Contrôle de routine

— Dis-moi un coup, tu savais qu’il y avait une journée nationale des contraventions à Maurice ?

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— Une journée nationale des contraventions ? Qu’est-ce que tu es en train de radoter comme ça ?

— Mercredi dernier, il y avait des contrôles de routine partout. C’est à cause de ça même que je croyais que c’était la journée nationale des contraventions.

— Comme ça il y a avait une quantité de policiers sur la route ?

— Il y a en avait partout je te dis. Pareil comme ces champignons qui poussent après l’orage.

— Tu sais ce que mon bonhomme dit : quand il y a des contrôles de routine comme ça, ça veut dire que les caisses du gouvernement sont vides.

— Tout ce que je peux te dire, c’est que j’ai été contrôlée quatre fois.

— Le même jour ?

— Dans la même matinée !

— Si c’est comme ça, alors les caisses du gouvernement sont mari vides ! Où tu as été contrôlée comme ça ?

— Sur l’autoroute du nord ?

— Qu’est-ce tu faisais loin là-bas ?

— J’étais allée, avec ma cousine X, déposer un parcel chez une amie.

— Comment ça s’est passé ces contrôles de routine ?

— Bien les trois premiers, les policiers étaient bien corrects. Seulement je peux te dire que j’étais un peu paniquée au commencement.

— Pourquoi ?

— J’avais remarquée des appels de phare sur la route, mais je n’avais pas pris compte. Tu sais que ma cousine cause sans arrêt.

— Il paraît que dans son bureau on l’appelle le tape recorder !

— Ça ne m’étonne pas. Quand on m’a arrêtée la première fois, je croyais que j’avais fait un excess. Tu sais, quand il n’y a pas beaucoup de trafic sur l’autoroute, tu as tendance à aller vite.

— Moi aussi j’ai tendance à faire ça. C’était pas le cas ?

— Heureusement, non ! Tu sais où ça va chercher un excess aujourd’hui ?! Mon bonhomme m’aurait engueulée, toi. Ce n’était qu’un contrôle de routine. Les policiers ont examiné ma licence, ma déclaration et mon assurance, m’ont demandé si j’avais la forme à l’amiable, la craie et la pompe du feu.

— La quoi ?

— Ma cousine et moi on a eu la même réaction que toi, la première fois : j’ai dit que je n’avais pas cette affaire-là. Le policier m’a dit que si je ne l’avais pas, c’était une offense et qu’il allait me donner une contravention. Je lui ai demandé à quoi ça servait…

— Et alors, ça sert la pompe du feu ?

— C’est le machin rouge à utiliser en cas d’incendie : un extincteur. C’est ça même qu’on appelle la pompe du feu.

— J’aurais jamais deviné. Tu n’as pas eu de contravention, alors ?

— Non. Mais j’ai eu quatre contrôles. Au quatrième, ça s’est un peu mal passé.

— Qu’est-ce qui est arrivé comme ça ?

— Pour les trois premiers c’était ok. Mais au quatrième il y avait un sergent qui était un peu brute-brute. Tu sais, le genre de petit chef qui a besoin de montrer que c’est lui le grand mari…

— Comme Y au bureau ?

— Exactement ! Et en plus il avait un ventre qui débordait de sa ceinture. Je me demande comment il aurait fait s’il avait à courir derrière un voleur !

— J’espère que tu ne lui a pas dit ça, tout de même ! ?

— C’est pas l’envie qui m’a manqué en tout cas ! Il n’arrêtait pas de dire « degaze montre ou lisans, degaze ouver ou kof, ou pe retard nou travay ». Et le tout sur un ton ça, je te dis !

— Qu’est-ce que tu as fait ?

— Tu me connais : j’ai pris mon temps pour chercher ma licence et pour ouvrir le coffre. C’est alors que je l’ai entendu dire à un policier : « Sa bannla mem ki pou al lor radio prive dir ki lapolis travay a de vites ek bann konnri parey ! »

— Il t’a dit ça ?

— Non, il n’est pas bête, il l’a dit au policier, mais c’était à moi qu’il parlait. Et alors j’ai fait comme lui.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— J’ai regardé ma cousine et j’ai dit fort : « Mo espere ki si zot aret garson komiser pou enn kontrol de routinn, zot pou tret li parey kouma tou bann otomobilis ! Ki li na pa pou gagn tretman de faver ! »

— Qu’est-ce qu’il a répondu ?

— Il ne pouvait pas toi. Il m’a regardé en travers et est allé voir une autre voiture. Le policier qui faisait le check m’a fait un sourire complice et m’a dit doucement « na pa pran li kont, li inpe rasteni », avant de me dire de partir.

— Tu as eu une mari journée, toi : quatre contrôles de routine et pas de contravention. À ta place je serai allée jouer au Loto.

— C’est ce que ma cousine m’a dit de faire, mais je ne l’ai écoutée.

— Pourquoi ?

— J’ai préféré rentrer chez moi tranquillement pour éviter d’avoir un cinquième contrôle de routine !

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