ENJEU — PLAN DE RELANCE POST-COVID-19 : Injection de Rs 9 milliards pour contrer le spectre du chômage

Allocations de Rs 10 200 par mois à 9 000 sans-emploi de différents secteurs pendant six mois à partir de novembre

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Employment Support Scheme pour les PME en faveur de 11 000 employés avec un encadrement financier mensuel de Rs 10 200 par tête
Recrutement par Landscope (Mtius) Ltd de quelque 2 000 personnes en chômage technique pour la National Clean-Up Campaign

Air Freight Scheme en deux volets avec capacité accrue pour le Cargo Service d’Air Mauritius et Refund de 60% au lieu de 40% aux exportateurs sous le Trade and Marketing Scheme (TPMS) jusqu’au 31 décembre

L’évolution du taux de chômage à partir du début de l’année prochaine préoccupe davantage, même si à ce stade, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, se fait fort de déclarer que ses prévisions de 100 000 chômeurs ne se sont pas encore matérialisées. Toutefois, en ce dernier trimestre de l’année, les projections économiques établies à Maurice ou à l’international, notamment au niveau du Fonds monétaire international (FMI), indiquent que l’année prochaine, l’économie ne sera encore qu’à 92% de la performance réalisée en 2019 et que le tourisme, un des plus importants pourvoyeurs d’emplois, quelque 100 000 directs ou indirects, est également annoncé à l’arrêt en 2021. Constat et conclusions du MCBGroup sous la plume de son Chief Strategy Officer, Gilbert Gnany, dans la dernière édition de MCB Focus. Même du côté du ministère des Finances, l’on concède que « the situation has evolved (since the last budget speech) and has become more challenging. »

Avec cette absence quasi totale de visibilité sur le front économique, découlant de la deuxième vague de COVID-19 déferlant chez les principaux partenaires internationaux sur le plan des échanges biens et services, notamment en Europe, et l’échéance de l’embargo contre tout licenciement arrivant à terme le 31 décembre, l’Hôtel du gouvernement veut souscrire une police d’assurance contre des risques de dérapage du taux officiel de chômage. Le Grand Argentier a obtenu l’aval du Conseil des ministres, lors des dernières délibérations de vendredi, pour un package avec pour objectif de contrer tout gonflement du nombre de chômeurs dans les registres du ministère de l’Emploi. À ce titre, Renganaden Padayachy devra procéder à une réallocation de fonds du budget 2020-21 de l’ordre de Rs 9 milliards pour doper le Plan de Relance de l’Investissement et de l’Économie en marge des premiers déboursements envisagés de Rs 1 milliard, Rs 3,1 milliards et de Rs 4,6 milliards en faveur des Big Boys de l’hôtellerie à partir du War Chest de Mauritius Investment Corporation Ltd (MICL) de plus de Rs 80 milliards.

Une contraction record du taux de croissance de 32,5% au cours du deuxième trimestre après une décélération de 2,6% pour la période de janvier à mars, soit une moyenne de 8,7% pour les premiers six mois et des prévisions d’une récession frisant la barre des 15%, soit les 14,2% du FMI, à la fin de l’année, font craindre le pire au tableau du chômage. À ce jour, la fièvre des licenciements, en dépit de graves problèmes auxquels sont confrontées les entreprises, a été contrôlée par les regulations émises par le ministère du Travail interdisant toute compression du personnel jusqu’à la fin de l’année. Néanmoins, l’incertitude plane pour l’ensemble de 2021.

Dans le secteur du tourisme, tout semble indiquer qu’en dépit du tam-tam Joomaye avec la plateforme de réservations, les green shoots de la résilience de cette filière économique ne sont pas encore visibles et que le gouvernement pourrait être forcé de reconduire sectoriellement le Wage Assistance Scheme pour encore six mois, soit jusqu’à la fin de juin. En complément avec l’objectif d’éviter une explosion sociale, le gouvernement mise sur une série de mesures avec une injection de Rs 9 milliards pour contrarier principalement le spectre du chômage. Cette réallocation des fonds budgétaires se fera en deux étapes :
d’abord, Rs 6 milliards des fonds non-utliisés de Rs 8,9 milliards prévus dans le budget de développement sous le Public Sector Investment Programme, dont le COVID-19 Projects Development Fund avec un replenishment de ce dernier fonds de Rs 6 milliards dans le prochain budget et Rs 3 milliards de underspending sous le Wage Assistance Scheme dans le budget.

Une des raisons avancées officiellement pour justifier cette démarche est « if these Rs 9 billion lie idle during the current fiscal year, the contraction in the GDP could be more severe than initially projected and there would be more unemployment. » Dans cette perspective, le ministère des Finances préconise le « fast tracking » de projets de développement jusqu’au 30 juin prochain, avec accent sur une labour intensive approach pour maximiser l’impact sur la croissance et sur la protection des emplois.
À partir du 1er novembre et jusqu’au 30 juin de l’année prochaine, cinq initiatives seront financées en vue de limiter la progression du nombre de chômeurs vers la barre des 20%, soit engageant quelque 23 000 personnes. Ainsi, le Human Resource Development Council (HHRDC) est appelé à accroître the National Training and Reskiiling Intake de quelque 9 000 sans-emploi dans les créneaux de la construction, de la manufacture, de la logistique, de l’ICT-BPO, de l’agro-industrie, de l’énergie renouvelable et de l’économie circulaire. Les bénéficiaires se verront payer des allocations mensuelles de Rs 10 200 sur une période de formation s’échelonnant sur six mois.
L’Employment Support Scheme pour les petites et moyennes entreprises et les microentreprises devra aider à maintenir en activité économique quelque 11 000 personnes, mais à condition que « the entity has not laid off any employee since September 2020. » L’allocation versée sous l’égide du ministère de tutelle sera de
Rs 10 200 par mois.

La Nationwide Clean-Up Campaign sous la responsabilité de Maurifacilities Management Co. Ltd, une filiale de Landscope (Mauritius) Ltd, engagera quelque 2 000 personnes en chômage technique. Un millier de membres de la communauté de pêcheurs seront recrutés par le Mauritius Oceanography Institute et l’Albion Fisheries Research Centre pour des travaux relatifs à la culture de coraux, à la réhabilitation des récifs et d’élevage de poisson. De leur côté, les planteurs de thé, notamment ceux du tea-belt du Sud, affectés par le lockdown avec la pandémie de COVID-19, obtiendront un one-off grant de Rs 8 000 par hectare.

L’Air Freight Scheme, incorporé dans le Plan de Relance de l’Économie, comprend deux volets, soit un encadrement à la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, actuellement sous administration volontaire et un soutien au secteur des exportations. Le maintien des opérations cargo d’Air Mauritius reste à l’ordre du jour avec un quatrième vol hebdomadaire sur Paris avec un fret total d’une centaine de tonnes par semaine contre 65 tonnes actuellement avec les trois rotations assurées par la compagnie aérienne nationale.

Mise à exécution du business plan
La possibilité d’une cinquième desserte pourrait être envisagée sur une base ad hoc dépendant du volume existant avec un préavis de sept jours pour permettre les arrangements aéroportuaires préalables. Air Mauritius étudie actuellement la possibilité de reprendre une desserte hebdomadaire sur Madagascar sur une base d’essai, alors que des ad hoc flights à destination de Shanghai sont également dans le collimateur.
Vu que les cargo revenues ne couvriront en aucune manière les frais d’opérations de ces dessertes, le gouvernement a pris l’engagement d’assurer tout manque à gagner entre les recettes générées par ces opérations cargo et le break-even operating cost avec un mark-up pour Air Mauritius. Cette formule compensatoire sera en vigueur jusqu’au 31 décembre, car du point de vue de la Mauritius Export Association (MEXA) « there is only visibilty for the short term, that is, up to December 2020. » Entre-temps, l’Hôtel du gouvernement s’attend à voir la mise à exécution du business plan élaboré par les administrateurs nommés d’Air Mauritius, Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool.

L’autre pendant de l’Air Freight Scheme prendra la forme d’une augmentation de 40% à 60% du remboursement aux exportateurs sous le Trade Promotion and Marketing Scheme (TPMS) sur le fret aérien. Cette formule a été retenue pour contourner les risques de réprimandes de la part de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour pratiques discriminatoires dans le domaine de l’aviation civile. Avec une moyenne de 800 tonnes de fret jusqu’à la fin de cette année, rebate de 60% sur les exportations équivaudra à Rs 45 millions de soutien aux exportateurs au cours des deux prochains mois.
Par ailleurs, l’Economic Recovery Plan Post — COVID-19 revu et corrigé engagera une enveloppe de Rs 6 milliards pour des travaux de développements dans six filières comme suit :

Infrastructure : Rs 4,1 milliards, dont Rs 800 millions aux Administrations régionales et la NDU pour des projets communautaires, dont foires et infrastructures de loisirs et de sport, et également Rs 650 millions pour la construction de drains, Rs 600 millions à la Road Development Authority pour la réhabilitation des routes principales, Rs 500 millions à Metro-Express Limited pour des ancillary works, Rs 200 millions à la Banque de Développement, Rs 100 millions à l’Éducation, à la Santé, à l’Infrastructure nationale pour un New Look Mauritius et à la police respectivement et Rs 50 millions pour Agalega.
u Énergie renouvelable : Rs 650 millions, dont Rs 350 millions pour le développement de Solar PV sur le toit d’immeubles publics et Rs 300 millions pur le Solar Water Heater Scheme.

Eau : Rs 400 millions à la Central Water Authority

Environnement : Rs 400 millions, soit Rs 100 millions pour la réhabilitation des plages et autres sites d’intérêt public ; Rs 100 millions pour les villes et villages, Rs 100 millions pour le compte de la Wastewater Management Authority et Rs 50 millions pour la Tourism Authority.

Services publics : Rs 280 millions, dont Rs 150 millions pour l’acquisition d’équipements high-tech à la Santé, Rs 100 millions pour les nouveaux véhicules de collecte de déchets et Rs 30 millions pour le projet de i-Council.

Production alimentaire : Rs 170 millions avec Rs 140 millions pour le sheltered farming et Rs 30 millions dans le secteur de l’irrigation.

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