Gâteau Marie

— Alors, qu’est-ce que tu as décidé pour cette année : tu vas faire toi-même ou tu vas acheter tout fait ?

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— Je ne vois vraiment pas de quoi tu es en train de parler.

— Mais du gâteau Marie, toi. Tu as oublié que lundi c’est la Vierge ?

— Franchement te dire, j’avais complètement oublié. On fait encore cette fête-là ?

— Mais enfin toi, c’est une tradition et c’est congé public. Il faut voir le nombre de recettes de gâteau Marie sur internet.

— À ce point-là ?

— Certains supermarchés ont déjà commencé à installer des rayons gâteau Marie en bleu et blanc.

— C’est vrai que c’était une grande fête autrefois. Il y avait même des marchands qui vendaient des gâteaux dans la rue.

— Tu te rappelles, j’avais une vieille tante qui détestait cette fête.

— Tu veux parler de X, celle qui avait faisait des remarques à tout le monde qu’on appelait mamzel konn tou ?

— Elle-même. Elle critiquait tout du matin jusqu’au soir. Nous, derrière son dos, on l’appelait « lipou enceinte ! »

— Vrai même ? Pas chic, toi ! Pourquoi elle n’aimait pas la fête de la Vierge ?

— Tout le monde connaissait son mauvais caractère. Une fois, en sortant de la messe, quand elle est passée devant un marchand de gâteau Marie, tu sais ce qu’il a crié en la regardant ?

— Non. Qu’est-ce que le marchand a crié comme ça ?

— Tu sais comment ils sont mal élévés ces gens-là ! Il a hurlé devant tout le monde en regardant ma tante : « Seki pa finn resi gagn enn mari aste enn gato Marie an konsolasion ! »

— Après un commentaire pareil, je comprends qu’elle soit devenue allergique au gâteau Marie.

— Je connais au moins deux autres personnes qui doivent être allergiques au gâteau Marie.

— De quelles personnes est-ce que tu es en train de parler ?

— Mais enfin toi, tu as oublié le scandale des députées gâteau Marie ?!

— Le scandale des députées gâteau Marie… Je savais qu’il y avait des députés « tap latab », mais des députés gâteau Marie… Franchement te dire, ça ne me dit rien. Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Il y a quelque temps, deux députées du gouvernement ont fait faire des gâteaux Marie pour partager avec leur mandants.

— Ah bon ? Je ne savais pas que les députés faisaient des affaires comme ça, moi.

— Mais d’où tu sors, toi ? Certains députés donnent beaucoup de cadeaux pour que leurs mandants continuent à voter pour eux. Ce sont les petits cadeaux qui sont destinés à les faire rester populaires.

— Et les électeurs acceptent ça ? C’est pas une espèce de bribe électoral ça ?

— Je ne sais pas si c’est un bribe électoral, mais en tout cas, les électeurs adorent ces petits cadeaux et en redemandent.

— Mais si tout le monde a l’habitude de faire ça, pourquoi tu dis qu’il y a eu un scandale pour les gâteaux Marie la dernière fois ?

— Parce que ces deux députées du gouvernement ont fait mettre leur nom à côté de Marie sur leur gâteau.

— Comme si dirait elles étaient elles-mêmes la Vierge ?!

— Tu as tout compris. Les photos des gâteaux avec les noms des députées ont été publiées. Les gens ont été scandalisés et ont dénoncé tout ça sur internet. On a même parlé de sacrilège.

— Et alors, qu’est-ce qui s’est passé ?

— Un mon père est même intervenu pour dénoncer l’utilisation d’une fête religieuse pour faire de la politique.

— Qu’est-ce que les députées en question ont fait, elles ?

— Elles ont bourré en désordre, la queue entre les jambes comme on dit vulgairement. Une a déclaré que c’est son pâtissier qui avait décidé d’écrire son nom sur le gâteau ! Personne ne l’a crue ! En tout cas, après ce scandale, je suis sûre que ces deux députées sont, comme ma vieille tante, devenues allergiques au gâteau Marie !

— Il y a de quoi, toi. Comme je ne suis pas sur internet, matin, midi et soir comme toi, je n’ai pas suivi cette affaire.

— Maintenant tu connais l’histoire. Mais tu ne m’as toujours pas dit si tu vas faire toi-même ou si tu vas acheter un gâteau pour lundi.

— Je n’avais pas pensé jusqu’à maintenant, je te dis. En tout cas, faire moi-même il n’en est pas question.

— Pourquoi ? Tu fais tellement bien les gâteaux !

— Quand tu ajoutes le prix de la farine, du sucre, du beurre et le courant pour le four, sans compter le temps que ça prend, ça ne vaut pas le coup.

— Ne me dis pas que tu ne pas avoir un gâteau Marie pour la Vierge ! Il faut respecter les traditions, toi.

— Ah, non je vais respecter la tradition, comme tu dis.

— Tu vas acheter un alors. Dépêche-toi, sinon tu risques de ne pas avoir.

— Je ne vais pas aller acheter un gâteau Marie.

— Mais comment tu vas faire alors ?

— Tu m’as donné une mari bonne idée en me racontant l’histoire des députées gâteau Marie.

— Ah bon ? Quelle idée ?

— Je vais demander à mon député de m’offrir un gâteau Marie pour la Vierge. Sans son nom sur le gâteau, bien sûr !

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