par les personnes accros aux écrans. C’est un phénomène qu’il ne faut pas, comme c’est le cas trop souvent, minimiser en pensant qu’un adulte est apte à s’autoréguler. Il est donc crucial de sensibiliser sur les dangers de cette addiction et d’encourager des comportements plus équilibrés vis-à-vis des écrans. Prendre conscience des signes précurseurs, comme le fait de jouer de manière compulsive au détriment d’autres activités, est un premier pas vers une utilisation plus saine et responsable des jeux vidéo et des écrans en général.

Des ressources existent

Aussi, de nombreuses ressources peuvent venir en aide aux personnes qui se préoccupent de leur utilisation d’Internet. C’est le cas notamment de la plateforme Pause ton écran. Destiné aux enfants, aux jeunes adultes et aux parents, ce site Web offre de nombreux conseils et outils pour reprendre le contrôle sur les écrans : jeux vidéo, mais aussi réseaux sociaux et plus largement Internet. De même, les parents, en particulier, doivent être attentifs aux habitudes de leurs enfants et limiter leur exposition à ces divertissements numériques. De même, les adultes doivent être conscients des signes précurseurs d’addiction et chercher de l’aide dès que nécessaire. En parallèle, il est crucial de promouvoir des comportements plus équilibrés vis-à-vis des écrans. Encourager les activités en plein air, la pratique d’un sport, la lecture ou les interactions sociales en face à face sont autant de moyens de diversifier les sources de plaisir et de limiter le temps passé devant les écrans. Il est également important de se rappeler que le plaisir et la détente ne doivent pas être synonymes d’addiction. Trouver un équilibre entre divertissement numérique et vie réelle est essentiel pour préserver notre bien-être mental et physique dans un monde de plus en plus connecté. Il suffit parfois de casser cette habitude prise sans que l’on s’en rende compte pour retrouver le plaisir de rêver ou de lire.

Encadré

Les manifestations d’une addiction aux jeux chez l’adulte

Symptômes comportementaux

•Perte de contrôle, de repères du temps passé devant l’écran

•Incapacité à s’arrêter

•Sentiment d’euphorie, de bien-être, de soulagement pendant le jeu

•Déni du temps passé à jouer

•Dissimulation afin de pouvoir jouer

•Sentiment de culpabilité et/ou de honte face au jeu

•Pensées obsédantes sur le jeu

•Sentiment de vide, de déprime, quand il ne peut jouer

•Agressivité, violence si l’on empêche de jouer

•Problèmes relationnels et fuite des relations du fait de passer beaucoup de temps seul à jouer

Symptômes physiologiques

•Perte de sommeil

•Perte d’appétit

•Maux de tête

•Sécheresse des yeux

•Fatigue

•Problèmes de concentration

•Troubles de la mémoire

•Anxiété

Conséquences à terme d’une addiction aux écrans chez l’adulte

•L’isolement social et affectif

•Les difficultés familiales ou conjugales

•Les difficultés professionnelles

•La déprime et la dépression

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -