JEENARAIN SOOBAGRAH: «Un vote pour moi est un vote contre le système qu’on a mis en place depuis des années»

Est-ce que l’homme est devenu un anti-système? La question est posée car après l’entretien à bâtons rompus, Jeenarain Soobagrah se présente comme un candidat anti-système quitte à renier ceux qui lui ont ouvert les portes du board des commissaires  d’Administrateurs, connu depuis peu comme le board des Administrateurs du MTC. A l’heure du bilan de son année de présidence, Jeenarain Soobagrah n’hésite pas à parler de bilan positif, justement pour n’avoir pas évolué «pour un clan».
— Jeenarain Soobagrah , votre mandat d’Administrateur du MTC tire à sa fin et par la même occasion, votre mandat de président. A l’heure du bilan, vous direz quoi exactement à vos membres ce vendredi?
— Lorsque j’avais pris la présidence du Club l’année dernière, il était clair comme l’eau de roche que personne n’avait osé m’accorder la moindre chance de réussir. Pire…j’étais voué à l’échec car on disait que je n’avais ni l’étoffe, ni les compétences pour mener à bien la présidence du MTC. A cette époque, je n’ai pas voulu réagir outre-mesure, ni entrer dans des polémiques stériles. J’avais pris comme décision de concentrer mon énergie dans le travail, et je me suis investi à cent pour cent dans la mission que le board des Administrateurs du MTC m’avait confié. J’avais alors placé mon mandat sous le signe de l’intégrité et d’une politique de zéro tolérance. J’avais promis de refaire l’image du MTC en misant sur la discipline et la transparence à tous les niveaux.  J’avais également dit qu’il fallait rétablir la confiance pour que les turfistes reviennent au Champ de Mars. Par ailleurs, j’avais déclaré que je m’investirai personnellement pour que le MTC ait plus de considération des autorités gouvernementales tout en prenant l’engagement de redresser la situation financière du MTC.
A l’heure du bilan, je suis le premier à reconnaître que tout n’a pas été parfait et que dans différents secteurs, il y a eu des manquements. Mais honnêtement, je pense que dans la mesure du possible,  j’ai honoré mes promesses et que les membres du MTC peuvent, aujourd’hui  marcher la tête haute. Vendredi lors de mon rapport à l’assemblée générale, je donnerai plus de détails prouvant que j’ai réussi à remettre le MTC et l’industrie hippique sur les bons rails malgré les conditions et des conjonctures difficiles qui nous rongeaient à l’heure où j’avais pris la présidence.
— Vous êtes  de ce fait un président sortant satisfait ?
— Je constate que vous utilisez beaucoup le terme président sortant. Oui, je suis un président largement satisfait. Savez-vous pourquoi je suis un homme à la fois satisfait, heureux et fier?
— Oui, pourquoi Jeenarain Soobagrah?
— Comparé aux deux dernières années, nous avons réussi un exploit financier. Lorsque j’avais pris la barre, les conditions n’étaient nullement favorables. Le bilan financier était négatif et ce n’était un secret pour personne. L’opinion publique était contre les courses et surtout contre le MTC. La presse dans son ensemble nous critiquait tous les jours. Les sponsors prenaient leurs distances du MTC. Le gouvernement, que ce soit l’ancien ou le nouveau, nous avait déjà tourné le dos, à tel point que le MTC était devenu un sujet de brûlante actualité lors de la campagne électorale de 2014. Le rapport de la Commission d’Enquête était suspendu sur notre tête comme une épée de Damoclès. Je ne vous cacherai rien en vous disant que nous étions assis sur une chaise éjectable, pour ne pas dire un volcan.
Aujourd’hui, la situation est tout autre. Grâce à nos actions, la confiance est revenue, le public a été plus nombreux car nous avons enregistré une hausse de 38% au niveau de l’assistance par rapport à 2014. Le gouvernement a constaté les efforts entrepris, et aujourd’hui nous avons une oreille plus attentive et plus de considérations de la part de la GRA, qui a d’ailleurs déjà accordé 37 journées au MTC, soit deux de plus par rapport à l’an dernier. Les sponsors ont commencé à revenir. Nos chiffres d’affaires ont augmenté et contrairement à nos prévisions en début d’année (Rs 25 millions), nous présenterons un déficit de Rs 2,1 millions. C’est la raison pour laquelle, je me permets de parler d’exploit . Et croyez-moi, c’en est un !
— Mais vous avez été quand même très critiqué durant votre mandat ?
— Il faut savoir qui étaient mes détracteurs. Si j’ai été critiqué, ce que je représentais et je représente toujours l’opposant No 1 d’un système qu’on a voulu mettre en place et qui nous a conduits là où nous étions en 2015. Nous étions au bord du gouffre. Je peux vous assurez que sous ma présidence, il n’y a pas eu de passe-droit, de faveur, de complicité. Il n’y a pas eu  de politique de petits copains ou de deux poids, deux mesures pour la simple et bonne raison que mon agenda était ouvert. J’ai toujours dit ce que je pense même si je reconnais que parfois  je suis un peu trop direct dans ma façon de faire.  
— Jeenarain Soobagrah, quand vous parlez de système,  c’est un fait que vous avez vous-même  fait partie de ce système. D’abord au sein de l’équipe de Jean Michel Giraud et ensuite danscelle de Gilbert Merven…
— Oui je l’avoue. Mais laissez-moi aussi vous dire que cela m’a servi pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Aujourd’hui, je me rends compte qu’on n’a pas besoin de faire  partie d’un clan pour travailler dans l’intérêt du MTC et des courses. Puis, c’est un fait que quand vous faites partie d’un clan, vous avez trop de compte à rendre. Finalement, vous ne travaillez pas pour le MTC et dans l’intérêt des courses, mais dans celui de certains ‘lobbies’.
Venons-en à votre constat. Ces derniers temps, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes, et je dois dire que je n’ai droit qu’à des éloges et c’est tout à l’honneur du Club que je représente
— C’est pour cette raison que vous vous présentez seul pour demander le renouvellement de notre mandat au risque d’être évincé par le système?
— Oui, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de me présenter seul aux élections du MTC. C’est aux membres de me dire s’ils sont d’accord et surtout s’ils approuvent le travail accompli en 2015.
— Comment voyez-vous vos adversaires ?
— Il ne m’appartient  pas de juger mes adversaires, qui représentent deux clans. Ce sont les membres qui voteront, et ce sont donc eux, qui doivent juger les candidats de par leur compétence, leur expérience et ce qu’ils peuvent apporter au MTC et à l’industrie des courses. A ce niveau, moi personnellement, je n’ai aucun souci à me faire.
—  Pouvez-vous nous dire pourquoi les membres doivent voter pour vous ?
— Un vote pour moi est un vote contre le système qu’on a mis en place depuis des années, et pour lequel certains se battent corps et âme afin de pouvoir tout contrôler et régner. Un vote pour moi est justement un vote pour dire non à tout ce que nous avons renoncé durant la saison 2015 afin que nous puissions poursuivre le travail déjà commencé. Un vote pour moi, c’est un vote de respect pour ce sport que nous chérissons tous, et pour lequel nos ancêtres se sont battus. Finalement, un  vote pour moi, c’est nous donner la bénédiction de continuer le bon travail, entamé en 2015.
— Vous aviez dit que vous n’allez pas être président. Est-ce que cela est toujours d’actualité ou avez-vous changé d’avis ?
— Au fait, je ne voulais même pas être candidat. Toutefois, il y a eu un fort courant favorable à ma candidature, et je n’ai pu résister car ces personnes m’ont fait comprendre que notre Club a toujours besoin de moi parce qu’il reste encore du chemin à faire. Quant à la présidence, c’est la prérogative des Administrateurs. S’ils pensent que je dois céder ma place, je le ferai avec plaisir avec le sentiment d’avoir réussi mon mandat. S’ils pensent que je dois continuer, je le ferai avec la même énergie et la même détermination qu’en 2015.

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