Assemblée nationale – Retour des trois B pour le budget prévu pour le 11 juin

— La suspension de Paul Bérenger, d’Arvin Boolell et de Rajesh Bhagwan annulée sur motion du Premier ministre

- Publicité -

C’est tard dans la nuit que la motion a été présentée. A 23h00, après l’ajournement des débats sur le Local Government (Amendment) Bill, le Premier ministre a proposé que la suspension qui pèse sur Paul Bérenger, Arvin Boolell et Rajesh Bhagwan soit levée après la séance du 25 mai afin qu’ils puissent participer aux débats sur le Budget 2021/2022. Le retour des trois B est donc prévu pour la présentation du budget qui devrait intervenir le vendredi 11 juin, selon des indications venant du ministère des Finances. Les parlementaires les plus aguerris sentaient se tramer quelque chose lorsqu’ils ont constaté que, contrairement à son habitude, Pravind Jugnauth était revenu dans l’hémicycle juste avant la fin de la séance.

C’est juste avant l’ajournement des travaux au mardi 25 mai que le Premier ministre s’est mis debout pour solliciter la présidence en vue de la présentation d’une motion urgente. L’agrément obtenu, le leader of the House a proposé que la suspension jusqu’à la fin de la session des trois premiers députés des circonscriptions 19, 17 et 20 soit annulée et qu’ils puissent reprendre leurs sièges à la séance suivant, celle du 25 mai. C’est sous quelques murmures ironiques que la motion a été votée. Cette affaire devait être entendue en cour le 24 mai, les trois députés s’estimant lésés dans leurs droits constitutionnels ayant saisi la Cour suprême pour obtenir réparation.

Longs débats sur le Local Government Bill, présenté par le vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, qui a invoqué la situation sanitaire pour justifier le report des élections municipales. Si le leader de l’opposition a dit qu’il n’est pas contre un renvoi en raison de la situation sanitaire, il a néanmoins dit espérer que le gouvernement réussisse à contenir la pandémie et à organiser ce scrutin régional le plus tôt possible. Xavier Duval a aussi déploré que le Premier ministre s’octroie la prérogative de tenir cette élection selon son «bon vouloir».

Le chef de l’opposition a souhaité que de nouvelles figures  président aux destinées de nos villes et que les mandats de ceux qui agissent comme maires ne voient pas leur mandat prolongé. L’Attorney General Maneesh Gobin a réfuté les arguments selon lesquels le Premier ministre disposerait de trop de pouvoirs en soutenant que c’est le modèle du «cabinet system» qui prévaut et qui veut qu’il en soit ainsi.

Si le Premier ministre peut recommander que le Parlement soit dissous, il peut tout aussi bien le faire pour les conseils locaux, a soutenu le conseil légal en chef du gouvernement, qui a justifié le renvoi des municipales au nom de la santé publique. Pour Patrick Assirvaden, même si les conditions sanitaires ne permettent pas la tenue immédiate des municipales, il est d’opinion que la Covid-19 a quand même bon dos. Pourquoi deux ans et pourquoi pas trois mois? s’est-il demandé. On peut faire des campagnes différentes et avoir des débats télévisés, a-t-il déclaré.

Le député du PTr a cité ces pays où les dates des élections sont connues d’avance avant de proposer que l’on profite de ce qui se passe pour améliorer le système. Pour lui, c’est l’échec de la campagne de vaccination qui explique la situation actuelle, alors même que l’on se gargarise du «new normal».

Pour l’orateur suivant, le ministre Bobby Hureeram, une campagne sans rassemblements publics, sans porte à porte et autres activités de notre folklore politique n’aurait pas de sens, d’où le renvoi des municipales afin de permettre que la situation sanitaire s’améliore et que l’on puisse organiser ce scrutin dans de bonnes conditions.

« The ballot is stronger than the bullet »

Reza Uteem a eu une autre analyse. Le député du MMM a, lui, dit penser que les municipales auraient bien pu se tenir à l’échéance prévue comme cela s’est fait dans 118 pays. Pour lui, le renvoi dans deux ans, ce n’est pas à cause de la pandémie, mais c’est parce que le gouvernement sait qu’il va au-devant d’une défaite, parce qu’il a été dans l’incapacité de contenir la pandémie et parce que la gestion de la campagne de vaccination est un échec. «The ballot is stronger than the bullet», a-t-il conclu en citant Abraham Lincoln.

Kavi Ramano, qui semble avoir le même problème de langage et d’expression que sa colistière Tania Diolle, et qui est visiblement obsédé par les arrangements de l’opposition s’est, lui, fendu de commentaires politiques interminables qui se voulaient humoristiques, tels que « et pourtant, on nous avait prévenus que le mariage à trois entre le PTR, le PMSD, le MMM était solide comme le roc. L’alliance, entente, ils affichaient ouvertement leurs amours dans les rues pour la Saint-Valentin, mais c’était sans compter avec le briseur de mariage, tranquillement assis dans la dernière rangée de l’opposition, perché dans son arbre à Floréal qui n’a pas hésité à voler la moustache à ce pauvre lion ». Du très haut vol !

Shakeel Mohamed, plus réaliste, a reconnu que tous les partis ont, au gouvernement, un jour ou l’autre, renvoyé les élections municipales ou villageoises, mais, a-t-il ajouté, «postponing elections as a principle should be avoided». Pour lui, le renvoi décidé par le gouvernement s’explique par l’incapacité de vacciner la population, le taux aujourd’hui ne s’arrêtant qu’à peine à 15% de la population. Atteindre l’objectif des 60%, c’est pour même pas une année, a commenté le député du PTr. Et de plaider pour un changement de la manière de voter, avec des urnes mobiles, le home voting et autres méthodes afin que les élections puissent se tenir.

Ivan Collendavelloo a, en tant que back bencher de la majorité, amplement justifié le renvoi des municipales pour des raisons de santé publique et a contesté l’amendement du leader de l’opposition qui, dit-il, risque de poser des problèmes quant à celui qui décidera que les conditions sanitaires permettent la tenue du scrutin.

Stéphanie Anquetil a, elle, surtout, mis l’accent sur les contradictions qui consistent à dire que l’on ne peut pas organiser des élections régionales pendant que la distanciation physique est abolie dans les autobus, les taxis et le tramway. Pour la députée du PTr, c’est en raison de l’impopularité du gouvernement que ces élections ont été renvoyées.

Les encenseuses

Quant à la PPS Dorine Chukowry, des arguments justificatifs, un brin d’histoire, un rappel de son passé de lord-maire et cette conclusion: «God protect our Prime Minister, his Government and his people!»

Le prochain intervenant, Deven Nagalingum a dit que la démarche du gouvernement enfreint l’article 1 de la Constitution. Les arguments de la majorité sont contradictoires. D’un côté, le ministre de la Santé, qui affirme que la pandémie est derrière nous, et de l’autre, on l’utilise pour renvoyer les élections. Il faut supprimer ces amendements au plus vite et organiser les municipales, a plaidé le député du MMM.

La ministre Kalpana Koonjoo-Shah s’en est surtout prise à l’opposition et a même justifié la campagne vaccinale de son gouvernement en période de tension sur l’accès aux doses. Une situation attribuée au «foursquare leadership of the Prime Minister, Pravind Jugnauth, secured those vaccines for the population». Comme Dorine Chukowry, une encenseuse du PM !

Ton toujours plus sobre pour le député Nando Bodha qui a suggéré que tous se penchent sur la manière d’organiser des élections exceptionnelles dans des circonstances qui le sont tout autant. Pourquoi vouloir le «old normal» alors que l’on parle de «new normal».

C’est l’absence d’échéance qui pose problème, a dit l’ex-ministre qui aurait souhaité que les électeurs des villes aient une visibilité quant à la date à laquelle ils seront appelés à exercer leur droit démocratique. Joe Lesjongard a rappelé que s’il y a consensus pour que les municipales ne puissent pas être organisées, la question qui reste litigieuse entre le gouvernement et l’opposition est quand elles seront tenues. Or, pour lui, sans l’amélioration des conditions sanitaires, personne ne peut tenter de proposer une date.

Ranjiv Woochit, député travailliste, a dit que les électeurs auraient pu accomplir leur devoir civique en respectant les mesures de précaution déjà en vigueur tout en souhaitant que le gouvernement retire ce projet de loi.

Joanne Tour s’est déclarée convaincue que les élections municipales seront tenues dès que la situation sanitaire s’améliorera, tandis que le député du PMSD Kushal Lobine a défendu l’amendement du leader de l’opposition qui vise à ôter la grande incertitude que contient le texte.

Les deux derniers intervenants étaient le ministre Deepak Balgobin qui a affirmé que le gouvernement n’a aucune leçon de démocratie à prendre de l’opposition et Eshan Juman qui, lui, a surtout évoqué l’état de délabrement des villes pour plaider pour des élections dans le meilleur délai.

Mardi prochain

Vote du renvoi des élections municipales

Au Question Time le refus de se soumettre à un alcootest de Kailash Rajkumarsing

C’est Alan Ganoo qui devrait intervenir en premier mardi prochain sur le Local Government (Amendment) Bill avant que le Premier ministre ne commente le texte et que le ministre Husnoo ne résume les débats. Ce sera ensuite le vote de ce texte qui donne la possibilité au Premier ministre de renvoyer les élections pour deux ans.

Au Question Time, ça va démarrer au quart de tour pour le Premier ministre qui doit répondre à la première question de Mahen Gungapersad sur Kailash Rajkumarsingh, l’époux de la magistrate du même nom et frère du président de la l’Independent Broadcasting Authority, qui aurait refusé de se soumettre à un alcootest après que sa mercedes a fini sa course, au début du mois, contre un pylône électrique à Pont-Bon-Dieu.

La drogue sera une nouvelle fois au centre des préoccupations des parlementaires de l’opposition, à l’instar de Reza Uteem, qui demandera au Premier ministre des détails sur la Task Force mise sur pied pour un suivi des recommandations de la commission d’enquête Lam Shang Leen sur la drogue.

Le député du MMM recherche le nombre de fois où ce comité s’est réuni, les recommandations exécutées, les investigations menées et le nombre d’arrestations auxquelles elles ont abouti.

Question sur la drogue aussi de Ritesh Ramful, qui réclame le nombre de personnes interpellées et condamnées pour trafic de drogue par voie maritime ces dernières dix années. Le député de la majorité, Ashley Ittoo ainsi que l’élue du PTr, Sréphanie Anquetil voudront, eux, veulent obtenir du Premier ministre des détails sur les vols de légumes et Eshan Juman veut des informations sur les circonstances dans lesquelles un détenu a été retrouvé mort d’une overdose à la prison de Melrose.

Pour rester dans le circuit pénitentiaire, il y a aussi cette question de Sandra Mayotte sur le nombre de personnes emprisonnées durant le confinement. Arianne Navarre-Marie aura deux questions, l’une sur les Chagos et l’autre sur le meurtre de Danny Sardes. Richard Duval tentera lui d’obtenir le nombre de ressortissants indiens qui ont débarqué à Maurice depuis le 1er mai.

Pour clore le Prime Minister’s Question Time, des interpellations de Patrick Assirvaden sur l’ICTA, d’Osman Mahomed sur la Mauritius Ports Authority et de Subashnee Luchmun-Roy sur le nombre de policiers suspendus et sur le décès du jockey Nooresh Juglall

Au ministre des Finances, Reza Uteem réclamera, par ailleurs, le montant des salaires et autres allocations payés de 2016 à ce jour au directeur, président et assesseurs de l’Integrity Reporting Services Agency et de l’Integrity Board et le nombre d’ordonnances touchant à l’enrichissement inexpliqué obtenu. Préoccupation de la même nature pour le député du PMSD Kushal Lobine.

Egalement pour Renganaden Padayachy, une question du député sur Air Mauritius. Il veut obtenir du ministre le montant des finances mises à la disposition de la campagne de janvier 2020 à ce jour, les conditions attachées à ce déboursement de fonds et comment ils ont été utilisés jusqu’ici.

Reza Uteem s’intéresse également à l’extension du projet de tramway de Rose-Hill à Réduit en passant pas Ebène. Il demande au ministre de tutelle Alan Ganoo d’indiquer l’estimation du coût de cette extension, la procédure d’appel d’offres utilisée pour l’allocation du contrat, les dates du lancement et de l’achèvement des travaux et leur source de financement. Une question similaire est inscrite au nom de Patrick Assirvaden.

Le contrat publicitaire passé avec Liverpool sera de nouveau l’objet d’une question de Franco Quirin, ainsi que du député du PTr Michael Sik Yuen. Le député du MMM s’intéressera par ailleurs aux conditions de travail du personnel hospitalier.

Franco Quirin veut savoir de la ministre de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale le nombre de maisons modulées achetées par la National Empowerment Fondation depuis 2015, le coût à l’unité et les localités où elles ont été installées.

Son collègue Aadil Ameer Meea interpellera, lui, le ministre de la Santé sur la campagne vaccinale et comment celle-ci va évoluer avant d’adresser une autre question à Kalpana Koonjoo-Shah sur les abris et autres lieux accueillant les enfants, ainsi qu’au projet de construction d’un abri modèle à La Colombe, Pointe-aux-Sables, et la date à laquelle cette structure sera opérationnelle.

Agaléga reste dans l’actualité parlementaire avec une question de Joanna Bérenger sur les travaux en cours sur l’île mauricienne. La députée revient aussi à la charge sur le projet d’agrandissement de la route à Chamarel et demandera à Kavy Ramano si un permis EIA a été exigé pour l’abattage des arbres et sinon pourquoi.

L’environnement toujours, mais cette fois sous l’angle des permis à construire avec cette question pour Bobby Hureeram sur le projet Legend Hill sur la montagne de La Tourelle à Tamarin. La députée du MMM du No 16 demandera au ministre des Infrastructures publiques si les questions d’évacuation d’eau ont été prises en compte et ce qui est envisagé pour résoudre les problèmes d’accumulation d’eau et des glissements de terrain, de la topographie pentue du site et si un ordre d’arrêt des travaux est envisagé.

D’autres questions aussi sur la disparition du pêcheur Capiron, l’introduction d’un Police and Criminal Evidence Bill, sur la pédopornographie, la sécurité de bâtiments publics, sur les inondations, sur Pack and Blister, la dialyse, le sort des enfants, les observations du FMI, les revenus générés par l’industrie hippique depuis 2018 et la construction de 12 000 maisons.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -