Perplexe !

Une troublante et sombre affaire secoue le sport mauricien depuis une semaine. Le Comité olympique mauricien (COM) a porté plainte à la police, par l’entremise de son trésorier, Hedley Han, concernant ce qu’il considère comme un « détournement de fonds ». Une fédération est pointée du doigt, sauf que pour l’heure, son nom est tenu secret. Il faudra donc attendre que la police convoque un représentant de cette fédération pour en savoir plus, a laissé entendre Hedley Han. A Week-End, mercredi matin, il s’en est abstenu, avance-t-il, sur conseil de l’homme de loi du COM.

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Cette affaire, si elle est confirmée, est très grave, d’autant qu’elle touche directement aux principes de bonne gouvernance. À celui ou ceux qui ont fauté, au cas où les faits reprochés sont avérés, d’en assumer pleinement les conséquences. Car du côté du COM, on ne semble pas prêt à lâcher l’affaire aussi facilement. Tant mieux. D’autant que, selon Hedley Han, « nous ne serions pas allés de l’avant avec cette affaire si nous n’avions pas suffisamment d’arguments pour le faire. »

Le trésorier du COM n’en dira pas plus. On ne s’attendait d’ailleurs pas à ce qu’il vide son sac et ce, pour des raisons évidentes. Aussi, peut-il aller à l’encontre de ce qui ressemble à une décision de son comité, présidé par Philippe Hao Thyn Voon ? Sauf que la manière de communiquer du COM est inquiétante. Et il ne faut surtout pas s’en étonner. D’un côté, on donne allègrement des informations et de l’autre, on estime ne pouvoir le faire vu que l’affaire se trouve entre les mains de la police !

Pour l’heure donc, on ne dispose pas d’éléments supplémentaires. Le trésorier du COM se contentant uniquement de nous dire, à une de nos questions sur les chiffres avancées jusqu’à présent, que les informations déjà publiées dans un journal « sont vraies ».
En somme, il faudra attendre que la police convoque la fédération concernée pour être mieux informé. Une demande d’explication qui devrait vraisemblablement intervenir après la fin du confinement. Entre-temps toutefois, on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur cette affaire qui, à plus d’un titre, comporte certains éléments troublants.
Car à bien comprendre, des « maldonnes » ont été notés par le COM, selon les dires même d’Hedley Han à Week-End. Selon les informations publiées, ils concernent le soutien financier accordé à une fédération qui préparait les Jeux du Commonwealth, tenus en avril 2018, à Gold Coast en Australie. Ces mêmes Jeux au cours desquels l’ancien secrétaire général du COM, Kaysee Teeroovengadum, avait fait l’objet d’une allégation d’attouchement sexuel sur une athlète mauricienne. Il est d’ailleurs, toujours poursuivi par la justice de ce pays. Une affaire qui, précisons-le aussi, avait été banalisé par nul autre que le président du COM lors d’une conférence de presse à son retour à Maurice.

Décidément donc, ces Jeux du Commonwealth semblent porter la poisse au sport mauricien. Étrange toutefois, que cette affaire de
« détournement de fonds » alléguée soit révélée trois ans après ! Pourquoi maintenant et pas avant ? Ce qui est sûr, c’est que le « timing » adopté par le COM interpelle. Car, venir dénoncer une sombre affaire trois ans après, voire même si c’était deux ans après, a de quoi laisser perplexe. D’où la question : ces informations contestées n’étaient-elles pas vérifiables avant ?

Étrange aussi que cette déposition à la police intervienne quelques temps après la levée de boucliers contre le COM et son président surtout. C’était lors de l’assemblée générale annuelle, tenue le 3 septembre 2020 à Trianon ! Des amendements avaient alors été apportés aux statuts de l’organisme et seul le président de l’Association mauricienne d’Athlétisme, Vivian Gungaram, s’était élevé contre la démarche, forçant ainsi le Comité international olympique à réagir et à rétablir certains faits ! Lui qui, précisons-le aussi, est un des principaux animateurs du groupe de réflexion sur l’assainissement du sport, dont l’objectif annoncé est de mettre de l’ordre au sein du COM.

Ainsi, la démarche de solliciter la police pour une affaire qui remonte à trois ans ne peut que nous interpeller dans ces conditions précises. Un move qui intervient aussi à quelques mois seulement des prochaines élections du COM. Y a-t-il donc un lien visant à barrer la route à un éventuel challenger de Philippe Hao Thyn Voon à la présidence ?
Ce sont autant de questions qui demeurent pour l’heure sans réponse, faute d’informations émanant du COM. Laissons donc le soin à la police de mener son enquête sur une affaire qui pourrait prendre des proportions encore plus importantes lors des semaines à venir. Donc, à tous ceux concernés d’assumer leurs responsabilités, d’autant que les sanctions risquent d’être très sévères. Mais au cas où il s’agirait d’une manœuvre purement électorale, ce serait alors vraiment dommage, qu’on en soit arrivé là.

Jean-Michel Chelvan

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