Économies ?

— Tu as pu avoir toi ?

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— De quoi tu es en train de parler ?

— Mais de l’huile comestible subventionnée.

— Qu’est-ce que c’est que cette affaire-là ?

— Tu ne sais pas que le gouvernement subventionne le prix de l’huile comestible ?

— Tu te fiches de moi ? L’huile est subventionnée et coûte plus de cent roupies le litre ! Quelle qualité de subvention c’est, tu peux me dire ?

— Je te dis que le gouvernement a annoncé qu’il a subventionné le prix de l’huile.

— Tu sais entre annoncer et faire… c’est comme les promesses électorales. Elles n’engagent pas ceux qui les font.

— En tout cas, je peux te dire une chose : l’huile subventionnée est introuvable sur les rayons des supermarchés.

— Comment tu sais ça ?

— Parce que j’ai fait le tour de tous les supermarchés pas loin de chez moi. Les rayons où on met l’huile subventionné étaient vides. Par contre, les rayons avec des bouteilles non subventionnées étaient remplis.

— Combien d’essence tu as brûlé pour chercher de l’huile que tu n’as pas pu avoir ?

— Mon bonhomme aussi m’a dit ça. En cherchant à faire des économies, je n’ai fait qu’augmenter mes dépenses pour rien du tout.

— Comme disait ma grand-mère : parfois bon marché coûte plus cher !

— Mais il faut chercher des occasions dans les promotions tout ça.

— Tu crois vrai même que tu payes bon marché dans les promotions ? Les commerçants tirent cinq roupies ici sur un produit pas essentiel, mais te font payer dix roupies en plus sur un autre produit dont tu as bien besoin. Pile je gagne, face tu perds !

— Ayo, mais est-ce que ça va finir cette montée des prix ? Je n’en peux plus, je te dis.

— En tout cas, même si ça baisse, ce ne sera pas demain la veille. Il faut absolument apprendre à faire des économies au niveau du pays.

— C’est ce que je voulais faire en cherchant de l’huile subventionnée. Maintenant, quand tu vas faire ton shopping, il vaut mieux prendre un tranquillisant avant.

— Pourquoi ?

— Sinon tu risques d’avoir une attaque en voyant les prix des produits. Ils ont pris un ascenseur qui ne fait que monter.

— Comme dit ma bonne, « ou pey mem kantite kas, me ou gagn zis lamwatie kadi. »

— Elle se trompe, ta bonne.

— Ah bon ? Et pourquoi, s’il te plaît ?

— La même quantité d’argent pour un demi-caddy, c’était avant. Maintenant, avec la même quantité de cash, tu n’as qu’un quart de caddy de produits !

— C’est vrai ça. Je ne parlais pas de toi pour les économies, mais du gouvernement qui continue à dépenser des millions pour des projets inutiles au lieu de faire des économies. Comme le métro à Côte D’Or.

— Tu te trompes, le métro ne va pas aller à Côte d’Or, mais seulement à Réduit.

— La ligne Rose-Hill/Réduit c’était avant, et c’est presque fini. Maintenant, on va construire la ligne Réduit/Côte D’Or.

— Ah bon ?

— Tu ne savais pas que le gouvernement indien vient d’accorder à Maurice une ligne de crédit de 300 millions de dollars pour construire une ligne entre Réduit et Côte D’Or ?

— 300 millions de dollars ? Quand tu multiplies ça par 45 roupies ça fait un paquet d’argent ça ! Il faut cette quantité d’argent-là pour construite cette nouvelle ligne de métro ?

— Qu’est-ce que tu crois, ça coûte de l’argent de faire une nouvelle route, de passer sur les rivières et les ronds-points tout ça. On dit que cette nouvelle ligne va coûter Rs 1,3 milliard le kilomètre et il y a plus de dix kilomètres entre Réduit et Côte D’Or.

— Mais pourquoi une ligne jusqu’à Côte D’Or ? Il n’y a que le grand complexe sportif toujours vide et des karo kann là-bas. Il n’y a pas de passagers pour le métro par là-bas !

— Tu n’as compris ? Côte D’Or est dans la circonscription de Pravind Jugnauth : ça suffit pour faire construire une nouvelle ligne de métro.

— Les chiffres que tu m’as donnés me font avoir mal à la tête. S’il ne fait pas la ligne Réduit/Côte D’Or, le gouvernement aurait pu se servir de cet argent-là pour subventionner les produits de base. Comme l’huile ! Cela profiterait à tous les Mauriciens au lieu des quelques passagers sur la ligne Réduit/Côte D’Or !

— Tu crois vrai même que le gouvernement, quel qu’il soit, travaille pour l’intérêt du peuple ?

— Je ne sais pas. En tout cas, si l’Inde veut faire un cadeau de 300 millions de dollars à Maurice, pourquoi pas ? C’est son affaire avec lui.

— Mais le gouvernement indien ne fait pas cadeau de cette somme au gouvernement mauricien ! Il lui a seulement accordé une ligne de crédit.

— Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?

— Que c’est un prêt qu’il faudra rembourser avec des intérêts.

— Et qui va rembourser cette ligne de crédit ?

— Les Mauriciens qui payent les taxes directes et indirectes. C’est-à-dire toi, moi, nous tous !

— Mon grand-père avait raison.

— Qu’est-ce qu’il disait comme ça, ton grand-père ?

— Que at the end of the day c’est le contribuable qui finit toujours par payer pour les décisions des politiciens.

J.-C.A.

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