Déconcertant !

Ce qui se passe actuellement au sein de la natation mauricienne est révoltant. Pour deux raisons particulières. D’abord, cette démarche peu sportive du Mauritius Sports Council (MSC) à vouloir imposer des couloirs payants aux clubs ! Et ensuite, la posture peu professionnelle affichée par une voix de la Fédération mauricienne de natation (FMN) !
C’est justement cela qui nous désole. Cette indifférence criante face à une situation inquiétante dont certains semblent pourtant s’accommoder ! Notre combat, elle est très simple, juste et noble : défendre les sportifs lorsque nous estimons qu’ils sont ou pourraient être pénalisés. Contrairement à d’autres qui tentent de justifier le MSC dans son élan au lieu de faire opposition !
Que déplorons-nous au juste ? Certainement pas des futilités autour du contenu d’une réunion ! Mais celle d’une proposition insolente qui n’aurait jamais dû atterrir sur la table des discussions. Etait-ce vraiment le moment opportun de venir réclamer de l’argent aux clubs, par ricochet aux nageurs ? Certainement pas, sauf pour certains malheureusement.
La démarche du MSC est inappropriée, voire déplorable. Et ce, au moment même où le taux d’inflation a atteint, le mois dernier, 11%, contrairement au 0.2% à la même période en 2021, laissant déferler sur le pays une vague d’augmentations ! Des chiffres qui se passent de commentaires, mais qui ne semblent pas vraiment interpeller d’autres !
Au lieu de continuer à démocratiser le sport comme entrepris à l’avènement de la Sports Act 1984, sous l’ère de l’ancien ministre Michael Glover, on s’attarde sur une mise en place d’une pratique sportive payante. Le sport devenant, du coup, un luxe, dénaturant l’idée de 1984 qui était de rendre la pratique du sport accessible gratuitement à tous les sportifs et à tous les Mauriciens. Et Michael Glover n’a pas eu tort.
La toute première médaille d’or mauricienne aux Jeux des Iles de l’océan Indien en est d’ailleurs le symbole même de cette démocratisation. Une médaille acquise à Maurice en 1985, alors que le pays ne disposait même pas de piscine avant les Jeux ! L’île Maurice en sera d’ailleurs éternellement reconnaissant envers Sultan Beeharry, celui par qui tout a commencé.
Aussi, en rendant, à l’époque, la natation accessible aux jeunes, Michael Glover avait vu juste et loin. Qui plus est, à travers les différentes structures mises en place, notamment le Trust Fund for Excellence in Sports, symbolisé, entre autres, par Bradley Vincent, l’ancien ministre a donné une nouvelle dimension à la natation mauricienne.
Sauf que certains veulent changer les règles du jeu au détriment du sportif de haut niveau ! À ceux-là, on demandera : était-il pensable, 27 ans avant, de voir des nageurs briller aux Jeux des Iles et tenir tête, sans complexe aucune, face aux Réunionnais qui ont “marché sur l’eau” pendant des décennies ?
Qui aurait pensé qu’un jour Maurice remporterait 12 médailles d’or aux JIOI ? Cette performance historique aurait-elle été réalisable si l’accès aux piscines était payant pour les clubs ou encore si la marge de manœuvre des nageurs d’élite avait été restreinte ?
Heureusement, qu’à Maurice, tout le monde ne pense pas et ne réagit pas de la même manière. On pense à la Mauritius Rugby Federation qui a osé élever la voix pour mettre un frein à la démarche du MSC de réclamer de l’argent dans le cadre de la préparation de sa sélection nationale à la Coupe d’Afrique à sept. La MRF a été, depuis, remboursée, confirmant que la démarche était très loin d’être sportive !
L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA), pourtant organisatrice des 22es Championnats d’Afrique seniors en juin, devait aussi payer pour les heures supplémentaires au stade de Côte d’Or. Week-End s’est élevé contre cette mesure et finalement, cette association a été exemptée ! La Fédération mauricienne de boxe française savates compte aussi faire une réclamation et on ose espérer que ses dirigeants aillent de l’avant.
Ce qui est aujourd’hui révoltant pour l’instance de Belle-Rose, c’est l’audace à vouloir réclamer de l’argent au contribuable à un moment très critique de notre histoire économique. Ce même contribuable qui, à travers les impôts payés, aident à financer les différents projets gouvernementaux, mais aussi à contribuer pour entretenir les infrastructures publiques, dont ceux gérés par le MSC !
Aussi regrettable soit-il de constater le niveau de laxisme avec lequel ce problème est traité à la FMN. Une indifférence qui ne laisse personne de marbre, si ce n’est quelques privilégiés. Alors que tout aurait dû être mis en œuvre pour sauvegarder l’intérêt des nageurs et de la natation par l’entremise d’une action coordonnée.
Ce qui est donc très important désormais, c’est que la FMN retrouve un peu de sa lucidité, afin de pouvoir défendre l’espace vital des clubs, donc de ses élites, la vitrine même de la natation locale. Une obligation si on veut réellement aider à l’épanouissement des jeunes et leur permettre ensuite de briller au plus haut niveau et de faire honneur au pays à l’étranger.
Un objectif sain, mais inaccessible toutefois avec ceux qui supputent, semaine après semaine, que le problème n’est qu’une tempête dans un verre d’eau ! Alors qu’ils tentent, eux-mêmes, désespérément de noyer
le poisson dans une piscine par le truchement de leur stylo
pas très sportif !

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