Dénaturé !

Il n’y a pas si longtemps, nous vantions le travail entrepris par la Rugby Union Mauritius avec, comme président, Kevin Venkiah. On est d’ailleurs loin surtout de vouloir diminuer les efforts de tous ceux qui ont, précédemment, voulu donner une identité au ballon ovale en lui permettant de trouver une place dans un décor local pas si évident. Non seulement d’un point de vue sportif, mais aussi en termes de crédibilité et de transparence.
Avec son équipe, Kevin Venkiah a su justement donner un nouvel essor à cette discipline. Pour ce faire, la RUM a pris des décisions fortes en faisant tomber des barrières pour rendre le rugby accessible à un plus grand nombre de jeunes mauriciens, indistinctement de sa couleur de peau ou de sa classe sociale. On se souviendra des actions entreprises à Roche Bois comme à Bel Ombre pour ne citer que cela.
La démocratisation était alors en marche. Idem pour sa petite révolution, galvanisée par le recrutement d’une figure connue du rugby français, nommément Jean-Baptiste Gobelet, au poste de directeur technique national. Ce dernier a d’ailleurs aidé à mettre en place de nouvelles structures et permis à la discipline d’être performante à un certain niveau.
Sauf qu’avec le temps, cette belle philosophie semble s’être dénaturée. Au point qu’ils sont aujourd’hui nombreux à se poser des questions sur le fonctionnement de la RUM, les motivations des uns et les aspirations des autres ! Pire. Nous sommes tentés de croire que cette fédération ne marche plus comme un seul homme. Les récentes déclarations de Kevin Venkiah, lui-même, puis celle de Jean-Baptiste Gobelet, récemment, confirme que quelque chose ne tourne pas rond.
Que se passe-t-il donc à la RUM? Cette même fédération qui, précisons-le, avait gagné deux places (10e) dans notre dernier Week-End Hit-Parade des Fédérations, fin 2019, avant que le monde ne bascule dans la « New Normal » ? Forcément, quelque part, il y a un problème. Cela se sentait du reste lorsque Kevin Venkiah questionnait, en novembre dernier, la contribution de ceux qui le critiquaient suite à sa décision de rejoindre d’abord le Comité olympique national avant d’y être ensuite élu. Ce même Venkiah qui, il y a pourtant pas si longtemps, était de ceux qui contestaient le fonctionnement de cet organisme sous la présidence de Philippe Hao Thyn Voon.
Ce changement de direction n’a pas été apprécié et nous comprenons la réaction de certains à la RUM. Tout comme nous respectons la liberté de mouvement et d’expression d’autrui. Sauf qu’en partant du principe des changements envisagés à une époque par le COM, que nous qualifions d’anti-sportifs, le move de Kevin Venkiah ne peut que nous interpeller.
Quand la plus haute instance sportive d’un pays se fait rappeler à l’ordre, voire se fait taper sur les doigts par l’organisme suprême qu’est le Comité international olympique, alors là, on peine à comprendre une telle décision. D’autant que ces actions du COM ont porté atteinte à certaines valeurs et des principes de la Charte olympique !
Aussi, l’intention d’organiser une formation payante de trois jours — avortée ensuite faute de participants — a révolté plus d’un. Non seulement au sein du rugby local, mais aussi au sein de la communauté sportive. D’autant que réclamer Rs 5 000 à des parents en cette période si difficile est tout simplement honteux. Est-ce donc cela que certains appellent la démocratisation ?
Aussi, comment ne pas questionner la démarche de Jean-Baptiste Gobelet, le DTN, dans le contexte d’un déplacement à Dubaï, en fin de l’année dernière, et considéré comme étant non-autorisé par le ministère des Sports ? Des sanctions avaient du reste été indiquées dans un courrier en date du 20 décembre. Sauf qu’on ne sait pas, depuis, si le ministère des Sports a finalement agi.
Ce que nous savons, en revanche, c’est que le principal concerné a, lui, affirmé que tout était rentré dans l’ordre après une discussion avec le ministre Stephan Toussaint ! Si tel est bien le cas, alors la situation est très grave. Car, si notre mémoire ne nous fait pas défaut, il y aurait bien eu « breach of contract » si Jean-Baptiste Gobelet a participé à une activité à l’étranger sans pour autant en informer son employeur ! À moins qu’il y ait une clause, dans son contrat stipulant le contraire, entre autres raisons ! Une réaction officielle de Stephan Toussaint serait donc la bienvenue sur ce dossier.
De même, la réaction récente du DTN à l’égard de notre journaliste, qui ne faisait pourtant que son travail d’information en dénonçant l’intention de la RUM, associée à deux académies privées, d’organiser une formation payante, alors que la fédération est subventionnée par l’Etat, est révoltante, voire honteuse. Sauf que ce genre de réaction ne nous étonne guère, tellement on y est désormais habitué. Celle de ces dirigeants et autres techniciens qui apprécient énormément les coups de la brosse dans le sens du poil et non dans le sens contraire !
Que retenons-nous finalement de ces récentes situations très particulières ? Que la RUM commence à perdre de sa sérénité et un peu même de sa crédibilité, plus particulièrement Kevin Venkiah lorsqu’il décide de s’associer au COM, un organisme qui suscite de nombreuses interrogations au niveau de la transparence ! Si, bien évidemment, il n’y a pas pire de ce que nous avons vu jusqu’ici !

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