La nouvelle alliance et les clowns

Ça y est ! Ils ont pris leur temps, mais il y sont enfin parvenus. Après beaucoup de longues négociations, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval ont enfin annoncé que l’accord de leurs partis pour aller ensemble aux prochaines élections générales a été conclu. Cela fait des mois et des mois que les leaders des trois partis se rencontraient de temps à autre pour discuter de cette alliance souhaitée par leurs partisans et une partie de la population qui en ont assez du MSM et de son « style » de gouvernement. Une manière de gouverner qui conduit de plus en plus à une division, à tous les points de vue, du pays et de ses habitants. Les tractations entre leaders ont pris tellement de temps que beaucoup avaient fini par conclure qu’elles n’aboutiraient jamais, ce qui offrirait un boulevard au MSM et ses alliés pour les prochaines élections. Ces négociations entre leaders ont tellement duré qu’elles étaient devenues l’arlésienne de la politique mauricienne – celle dont on annonce toujours la venue mais qui n’arrive jamais. Une alliance en gestation que ses adversaires, tout en disant ne lui accorder aucune importance, ont essayé de faire capoter en utilisant toutes les armes à leur disposition, y compris les achats de transfuges et les rumeurs de défections. Il semblerait que finalement, dans les partis de l’opposition parlementaire, la raison a fini par primer sur les egos et que la nécessité de faire un front commun et crédible contre le gouvernement et ses alliés aux prochaines élections ait fini par l’emporter. Il était grand temps !

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Jusqu’à maintenant, c’étaient seulement les leaders qui menaient les discussions, lors de rencontres en tête-à-tête se terminant par une déclaration affirmant que « les choses sont en train d’avancer. »

Depuis mercredi dernier, il semblerait qu’effectivement les négociations soient passées à une vitesse supérieure, puisque chaque leader était accompagné d’une équipe. Il a été annoncé que des comités seront nommés pour travailler sur divers aspects de cette alliance. Dont le programme commun, qui sera proposé aux électeurs, contiendra toutes les mesures devant mener à la rupture d’avec les méthodes de gouvernement du passé. Il est évident que l’électeur échaudé par les pratiques du passé ne se contentera pas d’un catalogue de promesses mais demandera, exigera de vraies propositions, pas uniquement des slogans qui sonnent bien. Même si l’alliance a été officiellement annoncée, il est évident que des « macadams » – que l’on appelle maintenant des «  ajustements » – subsistent et devront être réglés dans les meilleurs délais. Comme la question du nombre d’investitures par parti qui pose toujours problème. Selon certaines indications, le PTr se taillerait la part du lion – 35 tickets, en laissant le MMM et le PMSD se partager les 25 restants. Même si le leader du PTr déclare qu’il n’est pas question de révéler le détail des investitures, pour ne pas faire le jeu des adversaires de l’alliance nouvellement concrétisée, il est évident que plus vite l’annonce sera faite, mieux l’alliance se portera. Et surtout, elle se débarrassera de ceux qui, n’étant pas satisfaits, feront du chantage avant d’aller grossir les rangs de l’adversaire, aux bras déjà grands ouverts.
En fin de compte, il ne suffit pas d’annoncer la conclusion tant attendue de l’alliance PTr/MMM/PMSD. Il faut maintenant prouver qu’elle n’est pas qu’un regroupement de partis de l’opposition unis pour aller remplacer le gouvernement en place et bénéficier de tout ce qu’on lui a reproché. Il n’est pas question de tirer Pravind pour mette Navin à sa place, mais de travailler sur un programme qui refera de Maurice un pays où tous ses habitants ont droit au même traitement de l’État. Qu’ils soient partisans ou adversaires politiques du gouvernement, comme dans toute démocratie qui se respecte. C’est en tout cas le souhait d’une majorité de Mauriciens.
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Le ministre des Sports, tout d’orange vêtu, a déclaré avec force dans l’hémicycle que « Le Parlement n’est pas un cirque. » Juste avant d’admettre que comme le député rouge Osman Mohamed l’avait dit, il est « un clown et fier de l’avoir été ». Déclaration qui a suscité les applaudissements de ses collègues ministres et députés orange. Y compris les nouveaux convertis du MSM. Quelques minutes plus tard, le député rouge sera suspendu par le Speaker pour deux séances pour avoir traité le ministre des Sports de… clown. Espérons qu’après les prochaines élections, le Parlement cessera d’être un cirque avec des ministres se félicitant d’être des clowns !

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