Face à la multiplication des cas et des décès relatifs à la Covid-19 : La prise en charge en quarantaine mise en cause

– Le manque de rigueur dans l’exercice de Contact Tracing est déploré

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En sus des nombreux décès enregistrés, dont principalement auprès des patients fragiles, les derniers cas locaux recensés interpellent, notamment le cas d’une patiente de l’unité de radiothérapie de l’hôpital Victoria habitant Roche Bois et testée positive lors d’un prélèvement de routine en amont de son traitement, et celui d’une patiente dialysée testée positive trois jours après son retour à la maison après 21 jours passés en quarantaine à l’hôtel Tamassa. Ces cas suscitent des interrogations, notamment en ce qu’il s’agit du protocole de prise en charge des autorités sanitaires, non seulement dans le cadre de l’exercice de contact tracing, mais aussi de suivi des patients en quarantaine.

Plusieurs personnes qui sont passées par la quarantaine pointent ainsi du doigt le protocole et dénoncent les nombreux manquements. Parmi elles, Nawshad Deljor, habitant de Forest-Side, qui a passé 32 jours en quarantaine, alors qu’il n’était pas positif à la Covid-19. Dénonçant des méthodes « amateurs », il revient sur les conditions qui ont, selon lui, provoqué plus de dégâts qu’il n’en fallait, dont le décès de plusieurs victimes de la Covid. Il n’aime pas qu’on dise qu’il est de ceux qui viennent du cluster de Forest-Side. Car pour Nawshad Deljor, « il n’y a pas de cluster de Forest-Side, ou de cluster Gungah, ou qatam, comme les autorités ont pris l’habitude de le dire depuis le 9 mars. »

Pour cause, dit-il, trois jours avant que n’ait lieu la cérémonie de prière chez la famille Unjore à Forest-Side chez sa belle-mère, son neveu, un étudiant du Curepipe College, s’était rendu à la Mediclinic de Floréal, car il faisait déjà de la fièvre. Or, à ce moment-là, il y avait déjà des cas locaux de Covid-19 recensés dans la communauté, notamment auprès des employés de la compagnie Surat. Mais le personnel de santé a renvoyé l’étudiant chez lui avec du paracétamol et sans faire de test PCR. « Dès cet instant, il y a eu une faille dans le système. Si on avait fait un test PCR, on aurait tout de suite détecté ce cas et notre famille n’aurait pas organisé cette cérémonie religieuse », dit le quinquagénaire.

32 jours en quarantaine

Revenant sur la mise en quarantaine des proches de la famille Unjore qui avaient assisté au qatam le 7 mars et parmi lesquels plusieurs cas ont été enregistrés, Nawshad Deljor explique que pour sa part, « c’est moi qui ait appelé le 8924 pour dire que j’étais présent avec les membres de ma famille à cette cérémonie religieuse. » Pour faciliter la tâche des autorités, la famille a soumis une liste de 250 personnes qui avaient assisté au qatam. Si ses fils et lui ainsi que sa femme ont été conduits au centre de quarantaine de l’hôtel Lagoon Attitude à Anse La Raie, tel n’a pas été le cas pour d’autres invités qui avaient également assisté à cette cérémonie.

« Au moins 50 dimounn parmi nou pas finn ramassé. J’ai moi-même contacté les autorités pour les prévenir que certaines personnes attendaient toujours pour être mises en quarantaine, mais si les autorités ont contacté quelques-unes, plusieurs ont attendu en vain. D’ailleurs, la preuve, c’est cluster de La Caverne, avec M. Lalloo, qui figurait sur notre liste, mais n’a pas été contact-traced par le ministère de la Santé », explique Nawshad Deljor. Et d’ajouter que pour d’autres familles, si les autorités ont appelé pour informer qu’elles devaient se rendre en quarantaine, par la suite, ces familles n’ont eu aucune nouvelle et ne sont jamais parties en quarantaine. D’où les autres cas qui ont pu être enregistrés localement, comme cela a été le cas avec le cluster de La Caverne, estime le Curepipien.

Des cas positifs et négatifs dans la même ambulance

Revenant sur sa propre expérience, Nawshad Deljor déplore qu’aucune explication, quant aux dispositions du Quarantaine Act, n’est fournie à ceux qui sont placés en quarantaine. D’où son séjour de 32 jours en quarantaine alors qu’il était négatif à la Covid-19. En effet, si au deuxième jour de la quarantaine à l’hôtel Lagoon Attitude ses deux fils testés positifs sont transférés à l’hôpital ENT, puis à l’hôtel Tarisa transformé en centre de traitement, le 12 mars, c’est sa femme et son autre fils qui sont testés positifs à la Covid 19 qui sont également transférés à l’hôtel Tarisa. Mais alors que lui n’est pas positif, Nawshad Delhor est tout de même transféré à l’hôtel avec sa famille. Cela, sans qu’il ne soit prévenu que sa quarantaine serait prolongée de 14 jours. Outre le manque d’information, le Curepipien déplore que lors de son transfert de l’hôtel Lagoon Attitude vers le Tarisa Resort, il a été placé avec d’autres patients, eux positifs, dans la même ambulance. « C’est peut-être le fait d’avoir fait le vaccin qui m’a protégé contre le virus. Mais c’est une chance, car les autorités auraient dû savoir pour ne pas mélanger les patients positifs avec ceux qui sont négatifs », dit-il.

Et de poursuivre qu’au quatorzième jour de sa quarantaine, alors qu’il pensait pouvoir rentrer chez lui, un médecin l’a appelé pour lui demander de signer un document dans lequel il dit consentir à rester avec ses proches pour encore 14 jours. Alors qu’il objecte, le médecin le prévient que dans ce cas, il devra poursuivre sa quarantaine prolongé au centre de détention de Vacoas. « J’ai été contraint d’accepter, car déjà à l’hôtel la quarantaine est éprouvante, alors je pouvais imaginer le stress que ce serait dans un centre de détention. Je n’avais pas le choix », explique Nawshad Deljore, faisant état du stress engendré part toute cette situation. « Par manque de communication, je n’ai pas été mis au courant que si je demeurais avec ma famille, on prolongerait ma quarantaine. Soit. J’ai du ainsi passer 32 jours enfermé, et paralysé psychologiquement et financièrement, car pendant tout ce temps, je n’ai pu travailler », dit-il.

Les antécédents médicaux

pas pris en compte

Ajouté à cela, il déplore les conditions dans lesquelles se déroule la quarantaine, notamment en ce qu’il s’agit de l’alimentation. « Les patients sont livrés à eux-mêmes et il n’y a aucune communication. Pendant toute la durée de la quarantaine, mis à part la prise de température et les tests PCR, personne ne se soucie de l’état de santé de ceux qui sont là. Pour les repas, c’est pareil, personne ne se soucie de savoir si untel peut manger ou pas ce qu’on lui sert. Il n’y a aucun questionnaire qui retrace les antécédents médicaux de ceux qui sont placés en quarantaine. Et la froideur des médecins est encore plus choquante », dit Nawshad Deljor. C’est ainsi qu’à sa connaissance, il y aurait plusieurs personnes qui, en bonne santé avant leur quarantaine, ont développé des pathologies chroniques, comme le diabète, à leur sortie. « Heureusement que ces personnes n’en sont pas mortes. Mais je conseillerai à tous ceux qui ont été placés en quarantaine de faire une analyse sanguine complète pour détecter d’éventuelles maladies contractées durant leur séjour », dit le quinquagénaire.

HT

Décès d’Imran Gungah, patient cancéreux, à l’hôpital Victoria

« Si ti donn li so tretman, kitfwa ti pou

evit enn dram », estiment ses proches

Atteint d’un cancer depuis quelque temps déjà, Imran Gungah, 51 ans, suivait un traitement à l’hôpital pour lutter contre sa maladie. Mais testé positif avec plusieurs membres de sa famille qui avait assisté au qatam organisé chez lui le 7 mars, il a été placé comme les autres en quarantaine à l’hôtel Lagoon Attitude, puis transféré à l’hôpital ENT, où il a passé une vingtaine de jours. Cependant, après deux tests PCR négatifs, Imran Gungah a été autorisé à rentrer chez lui. Mais en raison de son cancer, il a plutôt regagné l’hôpital Candos pour bénéficier de son traitement. S’il est impératif pour toute personne qui effectue une quarantaine de s’auto-isoler pendant sept jours encore après sa sortie, la famille d’Imran Gungah déplore que le quinquagénaire, pourtant un patient fragile, ainsi qu’un autre patient également en quarantaine à l’hôpital ENT ont été admis dans une salle commune à l’hôpital Victoria. Salle qui a dû être transformée en salle de quarantaine après qu’un patient y a été testé positif. Le quinquagénaire a ainsi dû rester 14 jours encore en quarantaine, sans pouvoir bénéficier de son traitement contre le cancer, dont la chimiothérapie. Pour ses proches, « si ti donn li so tretman, kitfwa ti pou evit enn dram. » Car même si Imran Gungah était malade, « il a manqué ses soins », ce qui a pu provoquer son décès, disent-ils, s’insurgeant que pendant près de deux mois, le quinquagénaire n’a pas reçu de traitement contre le cancer en raison d’un manque d’organisation des autorités sanitaires. À ce stade, la famille tente de faire son deuil avant de décider de la marche à suivre quant au blâme contre les services hospitaliers.

 

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