Exportations : 4 années de décroissance sur 5

  • Le déficit commercial pour les sept premiers mois se monte déjà à Rs 65,3 milliards
  • Le No Deal Brexit de Boris Johnson et la guerre commerciale impliquant les États-Unis, la Chine et l’Union européenne constituent un cocktail économique toxique

Les dernières prévisions de Statistics Mauritius sur la performance des Export Oriented Enterprises laissent voir qu’au cours de ces cinq dernières années, soit de 2015 à 20129, quatre se sont soldées par une décroissance. Cette année encore, il faudra s’attendre à un même scénario, même si le taux est donné comme inférieur aux -4,5% de l’année dernière. D’autre part, pour la période de janvier à juillet de cette année, le déficit de la balance commerciale s’est élevé à Rs 65,3 milliards. D’autre part, dans une communication officielle au Secretary for Foreign Affairs à Port-Louis, la mission mauricienne à Paris fait état d’un cocktail toxique pour l’économie, soit le No-Deal Brexit annoncé de Boris Johnson et la guerre commerciale impliquant les États-Unis, la République populaire de Chine et l’Union européenne. Ces conclusions sont basées sur le dernier forecast de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) avec une récession en Grande-Bretagne, un des partenaires majeurs de Maurice, l’année prochaine.

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Se basant sur les neuf premiers mois de cette année, Statistics Mauritius annonce que le secteur des Export Oriented Enterprises pourra difficilement échapper à une croissance négative en 2019. Les prévisions sont que la performance de ce pilier économique sera en déclin de 1% contre une contraction de 4,5% l’année dernière. Toutefois, ce qui semble davantage être plus préoccupant est que, depuis 2015, les Export Oriented Entreprises n’ont pu redresser la barre avec quatre années de décroissance. Même 2017, la seule année où les exportations n’ont pas été dans le rouge, le taux de croissance n’avait été que de 0,3%, soit bien loin des 6% de 2010 et de 2011, avant de tomber à 1,4% en 2012.

Ainsi, à la fin de 2019, les recettes d’exportations devraient s’afficher nettement sous la barre des Rs 45 milliards et depuis 2010, à aucun moment la valeur des exportations n’a été en mesure de dépasser la barre des Rs 50 milliards. Depuis 2014, avec une pointe de Rs 49,1 milliards, les recettes d’exportations ont dégringolé pour évoluer autour des Rs 43 milliards au cours de ces deux dernières années.

Le déclin dans les Export Oriented Enterprises ne concerne pas que les recettes d’exportations. Au tableau des emplois, la situation est encore plus catastrophique, avec une perte d’un peu moins de 10 000 emplois depuis 2010, soit de 55 826 à 46 548 à juin dernier, soit 25 335 Mauriciens et 21 213 travailleurs étrangers.

La dernière analyse de Statistics Mauritius avance que de juin 2018 à juin 2019, le nombre d’emplois dans ce secteur a régressé de 3 659, soit de 7,3%. « Job losses occurred mainly in enterprises engaged in the manufacture of Wearing Apparel with a decrease of 3 870 jobs. On the other hand, jobs were created mainly in Textile Yarn and Fabrics with an increase of 172 jobs ».

Avec une telle performance d’un des principaux secteurs à l’exportation, la répercussion se transcrit au niveau de la balance commerciale, devant résulter en un nouveau record, s’approchant des Rs 125 milliards, soit une moyenne de Rs 10 milliards par mois. Les derniers chiffres disponibles pour les sept mois indiquent que le déficit des échanges se monte à Rs 65,3 milliards, le plus mauvais mois à ce stade étant juillet, avec un trou de plus de Rs 10 milliards.

Note of Caution

À l’horizon, très peu de signaux positifs allant dans le sens d’un redressement de la situation sont perceptibles. Au contraire, l’ambassade mauricienne à Paris se permet de transmettre une Note of Caution sur le plan économique avec en toile de fond les récentes analyses de l’OCDE sur l’économie mondiale. Les risques potentiels d’un No Deal Brexit au 31 octobre se présente sous forme d’une Grande-Bretagne en récession l’année prochaine avec le taux de change de la livre par rapport à la roupie susceptible d’évoluer sous la barre des Rs 40.

Mais dans ce cas de figure, ce ne sera pas seulement le marché d’exportations, que représente la Grande-Bretagne, qui sera affecté.  « And the hypothesis of a Brexit without agreement could drive the United Kingdom in recession with repercussions on the whole of the European continent », affirme la communication diplomatique.

Toutefois, il n’y a pas que le No-Deal Brexit qui reste préoccupant. Les séquelles de la guerre commerciale avec en première ligne les États-Unis, la République populaire de Chine et l’Union européenne sont également annoncées comme catastrophiques, d’autant que l’OCDE brandit le spectre de la crise financière ayant ébranlé le monde en 2008. « The global economy will record its worst performance since the 2008 financial crisis. This slowdown would affect both rich and emerging countries », avertit l’OCDE.

En conclusion, de gros nuages à l’horizon de la petite économie de l’île Maurice

Global Business Sector : L’UE enlève Maurice de la Grey List des Tax Havens

Le Mauritius International Financial Centre, qui a subi une série de revers sur le front international avec l’étiquette de tax haven, pourrait souffler à l’approche de la fin de l’année. L’Union européenne s’apprête à enlever le nom de Maurice de la grey list des paradis fiscaux dans le sillage des Panama Papers et autres LuxLeaks. C’est ce qu’annonce l’Agence France de Bruxelles en fin de semaine.

La grey list de l’Union européenne en décembre 2017 est actuellement en voie d’être amendée en vue d’enlever les juridictions comme Maurice, la Suisse, l’Albanie, Costa Rica et la Serbie. Mais pour que cette décision soit entérinée formellement, les ministres des Finances des 28 États membres de l’Union européenne, qui se réuniront jeudi au Luxembourg, doivent donner leur accord unanime.

Pour justifier cette démarche, Bruxelles affirme avoir été convaincu par les mesures prises par ces différents pays et que « the necessary reforms have been adopted and published in the (EU) Official Journal and therefore it must be removed from the list ». De leur côté, les Émirats arabes unis et les Marshall Islands ne devront plus faire partie de la liste noire de l’Union européenne. Par contre, neuf autres pays considérés comme « uncooperative », American Samoa, Belize, Fiji, Guam, Oman, Samoa, Trinidad & Tobago, the United States Virgin Islands et Vanuatu, sont maintenus sur la liste de l’Union européenne.

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